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Claude Legault: «Cerebrum», la maladie mentale selon Trump et la télé à l’ère du numérique

«C’est la faute à des débiles comme lui si on déforme ce qu’est la maladie mentale...»
Radio-Canada

Il tient la vedette du suspense psychologique Cerebrum, entamera cet automne le tournage du film Les oiseaux ivres, produit par Kim McCraw, reprendra sa place dans l’équipe du Bye Bye en novembre prochain, et planche à un projet d’écriture de série dramatique avec son vieil ami Pierre-Yves Bernard : Claude Legault a bel et bien retrouvé cette flamme du jeu qui l’animait. Le Huffpost Québec s’est entretenu avec celui qui a su garder sa place de choix dans le cœur des téléspectateurs québécois.

Cerebrum, bien écrit, bien ficelé

Du propre aveu de l’acteur, c’est avec ses participations à des projets stimulants comme Fugueuse et Appelle-moi si tu meurs que la flamme du métier - dont la lueur légèrement affaiblie lui avait demandé un moment de repos il y a quelques années – s’est faite bien lumineuse à nouveau.

Puis, avec Cerebrum, où l’acteur explique avoir eu l’impression de jouer dans «quelque chose de gros et de solide». «J’aime ça avoir de la viande et des défis quand on m’offre quelque chose, explique-t-il en riant. Avec Cerebrum, j’ai été bien servi, car du travail, il y en avait beaucoup.»

Offerte en intégralité sur ICI Tou.tv Extra, Cerebrum a pu compter sur l’abandon et le talent du grand Claude Legault pour plusieurs raisons. La plus significative étant l’envie de l’acteur de travailler avec l’auteur et le réalisateur Richard Blaimert depuis un bon moment, puis le texte, évidemment, l’histoire et les défis venant avec son rôle de médecin psychiatre entraîné dans une vilaine spirale.

«Le défi, c’est d’avoir l’air vrai, c’est tout le temps ça, dit-il. De bien habiter le personnage et d’avoir l’air d’un vrai psychiatre, même si c’est toujours un peu romancé, car on fait de la fiction et non du documentaire.»

En passant plusieurs heures avec la médecin psychiatre Marie-Ève Cotton dans son bureau de Louis-Hippolyte Lafontaine, le comédien a pu poser toutes ses questions et visiter l’urgence de l’institut psychiatrique.

Radio-Canada

«Après ça, je me suis beaucoup fié au texte, explique-t-il. J’ai travaillé à partir du texte et j’ai refait des recherches sur chacune des pathologies retrouvées dans la série. Je téléphonais à Richard lorsque je n’étais pas certain, car lui avait déjà fait une très grande recherche. J’allais aussi voir tous les mots qui étaient compliqués, car il y en a quand même beaucoup en psychiatrie et je devais avoir l’air de les avoir prononcés souvent.»

Si le thème de la maladie mentale n’était pas un pré requis pour qu’il accepte de faire partie de cette histoire qu’il trouvait intéressante dès le départ, Claude Legault affirme toutefois que le fait que celle-ci «trempait dans cet univers représentait pour lui un plus».

«C’est difficile de parler de la maladie mentale, car c’est quelque chose qui fait peur au monde, dit-il. Tout le monde a peur de cela, mais mettre cela dans une série policière rend le tout accessible et va démystifier certaines choses. Les malades mentaux, ça peut être ta sœur, ton frère, ta mère, ton chum, ça peut être nous-mêmes. Il ne faut pas penser que c’est quelque chose qui ne nous touche pas de près ou de loin: c’est vraiment autour de nous.»

«Les malades mentaux ne sont pas des monstres, contrairement à ce que pouvait dire Donald Trump dernièrement, lui qui, au lieu d’accuser l’industrie de l’armement, accuse les malades mentaux… C’est la faute à des débiles comme lui si on déforme ce qu’est la maladie mentale. Dans la série, on a un œil plus juste par rapport à ça, Richard a vraiment fait ses recherches. C’est plus réaliste.»

Cette série «bien faite, qui ne ressemble pas trop à ce qu’on voit d’habitude» se conclut par une finale imprévisible bouclant la boucle de la quinzaine de pistes ouvertes au fil des épisodes. «C’est bien écrit, c’est bien ficelé», ajoute celui qui a aimé partager l’écran avec la talentueuse Christine Beaulieu.

Le plateau de Cerebrum lui a aussi permis de retrouver Ludivine Reding, avec qui il partageait l’écran dans la série phénomène Fugueuse. Au sujet de la deuxième saison à venir, l’acteur avoue ne rien savoir et n’avoir encore reçu aucun texte.

«Je n’ai aucune idée de ce qui arrive, confie-t-il. Je sais que le tournage commence dans deux semaines, mais je ne sais pas du tout dans quelle direction ça s’en va. Ce sera assurément intéressant de savoir où cette fille sera rendue dans la vie.»

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La télé conventionnelle, la nouvelle télé et leurs contraintes

Après avoir été la tête d’affiche de deux séries présentées sur des plateformes numériques comme Club illico et Tou.tv Extra, Claude Legault parle de cette nouvelle façon de consommer de la télé.

«Cela fait déjà longtemps que ça existe chez les Américains, on en consomme d’ailleurs pas mal avec Netflix et tout ça. Je pense qu’au Québec les gens commencent à en consommer de cette façon, mais tout en restant attaché à la télé traditionnelle. Je ne sais pas où ça s’en va, mais il est clair qu’on est dans un changement.»

Du point de vue du tournage, il affirme que cette nouvelle «contrainte» leur demande parfois de tourner de façon plus concentrée. Il aborde aussi le sujet du temps de tournage déjà réduit à la télé conventionnelle.

«À la télé déjà, on avait de moins en moins de temps pour tourner. On n’a pas beaucoup plus de temps ici. Les budgets ont beaucoup été coupés dans les dernières années. Faire de la télé reste plus difficile qu’avant, mais c’est encore faisable. Un moment donné, par contre, il va falloir arrêter de trop couper, car on va juste faire des téléromans dans des décors, on ne pourra pas faire grand-chose d’autre. Autant la télé se développe aux États-Unis, en Europe et dans les pays scandinaves, autant ici on coupe.»

«On a coupé beaucoup, même si on fait encore de la télé de très bonne qualité, poursuit-il. Je pense qu’il va falloir trouver une façon de financer ça pour ne pas arriver à un point de non-retour où on ne pourrait plus faire de bonne télé, ce qui n’est heureusement pas encore le cas. J’ai une petite crainte, c’est quelque chose qui m’inquiète. C’est sûr qu’il y a des séries et des films qu’on ne peut pas faire au Québec, car on n’a pas les sous, et c’est dommage.»

L’acteur sourit lorsqu’on mentionne Hollywood et la carrière qu’il aurait pu y avoir. «J’aurais d’abord dû travailler mon anglais quand j’étais jeune, répond-il. Et puis, je n’ai jamais vraiment été «wanna-be Hollywood». J’aurais aimé par contre qu’on ait ici les budgets qu’ils ont là-bas, à notre échelle bien sûr, afin de pouvoir faire des trucs historiques ou à grand déploiement… Mais il reste qu’il y a de la bonne télé, de bons films et du beau talent au Québec.»

Les 10 épisodes de la série Cerebrum sont disponibles dès maintenant sur ICI Tou.tv Extra.

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