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Les Canadiens ont certains des pires forfaits de données cellulaires, selon une étude

Pendant ce temps, un rapport indique qu'il n'y a rien qui cloche dans les prix des forfaits et suggère de se défaire du régulateur fédéral.
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Les prix des forfaits cellulaires au Canada sont-ils parmi les plus élevés du monde uniquement à cause de la faible densité de population et des vastes distances à couvrir? Ou est-ce plutôt qu'on se fait avoir par un manque de compétition?

Deux nouvelles études révèlent le souque à la corde entre l'industrie et les défenseurs des consommateurs concernant les causes des prix élevés des forfaits cellulaires sur le marché canadien.

Le coût des données parmi les plus élevés au monde

La première étude, de l'agence-conseil en gestion finlandaise Rewheel, soutient que les clients canadiens en reçoivent moins pour leur argent que les consommateurs de presque partout ailleurs.

Rewheel a calculé combien de données les consommateurs reçoivent sur leur forfait de téléphone intelligent pour l'équivalent de 30 euros, ou environ 46 $CA, dans 41 pays.

À ce prix, les consommateurs de 10 pays - incluant les Pays-Bas, la Finlande et la Suisse - peuvent s'attendre à recevoir un forfait de données illimitées. Au Canada, les clients peuvent penser obtenir environ 2 Gb de données, faisant du pays le cinquième pire du monde, tout juste devant la Grèce, l'île de Malte, la Corée du Sud et la Hongrie.

Rewheel Research

Michael Geist, un professeur de l'Université d'Ottawa devenu une voix forte dans les dossiers de télécommunication, a noté dans un blogue que les comparaisons ne sont peut-être pas entièrement adéquates, puisque «certaines offres ne peuvent être achetées au Canada à n'importe quel prix, comme personne n'offre des données cellulaires illimitées».

Geist calcule que ça coûterait 405 $ par mois pour atteindre le maximum de 80 Gb de données avec un forfait de téléphone intelligent de Rogers en Ontario.

«Pendant ce temps, le service de données de Bell n'offre pas plus de 50 Gb pour 150 $. À 3 $ chaque Gb additionnel, cela coûterait 300 $ pour 100 Gb», a écrit le professeur Geist. «La France et la Nouvelle-Zélande ont des plans de 30 euros pour 100 Gb... Israël offre 500 Gb pour 30 euros.»

Cette étude de Rewheel va dans le même sens que plusieurs défenseurs des consommateurs, c'est-à-dire qu'une hausse de compétition amènerait une baisse de prix.

En Allemagne et en Autriche, où il y a trois compétiteurs majeurs, les consommateurs paient trois et quatre fois plus pour 50 Gb de données, respectivement, que les clients de la France, qui a quatre joueurs majeurs dans le domaine.

Le HuffPost Canadaa déjà rapporté que les prix sont à la baisse dans les provinces où il y a quatre concurrents importants plutôt que trois.

Les prix élevés sont justifiés, alors débarrassons-nous du CRTC, dit l'autre étude

Mais une autre étude, publiée mardi par l'Institut économique de Montréal, soutient qu'il y a suffisamment de compétition dans le marché cellulaire au Canada.

L'IEDM appuie l'argument que l'industrie met de l'avant depuis des années: les prix élevés sont justifiés non seulement parce que c'est difficile de mettre sur pied et d'entretenir un réseau sans fil dans un pays vaste et peu peuplé comme le Canada, mais parce que les télécommunications canadiennes ont fortement investi dans leurs réseaux.

«Les compagnies cellulaires au Canada ont investi en moyenne 78 $US par connexion entre 2010 et 2016, près du double que leurs contreparties européennes, qui n'ont investi que 40 $», note l'étude.

De plus, le Canada devrait considérer se débarrasser de son régulateur des télécommunications, le CRTC, puisque le degré de compétition dans le marché fait en sorte qu'il n'y a pas besoin de légiférer pour des prix plus bas.

«Puisque le Canada a effectué avec succès sa transition de monopole à la compétition, on peut penser que le CRTC devrait être éliminé en tant que régulateur des télécommunications canadiennes», affirme l'étude.

Sous le leadership de l'ancien président Jean-Pierre Blais, le CRTC a mis en oeuvre plusieurs politiques proconsommateurs qui ont défié les modèles d'affaires des gros joueurs des télécommunications.

Parmi celles-ci se trouve le Code sur les services sans fil qui, entre autres, limite les contrats des forfaits cellulaires à deux ans, en baisse par rapport au standard de l'industrie qui était à trois ans.

«Loin d'être "proconsommateur", (le contrat de deux ans) a réduit le choix et limité l'habileté des fournisseurs à développer les offres innovantes pour les consommateurs», argue l'étude dans son plaidoyer pour l'élimination du CRTC.

Toutefois, l'IEDM ne mentionne pas les États-Unis ou les autres pays où les contrats de deux ans ont toujours été communs, et leur effet sur l'innovation à ces endroits.

Sous attaque pour des forfaits à faibles coûts peu impressionnants

Les géants des télécommunications du Canada sont critiqués par des groupes de protection des consommateurs et des politiciens après avoir annoncé des forfaits «à faibles coûts» qui offraient environ la moitié d'un Gb pour 30 $ par mois.

Le CRTC a demandé aux fournisseurs de développer des forfaits de données uniquement pour offrir une alternative pour les Canadiens à faible revenu. Mais les forfaits proposés par Bell, Rogers et Telus ont été qualifiés par les critiques de «blague».

«C'est embarrassant, et franchement, c'est grossier de penser que ce sont des forfaits fonctionnels», a commenté Laura Tribe, directrice générale de l'organisme pour la protection des consommateurs Open Media, en entrevue à la CBC.

Les compagnies ont argué que leurs forfaits étaient compétitifs.

«Nous proposons des forfaits de données seulement à un prix économique pour que nos clients puissent demeurer connectés», a indiqué un porte-parole de Rogers, qui offre 400 MB de données pour 25 $ par mois dans un forfait de données exclusivement.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l'anglais.

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