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Cannabis: il ne faut pas penser que «possession» est synonyme de «consommation»

À l’aube de la légalisation du cannabis au Canada, la question de sa possession sur les campus collégiaux pose problème.
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À son dépôt, le paragraphe 7 de l'article 12 du projet de loi 157 prévoyait l'interdiction de la possession du cannabis dans les établissements d'enseignement primaire et secondaire, les centres de formation professionnelle ainsi que les services d'éducation préscolaire. Or, un amendement a été introduit à la demande des partis d'opposition afin d'inclure les cégeps à la liste des lieux où cela sera interdit.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et le Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ) s'y opposent vigoureusement. En ce sens, la FECQ et le CNJPQ demandent au gouvernement de retirer l'amendement et aux partis d'opposition de se joindre au souhait de la communauté étudiante collégiale. Selon nous, il est préférable d'interdire la consommation sur les campus et de miser sur l'éducation, la prévention et la sensibilisation. Nous devons éviter de retomber dans le piège de la prohibition, car elle n'a jamais fonctionné. Il ne faut pas penser que « possession » est synonyme de « consommation ».

Des amendes salées

Si l'amendement n'est pas retiré et que le projet de loi est adopté ainsi, un étudiant qui se fait prendre en infraction pourrait écoper d'une amende de 250 $ à 750 $ ou d'une autre conséquence. Cela représente de 2 à 5 fois la facture scolaire. L'interdiction vient donc contribuer à la précarisation financière de cet étudiant, alors que son seul « délit » est de posséder une substance légale.

La consommation de cannabis par un étudiant majeur est un choix libre et éclairé.

La consommation de cannabis par un étudiant majeur est un choix libre et éclairé. De la même façon qu'il peut voter, donner du sang ou encore souscrire à un emprunt. Si celui-ci décide de consommer et que le produit est légal, il aura nécessairement à en acheter et en posséder. Il n'est donc pas exceptionnel qu'un étudiant-consommateur se retrouve avec du cannabis sur lui dans un cégep, car cela peut être qu'un lieu intermédiaire entre la société de vente et sa résidence, par exemple. Il y a là une aberration de permettre à cette personne d'acheter du cannabis et d'en posséder à l'extérieur du cégep, mais non pas au cégep.

Disparités de traitement

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l'enseignement collégial appartient à l'ordre de l'enseignement supérieur au Québec tout comme l'enseignement universitaire. Nous prions les élus à ne pas créer des disparités de traitement entre les paliers d'enseignement, car elles sont synonymes de fracture dans cet écosystème. Un étudiant majeur se doit d'avoir les mêmes droits et libertés qu'il soit au cégep ou à l'université. Il est illogique de permettre la possession de cannabis à l'université, mais pas dans les institutions collégiales, sachant qu'une majorité de cégépiens sont majeurs et pourront posséder du cannabis lorsque ce sera légal.

Un étudiant majeur se doit d'avoir les mêmes droits et libertés qu'il soit au cégep ou à l'université.

Évidemment, il faut s'assurer que les personnes d'âge mineur ne soient pas en mesure d'acheter du cannabis et qu'ils n'en consomment pas, mais ce n'est pas en pénalisant tous les cégépiens de 18 ans ou plus qu'on y arrivera.

En somme, nous enjoignons les législateurs à faire marche arrière avec cet amendement et à ne pas restreindre la possession de cannabis sur les campus collégiaux. Travaillons plutôt en collégialité afin de développer une campagne de sensibilisation qui sera à l'image des jeunes que l'on tente malhabilement de protéger avec cet amendement.

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