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Canal Capital, télévision plus humaine

Canal Capital est, en ce moment, un exemple de journalisme et de diversité d'opinions au sein de la télévision colombienne. Contrairement à ce que disent ses détracteurs, la programmation de cet espace compte plusieurs commentateurs issus de différentes idéologies et, pour la première fois dans notre histoire, c'est un lieu d'expression pour la diversité ethnique, les cultures urbaines et les minorités visibles du pays.
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Lorsque j'ai écrit le dernier billet au sujet de la situation à Bogotá, j'ai expliqué les persécutions politico-juridiques que le maire de Bogotá subit (persécutions qui ont escaladé jusqu'aux menaces de mort à l'égard de Gustavo Petro (le maire), le district capital et ses partisans), et j'ai aussi mentionné les différentes attaques adressées au poste public de la ville de Bogotá à travers les différents médias privés du pays, le Procurador ou inspecteur, ainsi que les menaces de bandes criminelles (BACRIM) dirigées envers leur équipe, qui sont négligées ou niées par certains collègues des chaînes privées.

Le harcèlement que Hollman Morris et son équipe de travail subissent depuis l'apparition de leur espace de télévision publique est très fréquent et préoccupant.

Mais que fait Canal Capital dans la vie de Bogotá et, même, dans la vie colombienne en général? Pourquoi cette chaîne est poursuivie par ses opposants ou par les mal nommés BACRIM? (Anciens paramilitaires qui continuent leurs activités et qui, dans plusieurs discours, sont sous-estimés, de façon intentionnelle, afin de réduire l'importance de leurs actions, réelles et terrorisantes).

La chaîne que Morris dirige depuis deux ans est, en ce moment, un exemple de journalisme et de diversité d'opinions au sein de la télévision colombienne. Contrairement à ce que disent ses détracteurs, la programmation de cet espace compte plusieurs commentateurs issus de différentes idéologies et, pour la première fois dans notre histoire, c'est un lieu d'expression pour la diversité ethnique, les cultures urbaines et les minorités visibles du pays.

Pour vous en nommer quelques-unes et donner quelques descriptions de celles ci, on a par exemple « El Sofa » qui est une émission qui vise à rendre visibles les communautés LGBTI et les luttes pour la défense des droits humains à travers le militantisme de ses membres.

On peut également parler de l'émission « Ni reinas, ni cenicientas » (Ni reines ni cendrillons) qui se concentre sur des débats sur les différentes formes d'être femme via une vision de genre.

L'émission appelée « Un cafe con fé » (Un café avec la foi) qui présente la diversité de cultes dans le pays et permet d'enrayer beaucoup de préjugés par rapport aux différentes religions et croyances présentes dans la société. Les enfants ont leur mot à dire dans « Te recreo », émission qui leur donne un espace d'action et d'expression concrète.

De plus, nous pouvons regarder une série environnementaliste « Su madre naturaleza » (Votre mère la nature) qui nous permet de connaître les enjeux dans cet espace et la façon d'agir sur ceux-ci.

Sans oublier, finalement, que, à chaque fin de semaine, nous pouvons regarder un journal télévisé autochtone, « Colombia nativa » (Colombie native), qui nous informe sur les différents enjeux internationaux, nationaux et locaux à travers la vision des peuples originarios, en démocratisant un peu plus l'espace visuel, tout en le décolonisant.

Le contenu de cet espace est aussi rempli d'émissions à caractère ethnographique. Par exemple, on peut apprendre certaines choses par rapport aux espaces urbains de la capitale et au sujet du cheminement historique de la ville où je suis né.

Pour les plus curieux d'entre nous, on peut également apprendre des choses que l'on ne savait même pas au sujet de notre propre voisinage. Cela permet de renforcer certains aspects identitaires, mais aussi d'en créer des nouveaux.

Le poste nous fait connaître différentes expositions sur la culture colombienne, sa musique, et son équipe a créé le concert de l'espoir, « El concierto por la esperanza », qui a déjà amené des artistes à renommée mondiale comme Manu Chao, Café Tacvba et le prochain 14 mai 2014, nous avons le groupe Calle 13 qui nous offre une prestation gratuite à Bogotá. Sans oublier le fait qu'ils ont amené Paul McCartney le 19 avril 2012.

Le chaîne du district compte aussi une mission importante : promouvoir les droits humains. C'est là qu'une télévision éducatrice et, en même temps, pédagogique, se place sur « l'être », et non sur les cotes d'écoute, ni le profit.

On peut remarquer différentes émissions qui abordent la mémoire collective, dans un pays où l'on a voulu nier en permanence un conflit qui nous entoure depuis bien longtemps. Par exemple, l'émission « Hagamos memoria » (Faisons la mémoire), qui est une sorte de recompilation de tous les faits historiques qui ont marqué notre société, en passant par les meilleurs moments comme les mobilisations estudiantines de la fin des années 80 et les pires comme les magnicides et massacres encore impunis.

On peut regarder des entrevues avec le fameux juge Baltasar Garzón qui analyse les différentes formes du conflit à travers les droits humains dans « Hablemos de paz y derechos humanos » (Parlons de paix et des droits humains).

C'est la première fois que j'ai vu une série dramatisée qui nous racontait notre histoire contemporaine et, en même temps, nous faisait connaître la réalité de ces personnes qui risquent leurs vies pour raconter la vérité, dans « Crónicas de un sueño, años ochenta » (Chroniques d'un rêve années quatre-vingts).

L'exemple de Canal Capital comme télévision publique fait trembler les médias privés et apporte un instrument créateur de nouvelles identités et de lutte contre tout type de discrimination au sein de la société. Contrairement à d'autres médias, la chaîne de la ville de Bogotá s'est attelée à promouvoir les droits humains en donnant un espace à ceux et celles qui sont le moins écouté-e-s et vu-e-s par notre propre méconnaissance des plurivers qui nous entourent.

La guerre pour les médias se mène à travers la planète, ce n'est pas une question de liberté d'expression, (qui est essentielle bien sûr!), mais une question de droit de communication! Qui possède le droit de communiquer, qui possède l'espace électromagnétique et qui possède les outils pour se diriger aux masses?

Voilà une lutte dans laquelle cette petite chaîne inconnue pour la plupart de nous au Québec, est un paladin à niveau mondial dans la lutte pour le droit d'avoir une bonne qualité d'information, non jauniste (ou non sensationnaliste), et le droit de pouvoir communiquer.

Et si vous voulez l'appuyer: #SolidaridadconCanalCapital

Pour regarder la programmation du poste : www.canalcapital.gov.co

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Avril 2018

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