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Cégeps, diplômes «alternatifs» ou l'acharnement pédagogique?

Dans les cégeps, l'aide aux élèves en difficultés, dont le nombre explose, constitue-t-elle un accommodement raisonnable ou de l'acharnement pédagogique?
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Dans les cégeps, l'aide aux élèves en difficultés, dont le nombre explose, constitue-t-elle un accommodement raisonnable ou de l'acharnement pédagogique? Avec la récente dénonciation du responsable de l'Éducation dans l'opposition officielle, Alexandre Cloutier, le débat fait rage.

La valeur des diplômes de nos jeunes au Québec mérite une réflexion éthique. Le diplôme d'un étudiant qui a obtenu son DEC en deux années, en ne coulant jamais un cours, sans aucune aide extérieure possède-t-il la même valeur que celui d'un étudiant qui a reçu toute sorte d'aide? Pourquoi ne pas inscrire sur le diplôme DEC en Sciences humaines avec aide particulière ou DEC alternatif?

De plus en plus de jeunes en situation de handicap, ESH, TDAH, EHDAA, etc. accèdent au cégep et à l'université. Plusieurs mesures sont mises de l'avant pour les aider. Je propose des éléments de réflexion pour comprendre ce nouveau phénomène.

Ce qui importe dans ce débat, c'est la volonté des cégeps d'aller chercher plus de subventions, en identifiant toute une panoplie de problèmes. Bientôt, on verra apparaitre un Centre d'aide à la déradicalisation au Cégep de Gaspé! Des chercheurs trouveront certainement des jeunes radicalisés sur place. Et surtout, ne demandez pas quelle est l'efficacité de ces programmes. Faire un bilan, rendre des comptes n'est pas dans la culture d'entreprise des cégeps.

J'affirme, à partir de mon expérience d'enseignant, que les cégeps n'ont pas besoin de ces centres d'aide de toute sorte, comme le SAIDE. Ils constituent une dépense inutile, mais il faut reconnaitre qu'ils créent de l'emploi chez les spécialistes qui gravitent autour du monde de l'enseignement, tels des rémoras.

Ce qui est le plus regrettable dans la création de tous ces Centres d'aide, c'est qu'ils ne donnent pas au jeune une idée juste de ses forces et faiblesse. Mieux vaut un bon DEP en pâtisserie. Avec des notes qui avoisinent le 90% dans un domaine que l'on aime, qu'un DEC en Sciences humaines Profil individu ou un Bac en Histoire, avec une moyenne de 60%, pour plaire à ses parents et grands-parents qui ont investi des REER épargne études depuis leur naissance.

J'ai enseigné la philosophie au Cégep de St-Jérôme, de 1973 à 2009, à 160 étudiants environ par session. À partir de 1998, des étudiants ont commencé à venir me voir après le premier cours pour me remettre une lettre certifiant qu'ils étaient victimes d'un problème comme la dyslexie, la dysorthographie, etc. Un professionnel du cégep, attitré à un poste nouvellement créé, exigeait de leurs professeurs que les examens lui soient remis quelques jours à l'avance pour qu'il puisse organiser, dans un local particulier, le passage de cette épreuve. Certains étudiants avaient droit à une période de plus que les trois périodes réglementaires, d'autres à l'utilisation d'un ordinateur pour écrire les réponses, d'autres à des services spéciaux, etc.

Vous pouvez imaginer qu'après la lecture du syllabus du cours, qui exigeait la lecture de trois livres de philosophes et non l'utilisation de manuels, trop simples, que la panique s'installait, surtout chez les étudiants qui avaient des difficultés.

Vous pouvez imaginer qu'après la lecture du syllabus du cours, qui exigeait la lecture de trois livres de philosophes et non l'utilisation de manuels, trop simples, que la panique s'installait, surtout chez les étudiants qui avaient des difficultés.

Je les rassurais en leur disant que depuis plus de 30 ans, la moyenne de chacun de mes cours oscillait toujours autour de 72%. Je leur disais qu'il était presque impossible à un étudiant qui assiste à chaque cours, effectue chaque travail, rédige chaque dissertation, etc. de couler. Ma bonhommie, ma carrure, le fait que j'étais plusieurs fois grand-père, avais travaillé dans un Centre jeunesse, avait été animateur scout et habitait un village rapproché facilitait les choses.

J'invitais à passer à mon bureau les deux ou trois étudiants qui venaient me voir après le cours avec leur document officiel pour bénéficier d'accommodements raisonnables. Je leur faisais une offre avantageuse: on ne tient pas compte de ton problème, tu fais comme tous les autres étudiants la dissertation en classe et si, par malheur, tu coules, je la corrigerai avec toi le lendemain en t'expliquant toute la matière et tu pourras la réécrire chez toi pour obtenir, si tout est bien fait, la note de passage.

Contrairement aux recommandations de la ''Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, mes ESH n'avaient pas plus de temps pour faire leur examen ni accès à un local spécial ou à un ordinateur, etc. Et cela ne coutait rien au cégep...

Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, aucun de mes étudiants avec des besoins spéciaux n'a coulé un de mes cours. Au début, j'étais moi-même surpris. Évidemment, le spécialiste engagé par le cégep pour s'occuper de ces étudiants et les surveillants de locaux, n'appréciaient pas ma méthode. Les administrateurs voyant la possibilité de subventions spéciales pour élèves handicapés, le beurre sur leurs toasts s'envoler me suggéraient de changer mon enseignement.

Cet accommodement s'ajoutait à un autre, mon offre à tous de me présenter leur dissertation trois jours avant l'examen pour une précorrection. Devinez qui utilisait cet avantage, mes étudiants les plus faibles? Non! Les meilleures et ceux qui étaient le plus à leur affaire, surtout deux ou trois filles sur 160 étudiants!

Finalement, j'ai constaté sur le terrain que ces jeunes avaient besoin d'être appuyés et encadrés pour réussir minimalement. Un professeur de cégep disponible pouvait les aider à réussir, tout simplement, sans accommodements particuliers. Les exigences doivent être claires et les jeunes qui sont fondamentalement bons, s'adaptent.

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