CANNES 2018 - Après 11 jours de projections, de défilés sur le tapis rouge et de soirées mondaines jusqu'au bout de la nuit, le festival de cinéma le plus médiatisé au monde tire le rideau ce samedi 19 mai. À quelques heures de la clôture du Festival de Cannes, il est temps de faire le point sur la hotline anti-agression mise à la disposition des festivaliers.
En pleine tourmente depuis l'affaire Weinstein en octobre dernier, le monde du cinéma a choisi de faire la part belle à la lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles. Préférant prévenir que guérir, les organisateurs de la quinzaine cannoise ont donc mis en place, avec le soutien de la Secrétaire d'Etat chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa, un numéro spécial réservé aux victimes et témoins de violences sexistes ou sexuelles sur la Croisette: le 04.92.99.80.09.
Pas de "cas grave ou d'extrême urgence" lors du festival
Pour cette première expérience, le verdict semble plutôt bon, d'après la responsable de la plateforme contactée par Le HuffPost. "Nous sommes assez satisfaits de cet essai. L'initiative a été plutôt bien reçue par les participants et nous avons eu de nombreux appels, tous les jours", nous affirme-t-elle, sans pouvoir nous donner une estimation chiffrée.
Des appels de la part des festivaliers (les principales personnes visées par la hotline), mais aussi de personnes non accréditées, aux abords de l'événement. "Évidemment, ce n'est pas parce que ces personnes n'étaient pas invitées qu'on leur raccrochait au nez, nous les avons conseillées, aiguillées", tient à préciser notre interlocutrice.
Au cours du festival, le cas d'une jeune femme anglo-saxonne ayant porté plainte pour violences sexuelles (la plainte a finalement été classée sans suite) a été relayé par les médias, notamment grâce l'annonce de la Secrétaire d'État Marlène Schiappa. "Outre ce cas là, nous n'avons pas eu connaissance de situation grave ou d'extrême urgence", nous explique la responsable, précisant qu'"une fois que nous avons aiguillé et conseillé nos interlocuteurs, notamment vers la gendarmerie ou des services d'aides, nous n'avons pas forcément de visibilité sur la suite des événements. Nous somme juste là en tant que première aide, nous facilitons l'accès aux professionnels, à la police".
Un service d'"aiguillage", mais surtout d'écoute
Si la plateforme n'a pas eu vent de cas "très urgent", la responsable nous explique que de nombreux interlocuteurs composaient le numéro davantage dans l'espoir de se confier que pour dénoncer des faits. "Pour tout dire, cela a surtout été un travail d'écoute, nous avons souvent été confrontés à des personnes qui avaient besoin de parler, de se confier, qui ne voulaient pas forcément régler leurs problèmes au commissariat, mais qui voulaient en parler. C'était en grande majorité des femmes qui nous contactaient", précise-t-elle.
Pendant 11 jours, les intervenants proposaient notamment un "accompagnement au commissariat, à l'hôpital, mise en contact avec une association d'aide aux victimes", le tout en deux ou trois langues. "Ce numéro a notamment aidé les festivaliers étrangers qui avaient du mal à se repérer et qui ne connaissaient pas le système français en cas de problème", note notre interlocutrice.
Enfin, cette absence de cas "urgent" est "encourageante" pour les responsables de la plateforme qui estiment que cette initiative a également eu un effet dissuasif sur d'éventuels agresseurs: "Cela montre que les femmes ne sont plus seules et qu'elles ne sont plus livrées à elles-même. Il y a une prise de conscience".
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