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Caroline Côté: dépasser ses limites, caméra à la main

Dans son tout premier livre, la cinéaste d'aventure nous raconte les dessous de ses périples marquants des dernières années.

Parcourir la péninsule Antarctique, une des dernières régions inexplorées de la Terre, traverser le fleuve Yukon de Whitehorse à la mer de Béring en canot, courir un ultramarathon dans l’extrême-nord du Québec: Caroline Côté carbure aux expéditions surhumaines avec des coéquipiers de tous horizons.

L’aventurière ne se contente pas d’assurer sa survie lors de ses périples...elle les documente, caméra à la main. Celle qui réalise des films présente cette fois son premier livre, Dépasser ses limites. Elle y propose des récits d’aventures où elle partage les apprentissages, réflexions et rencontres marquantes qui ont marqué son parcours jusqu’à présent dans six grandes expéditions.

La cinéaste d'aventure Caroline Côté
Courtoisie/Caroline Côté
La cinéaste d'aventure Caroline Côté

Caroline est cinéaste d’aventure. Mais ça a pris un moment avant qu’elle l’assume.

«Au début, j’étais vraiment timide de dire que je faisais ce métier-là, raconte-t-elle de sa voix calme et posée. J’ai inventé le terme “cinéaste d’aventure” parce que ça n’existait pas vraiment, et je sentais que je n’allais pas percer si je ne le disais pas clairement», poursuit Caroline, qui s’est cherché des modèles de femmes dans le domaine quand elle a commencé, sans succès.

Pendant ses études en cinéma, la jeune femme s’est dit que son rêve de devenir réalisatrice n’était pas très accessible. Elle avait alors abandonné l’idée d’en faire une carrière.

Caroline s’est finalement retrouvée à faire du 9 à 5 en publicité. Puis, est venu un jour où il est devenu clair que son travail n’était plus en concordance avec ses aspirations, lors de cette période de sa vie qu’elle qualifie comme celle où elle a été le plus anxieuse.

“Je me voyais avoir une vie de connexion avec l’environnement”

- Caroline Côté

«J’étais en train de créer de la publicité pour encourager les gens à aller à l’extérieur pour vivre leur aventure et moi, j’étais à l’intérieur. Je vendais du rêve aux gens et moi, je ne vivais pas le rêve.»

Pendant cette période de remise en question, l’envie de faire des films a refait surface. «C’est revenu par hasard. J’étais en train de filmer des gens sur une montagne et le désir m’est revenu.»

Caroline se décide finalement, elle se lance dans le vide dans l’espoir de pouvoir vivre de sa passion.

«Je me voyais avoir une vie de connexion avec l’environnement et ne pas avoir d’attache à un endroit en particulier, mais plutôt m’attacher aux gens que je rencontre sur ma route.»

Faire sa place

L’exploratrice n’a pas été prise au sérieux dès le début. «Les gens pensaient que j’avais besoin d’une pause et que j’allais revenir pour faire un métier plus normal», se souvient-elle en riant. Ses proches étaient surtout bien inquiets des risques inhérents aux aventures dans lesquelles Caroline voulait se lancer.

Avant sa première expédition d’envergure, au champ de glace de Columbia dans les Rocheuses canadiennes, Caroline a fait ses devoirs. Elle a redoublé d’efforts et s’est imposé une formation intensive pour pouvoir accompagner ses équipiers: secourisme en région éloignée, camping d’hiver, orientation sur GPS et boussole...en plus de tout l’entraînement physique nécessaire.

Et parce qu’elle est une femme, il lui est arrivé de devoir insister pour convaincre les autres qu’elle serait capable de suivre le groupe.

«En expé, la personne qui fait la caméra doit tirer presque le double du poids. J’ai souvent été obligée de devoir affirmer que je pouvais le faire et que j’étais la bonne personne pour ça», se désole Caroline, qui rappelle que dans ce genre d’excursion, il n’y a pas que la force physique qui compte; le mental et le désir de vaincre sont aussi essentiels.

Caroline Côté lors de l'expédition ÉlectrON
Caroline Côté
Caroline Côté lors de l'expédition ÉlectrON

Dépasser ses limites a pris tout son sens quand Caroline s’est lancée dans l’expédition ÉlectrON en 2018.

C’est à travers cette aventure qu’elle s’est fait connaître du grand public. Hydro-Québec l’avait mise au défi de suivre le trajet de l’électricité, de Natashquan à Montréal.

L’aventurière avait beau avoir affronté les éléments un peu partout au pays et dans le monde au cours des dernières années, ce défi en territoire québécois n’était pas anodin. Caroline devait parcourir les 2000 kilomètres en raquettes, à la marche et à la course, en ski...et en solo.

«J’étais vraiment, à quelques moments, désespérée d’être seule face à ce qui m’arrivait, se souvient-elle. Ne pas pouvoir partager ce qu’on vit avec quelqu’un, c’est spécial.»

«Jamais je n’aurais cru me faire ramasser par les éléments comme ça au Québec! C’est un territoire tellement vaste sur lequel on habite. J’étais isolée pendant des jours et des jours.»

Caroline en est ressortie plus forte. «J’ai l’impression d’avoir grandi et d’en avoir appris tellement plus sur moi. Être seul avec soi-même, on ne fait plus ce genre d’expérience-là, on n’a plus le temps. Je le recommande tellement.»

L'équipe du Sea & Ice Project en Antarctique
Caroline Côté
L'équipe du Sea & Ice Project en Antarctique

Lorsque Caroline relève ces défis extrêmes, sa motivation première, ce n’est pas de pouvoir faire un crochet sur une bucket list. Ce qui lui importe, ce sont les rencontres qui ponctuent ses voyages et les messages portés par ces personnes qui croisent son chemin.

Dans l’expédition L’attrait du Nord, l’intention était de découvrir la réalité et les préoccupations environnementales des peuples autochtones vivant aux abords du fleuve Yukon. Pour Qamaniq dans le nord du Québec, Caroline voulait mettre en lumière la culture inuite.

«J’ai une tâche à accomplir, c’est de livrer les messages de quelques personnes qui souhaitent que des changements environnementaux, sociaux ou culturels puissent s’effectuer.»

C’est aussi ce qui l’anime pour sa prochaine aventure dès juin: deux mois et demi sur le Hielo Continental, un glacier en Patagonie, avec l’explorateur du National Geographic Vincent Colliard.

Pour la suite, tout est possible. «Ce seront les gens qui vont marquer mon chemin qui vont déterminer mes prochaines expéditions. Ce n’est pas l’envie de me dire “Ok, je vais monter la plus haute montagne”, mais plutôt “Je suis complètement allumée par le parcours de cette personne-là, je vais faire tout mon possible pour aller à sa rencontre et livrer son témoignage.”»

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