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5000$ pour une campagne d’appels et de textos pour contrer les libéraux

«Bonjour, ici Québec Fier. Voterez-vous pour le Parti libéral de Justin Trudeau lors des prochaines élections fédérales?»
SIphotography via Getty Images

L’organisation de droite Québec Fier, qui milite contre les libéraux de Justin Trudeau, s’est lancée dans une campagne d’appels et de textos. Le regroupement a affirmé au HuffPost Québec avoir dépensé plus de 5000$ afin de connaître l’opinion des Québécois sur divers sujets politiques, mais aussi pour recruter des membres à travers la province.

« Bonjour, ici Québec Fier,

Voterez-vous pour le Parti libéral de Justin Trudeau lors des prochaines élections fédérales?

Répondez:

Oui

Non »

Voici le genre de messages reçus par plusieurs Québécois dans les derniers jours de la part de l’organisation qui veut nuire à l’équipe du premier ministre Justin Trudeau et favoriser les conservateurs d’Andrew Scheer.

D’autres messages portaient sur la taxe carbone, la laïcité et même sur l’exploitation du gaz naturel.

Écoutez ici un extrait sur la taxe du carbone, ciblant à la fois le premier ministre Justin Trudeau et le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Extrait audio d'un appel automatisé de Québec fier:

Pourquoi poser ces questions? «Ça nous permet de prendre le pouls des Québécois et d’avoir plus de légitimité», répond le directeur des communications de Québec Fier, Nicolas Gagnon.

Selon les réponses des gens, Québec Fier peut leur demander leur code postal ou s’ils souhaitent s’impliquer dans l’organisation. «Ça permet d’aller chercher des adhérents et des donateurs», ajoute-t-il.

Une campagne efficace?

«On a rejoint environ 100 000 personnes», se targue le directeur des communications de Québec Fier.

Le taux de réponse varie en fonction des questions. «Pour les textos, c’est autour de 15 % à 20 %, mais certaines questions, comme celle sur la laïcité, peuvent attendre 40 %. Pour les appels, c’est entre 10 % et 15 %», affirme-t-il.

Québec Fier a fait appel à la firme Responsive Marketing Group (RMG) pour sa campagne d’appels et de textos. La Presse a relevé qu’il s’agissait de la même firme à l’origine du scandale des appels automatisés qui avait mené des électeurs vers de mauvais bureaux de vote lors de la campagne électorale de 2011.

Juste un début

La campagne d’appels et de textos s’est déroulée du 19 au 29 juin. Des dates qui n’ont pas été choisies par hasard. «On voulait concentrer notre campagne sur les 10 derniers jours avant la période pré-électorale», explique Nicolas Gagnon. Ce sont plusieurs dizaines de milliers d’appels et de textos qui ont été faits durant ces 10 jours, soutient l’organisation.

À partir du 30 juin, Québec Fier sera soumise aux règles d’Élections Canada. En effet, une limite de dépenses de 1 023 400 $ est fixée pour la période pré-électorale qui débute à cette date. En période électorale, elle sera de 511 700 $.

L’organisation compte refaire une campagne similaire juste avant le début de la période électorale. «Durant la prochaine campagne, on veut ramener la question de la laïcité, car il y a des partis au fédéral qui ne veulent pas que le Québec puisse s’affirmer sur cette question-là», soutient le jeune porte-parole de l’organisation.

Rappelons que Québec Fier ne compte pas chômer lors des prochaines élections. L’organisation veut se lancer dans la création de contenu sur sa page Facebook qui est suivie par 35 000 personnes. Elle souhaite aussi vendre des objets promotionnels sur son site web et mettre sur pied des comités dans différentes villes de la province.

Une campagne qui dérange

La candidate pour le Bloc québécois dans Chicoutimi-Le Fjord, Valérie Tremblay, n’a pas apprécié de recevoir un texto de la part de l’organisation de droite. Québec Fier lui demandait s’il est mieux que la province exploite son propre gaz naturel plutôt que de l’importer des États-Unis de Trump. «J’ai eu une réaction viscérale, lance-t-elle. Je leur ai demandé de retirer mon nom de la liste et je leur ai dit que leur question était clairement biaisée.»

Le ministre libéral Pablo Rodriguez, en entrevue avec La Presse, a aussi dénoncé cette tactique. «On sait que ces groupes-là sont financés par des grandes corporations qui s’invitent dans la campagne. Ils ont de l’argent plein les poches, et ils essaient d’acheter des votes», a-t-il affirmé au quotidien.

Plusieurs personnes se sont d’ailleurs plaintes sur les réseaux sociaux d’avoir reçu des messages de Québec Fier. Selon le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), toute personne a le droit de faire une demande pour ne plus recevoir des appels de télémarketing. Toutefois, le retrait des listes d’appels ne garantit pas de ne plus recevoir des appels d’entreprises effectuant des études de marché, des sondages ou des enquêtes, explique par courriel la gestionnaire des relations avec les médias du CRTC, Patricia Valladao.

De son côté, Québec Fier assure que si une personne demande de ne plus être contactée, elle sera retirée de la liste. Valérie Tremblay affirme que, malgré sa demande, elle a reçu un appel de l’organisation deux jours après le texto.

Faire vibrer la corde nationaliste

La candidate bloquiste reproche à Québec Fier de tenter de faire vibrer la corde nationaliste des Québécois alors que, selon elle, l’organisation fait la promotion du Parti conservateur qui agirait contre les intérêts de la province. «Quand est-ce que les députés conservateurs se sont levés pour défendre le Québec ? Moi, je ne les ai jamais vus se lever», affirme-t-elle avec conviction.

Elle reconnaît toutefois que le Bloc s’entend avec l’organisation sur la question de la laïcité. Québec Fier admet aussi avoir des atomes crochus avec le Bloc, mais trouve que le parti est parfois trop proche des libéraux de Justin Trudeau, notamment sur les questions environnementales. «Yves-François Blanchet [le chef du Bloc québécois] est d’accord avec la taxe carbone», illustre Nicolas Gagnon.

«Le Bloc n’est pas toujours en faveur des intérêts du Québec hormis sur la question de la laïcité et la déclaration de revenus unique», accuse Nicolas Gagnon, pour qui la seule option valable est le Parti conservateur d’Andrew Scheer.

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