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CÉGEP, CPE, Santé et aide médicale à mourir: tout le monde embarque

Pourrait-on au moins se demander si tout est fait pour augmenter la qualité de vie de nos aînés AVANT de leur proposer le suicide?
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C'est en 1834 que fut instaurée la fête nationale des Québécois: la Saint-Jean-Baptiste. La représentation qu'on y joignit fut celle d'un Saint-Jean-Baptiste enfant blond et bouclé qui tenait en laisse un mouton. Puis à l'arrivée des années 1960 avec ce qu'il est convenu d'appeler la Révolution tranquille, cette image d'un peuple de mouton dirigé par son église trouvait moins de preneurs. Il y eut bien cette tentative en 1990, de remplacer le symbole par un énorme mouton noir (une espèce de mouton de Troie) tiré par 24 enfants issus de nationalités diverses qui ne fit pas long feu. Le terme «mouton» associé au peuple québécois signifiait, hier comme aujourd'hui, un peuple de suiveux.

Le mouton

Malheureusement, plusieurs exemples tant dans le domaine de la santé que dans celui de l'éducation appuient ce qualificatif fort peu élogieux. Commençons par l'éducation. Au milieu des années 1960, l'ancien cours classique fut carrément aboli et remplacé par une réorganisation avec un cours primaire (6 ans), un secondaire (5 ans) et un CÉGEP (général, 2 ans, professionnel 3 ans). Dans la foulée des changements d'alors, personne ne se questionna sur la légitimité de ces Cégeps dont seul le Québec peut s'enorgueillir sur toute la planète. Et depuis plus d'un demi-siècle, certains osent encore lever le doigt de temps à autre pour s'interroger sur la pertinence de ces structures. Mais, ils sont vite engloutis par le troupeau qui ne revient jamais sur ses changements, fussent-ils onéreux ou superflus.

Plus tard, ce fut l'entrée des garderies publiques, nos fameux CPE, dont personne au monde n'a imité le modèle. Tout comme pour le secteur éducatif, la vague a tout emporté, y compris, peut-être, le sens critique. Réussissant à placer les parents en deuxième place en laissant le soin d'éduquer leurs enfants par des spécialistes (éducateurs spécialisés), personne n'osait même lever la main pour s'interroger sur l'avenir de nos enfants ainsi déracinés de leurs milieux familiaux. Pourtant divers signaux d'alarme retentissaient. Ainsi dès 2006, une vaste étude appuyée par l'Institut CD Howe de Toronto portant sur 33 000 enfants âgés de 0 et 4 ans durant une période de 8 ans (1994-2002) fut assez révélatrice à ce sujet. D'abord, l'étude fournit des données statistiques intéressantes: en 2005, 51,4% des enfants fréquentaient un service de garde au Québec. Cette proportion baisse à 16,9% dans le reste du Canada. Ici, 20,9% des mères travaillent à l'extérieur du foyer, contre 8,9% dans les autres provinces. Devant le peu d'intérêt accordé à nos enfants québécois, nous ne sommes pas trop surpris d'apprendre que l'indice d'anxiété de ces enfants de 2 et 4 ans se situe à 34,0 tandis que chez nos voisins canadiens il n'est que de 11,8. Là où nous excellons, pour ainsi dire, est dans le niveau d'agressivité de ces mêmes enfants ; 24,2 au Québec, 1,4 dans le reste du Canada. Si cela ne change pas, nous obtiendrons la palme toute catégorie pour former les enfants les plus enragés de la planète.

Nous détenons déjà fièrement celle du taux de suicide le plus élevé. Oups! Y aurait-il un lien? L'étude ne le dit pas.

Peut-on y voir aussi une raison pour laquelle nous détenons le record canadien de TDAH et de consommation de Ritalin ou encore pourquoi nos taux de décrochage scolaires sont toujours si élevés?

En santé

Encore ici, avons-nous monté sur la vague sans jamais trop nous questionner? Aurait-on pu regarder ailleurs ce qui se faisait? Pourrait-on encore s'inspirer de modèles où les systèmes de santé fonctionnent, où les patients ont accès à leur médecin lorsqu'ils en ont besoin et non lorsque le docteur est libre, où on ne passe pas 12 à 16 heures en salle d'attente? Pourrait-on espérer que, comme patient, nous prenions une part active à la réforme de notre système de santé? Mais, aujourd'hui, comme hier, nous suivons tels des moutons le bon vouloir de nos gouvernants et de notre état providence qui sait mieux faire que quiconque sans consulter celles et ceux qui reçoivent les soins. En passant, en santé aussi nous disposons au Québec d'une structure unique non seulement au Canada, mais qui ne se voit dans aucune autre partie du globe: les CLSC, un endroit où si vous avez la chance d'être malade entre 9h00 et 16h00 du lundi au vendredi, vous allez peut-être pouvoir voir un médecin.

Prévue initialement pour combler les besoins exceptionnels de quelques dizaines de personnes chaque année, voilà qu'à sa première année d'opération, elle a été utilisée par près de 300 personnes.

Dernière vague en ligne: l'aide médicale à mourir. Prévue initialement pour combler les besoins exceptionnels de quelques dizaines de personnes chaque année, voilà qu'à sa première année d'opération, elle a été utilisée par près de 300 personnes. Dans un texte de Davide Gentile, on peut lire: «Entre le 10 juin et le 10 décembre 2016, 468 personnes ont formulé des demandes d'aide médicale à mourir. Il s'agit d'une augmentation de 85% si on compare avec le nombre de demandes faites au cours des six premiers mois d'entrée en vigueur de la loi. Et durant cette même période, 295 personnes ont pu recevoir l'aide médicale à mourir, ce qui constitue une hausse de 78% par rapport aux six mois précédents.»

Encore ici, on embarque sur cette vague comme s'il s'agissait de la panacée. Pourrait-on au moins se demander si tout est fait pour augmenter la qualité de vie de nos aînés AVANT de leur proposer le suicide? Mais encore ici, l'euthanasie est dans le vent, qui pourra la freiner? Car personne n'osera proposer de l'arrêter surtout depuis qu'on lui a trouvé un nouveau nom: aide médicale à mourir. Et au royaume des moutons, il suffit souvent de trouver le mot qui plait pour que tout le troupeau suive. Que l'on ne prenne surtout pas peur, je ne suggère pas ici d'abolir l'aide médicale à mourir. J'aimerais simplement explorer d'autres pistes pour éviter qu'elle ne devienne la voie royale pour quitter ce monde. Si tel devenait le cas, les dérapages seraient nombreux et... irréparables.

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