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Je cache ma bisexualité au bureau. Voici pourquoi je n'ai pas le choix

N’arrêtons pas les blagues homophobes seulement en présence d’une personne homosexuelle. Condamnons-les tout le temps.
gorodenkoff via Getty Images

J’ai 20 ans et depuis quelques années, je travaille à côté de mes études. De la manutention au démarchage téléphonique, j’ai constamment subi une pression dans tous mes boulots concernant ma sexualité.

Je suis bisexuel et bien qu’aucun de mes collègues n’ait été au courant, leurs propos et «blagues» m’ont toujours dissuadé de faire mon coming out sur mes lieux de travail.

Des propos LGBTphobes assumés à l’homophobie ordinaire, je n’ai pas connu un seul environnement professionnel qui m’encourageait à être moi-même.

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Je sais bien que la plupart ne pensent pas à mal et se considèrent même comme tolérants, mais entendre des gens rire de sa sexualité ou l’utiliser comme adjectif péjoratif à longueur de journée ne me donne pas envie d’excuser ce genre de comportement. Ça me pousse même à avoir honte de ce que je suis.

N’être défini que comme le «gay» ou le «bi» du bureau

Je pourrais essayer d’en parler à mes collègues les plus gentils, mais ça ne ferait qu’attirer l’attention sur moi, et je risquerais de n’être défini que par mon orientation sexuelle, d’être le «gay» ou le «bi» du bureau.

Je pourrais en parler à mes supérieurs, au service des ressources humaines qui feraient sûrement passer une note de service qui sensibiliserait à l’homophobie au travail.

“Je creuse un gouffre entre mes collègues et moi et me voilà seul à la pause café, ou le seul à ne pas être invité à sortir au bar à la fin de la journée.”

Quelques-uns de mes collègues feraient sûrement attention quelques jours avant d’oublier pendant que d’autres crieraient au «On ne peut plus rien dire» ou se cacheraient derrière l’excuse de l’humour, ignorant que leurs mots blessent.

Tout ça, ce ne sont que des théories, mais le risque qu’elles se réalisent est bien réel, alors la solution la plus simple c’est de se taire, de subir en silence et d’éviter un maximum les discussions sur sa vie privée. Très vite, je creuse un gouffre entre mes collègues et moi et me voilà seul à la pause café, ou le seul à ne pas être invité à sortir au bar à la fin de la journée.

J’ai tout simplement l’impression de revivre mes années au collège. Ce gouffre, il m’empêche de m’épanouir au travail. Alors certes, ce ne sont que des petits boulots donc pour l’instant ça n’a que peu d’importance, mais ça me fait peur pour l’avenir. Et si dans mon futur emploi je me retrouve à nouveau dans cette situation?

Une seule solution: se taire

Et encore, je me considère comme chanceux. Pour l’instant le pire que je risque, c’est des remarques déplacées et des blagues grossières. Mais je pense aussi aux personnes qui subissent et risquent bien plus.

Et d’après moi, c’est le rôle de chacun de participer à la création d’un espace de travail «safe». Déjà, en réfléchissant à ses actes, à ses paroles et en intervenant dans une situation que l’on juge toxique.

N’arrêtons pas les blagues homophobes seulement en présence d’une personne homosexuelle. Condamnons-les tout le temps.

J’espère sincèrement que les esprits et les comportements vont évoluer, que bientôt je n’aurai plus à réfléchir à ce que je peux dire ou non à mes collègues et que si l’un d’eux en vient à avoir un comportement toxique, alors je me sentirai soutenu par mes autres collègues.

Ce texte a initialement été publié sur le HuffPost France.

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