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Diagnostic de cancer: être malade ou avoir une maladie?

Recevoir un diagnostic de cancer n'est généralement pas quelque chose d'évident et ce n'est certainement jamais un événement banal. Tout un lot d'émotions peut alors se lever en nous et autour de nous.
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La vie a des moyens bien à elle de nous montrer ce qui nous échappe, ce qu'on ne parvient pas à voir nous concernant ; ces aspects cachés, qui sont souvent si évidents dans le regard de nos proches et tellement insaisissables quand il s'agit de soi-même. L'annonce d'un diagnostic de cancer est un de ces moyens par lequel la vie nous détourne de notre engourdissement quotidien et nous réveille - parfois violemment - afin de nous permettre de mettre un peu de conscience là où il n'y en avait pas, ou du moins pas assez.

Beaucoup d'entre nous vivent ces réveils en serrant les dents, en étant frustrés, enragés, écœurés, blessés, chargés d'incompréhension, nous demandant : « Non, mais comment la vie peut-elle être aussi injuste ?! Comment se fait-il qu'une personne comme MOI se prenne un tel coup du destin ? » Recevoir ces coups du destin sans un travail d'introspection sur ce qui nous arrive peut faire de nous des victimes blessées et souffrantes. Cette façon de recevoir l'épreuve est similaire à celle du grand chêne résistant aux intempéries avec force et solidité et qui, lors d'un violent coup de vent, s'effondre, déraciné. Pas un instant l'idée de ployer sous le vent ne lui serait venue.

Recevoir un diagnostic de cancer n'est généralement pas quelque chose d'évident et ce n'est certainement jamais un événement banal. Tout un lot d'émotions peut alors se lever en nous et autour de nous. Les impacts de la nouvelle sont d'ailleurs aussi durs à recevoir pour nos proches que pour nous-mêmes et le fait d'être, malgré soi, cause de souffrance pour ceux qu'on aime n'est pas exempt d'affliction.

Malgré tout, le plus important reste de parvenir à être d'accord pour se laisser traverser par la nouvelle et par la palette d'états qu'elle engendre. En un instant, tout bascule. Plus rien n'est comme avant. La désinvolture confiante avec laquelle les instants s'écoulaient a disparu. Passé le coup de vent, une conscience différente et plus fine peut prendre place. S'offrent alors à nous deux possibilités : en profiter pour apprendre et comprendre ce qui nous arrive, ou nous apitoyer sur notre « mauvais sort » et laisser les peurs nous engouffrer. C'est qu'il est lourd le mot cancer ! Lourd de sens physiques, individuels, sociaux, familiaux, culturels, politiques même. Et le sens que nous accordons personnellement à ce mot devient soudain crucial. Il déterminera notre façon de faire face à la situation, aux multiples inconforts que causent les nombreux examens et traitements. Le cancer peut révéler le meilleur et le pire de nous-mêmes.

«Être» malade, c'est s'identifier à la maladie. Avoir une maladie, c'est reconnaître qu'une partie du corps ne va pas.

Quand une personne de notre entourage apprend notre diagnostic en s'écriant : « Pauvre toi, t'es malade ! » En nous, une voix peut dire: Non ! Je ne suis pas malade, j'ai une maladie. Ce n'est pas du tout la même chose. « Être » malade, c'est s'identifier à la maladie. Avoir une maladie, c'est reconnaître qu'une partie du corps ne va pas ou même que tout le corps est affecté. Mais ne sommes-nous que ce corps ? Cette différence de terminologie est très importante parce que c'est en elle que la relation à cette affection est contenue. Si je suis malade, je suis victime de ma maladie. Si j'ai une maladie, c'est moi qui tiens les rênes et qui suis - en partie du moins - responsable de ce qui m'arrive. Bien sûr, nous ne sommes pas coupables d'avoir développé un cancer ! Mais quand on y regarde de près, on peut souvent identifier les habitudes et les attitudes qui ont pu participer à nous rendre malades. Mais le plus important, c'est que dans cette disposition intérieure, on devient responsable de notre guérison. Et ça, c'est une bonne nouvelle !

Nous ne sommes plus passivement livrés aux médecins, à la merci de traitements qu'on ressent comme nous étant imposés. On lit, on s'intéresse à notre condition et aux différentes alternatives qui s'offrent à nous ; bref, on prend la part active qui nous incombe pour guérir.

Dans cette disposition, une fois le choc de la nouvelle digéré, on peut faire un examen de ce qui, en nous, a participé à ce que nos cellules se transforment. Est-ce une certaine négligence dans notre façon de nous alimenter ? Est-ce un style de vie trop stressant, des relations malsaines, un manque d'exercice ? Les cancers mettent 10 à 20 ans à se former dans l'organisme. Nous en sommes tous porteurs. Certains se déclencheront, d'autres pas. Mais quand c'est notre tour, il faut reconnaître qu'en ce cancer, une occasion unique nous est donnée de revoir nos habitudes, nos fonctionnements, nos relations, nos désirs, notre passé. Enfin tout ce qui a pu participer à faire en sorte que notre corps se tourne contre lui-même.

Cette occasion, soit on la saisit, soit on la laisse passer pour profiter des autres bénéfices qui viennent avec le fait d'être malade. Mais ça, ça sera pour un autre billet de blogue.

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