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À force d’être négligé par nos gouvernements, le réseau de la santé est tombé malade.
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Il n'y a pas de pancarte « À vendre » devant les hôpitaux. Aucun agent d'immeuble n'a été mandaté pour trouver des acheteurs pour les CHSLD ou les CLSC. Aucun encanteur ne vend notre système de santé à la criée au plus offrant.

C'est plus subtil que cela, évidemment, mais la privatisation de notre précieux réseau de la santé est bel et bien en marche et elle gagne sans cesse du terrain. À force d'être négligé par nos gouvernements, le réseau de la santé est tombé malade. Il souffre d'une infection vicieuse: la privatisationnite.

Je vous écris (eh oui, encore aujourd'hui!) de mon centre de réadaptation, à Verdun, où je suis maintenant depuis près d'un mois. C'est long, un mois. Je l'ai dit et je le répète: je suis très bien traitée par des professionnels attentionnés, mais j'ai quand même bien hâte d'obtenir mon congé pour me rapprocher de chez moi. J'avais bon espoir de sortir aujourd'hui même (vendredi), mais je suis en quelque sorte coincée ici puisque j'ai besoin de traitement de physiothérapie cinq jours par semaine et on ne pourrait m'offrir, au mieux, que deux jours dans mon quartier. Autrement dit, je suis prisonnière d'un système absurde, qui doit composer au jour le jour avec un manque criant de ressources.

Pourquoi suis-je à Verdun, moi qui habite le Centre-Sud, vous demandez-vous peut-être? C'est simple (et à la fois absurde): on dirige les patients vers la première ressource disponible sur le territoire des CIUSSS, sans tenir compte du lieu de résidence de ceux-ci. Le hic, c'est que « mon » CIUSSS, celui du Centre-sud de Montréal, s'étend sur 46 km2, soit de Rosemont jusqu'à Verdun. J'ai atterri à Verdun, où je suis encore, un mois plus tard, faute de soins adéquats dans mon voisinage. C'est bête de même! Et je n'ose même pas imaginer ce que vivent les patients en région...

Seulement voilà, je refuse de participer à la privatisationnnite rampante, malgré que tout dans ce système nous pousse vers le privé.

Il y a bien sûr une solution à mon problème: me diriger vers le privé, me faire rembourser en partie par mes assurances et payer de ma poche la portion non couverte. Seulement voilà, je refuse de participer à la privatisationnnite rampante, malgré que tout dans ce système nous pousse vers le privé.

Vous me connaissez: j'ai des principes et la tête dure! Je ne suis pas la seule, d'ailleurs. Ma première voisine de chambre, une dame anglophone âgée, venant visiblement d'un milieu aisé, m'a expliqué qu'elle refusait aussi de recourir au privé parce que, m'a-t-elle dit, «j'ai payé toute ma vie pour un réseau de santé public et maintenant que j'en ai besoin, je vais l'utiliser».

Tout le monde n'a pas cette abnégation et cette patience. Le gouvernement le sait très bien et en coupant encore davantage dans les ressources, le ministre Barrette n'a fait qu'aggraver la situation. Résultat: les patients qui font le choix du public sont perdants et le personnel est de plus en plus épuisé et frustré. Les seules gagnantes d'un tel système sont les compagnies d'assurance et les cliniques privées.

Il est grand temps de redonner aux CLSC les moyens de s'occuper de leur population locale 24/7 (ce qui est leur vocation première) et de guérir le système de sa privatisationnite. Voilà un des engagements forts de Québec solidaire pour redonner à la population son système de santé public.

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