FESTIVAL - L’idée d’un mur encerclant un festival placé sous le signe de la liberté, de l’art et de la créativité peut sembler pour le moins étrange. C’est pourtant ce que prône le Bureau of Land Management (BLM), l’organisme gouvernemental américain chargé de la gestion des terres publiques, pour la prochaine édition du Burning Man.
Dans un rapport publié en mars dernier, le BLM veut changer des clauses du permis attribué aux organisateurs du festival. Y figure donc un appendice recommandant la construction d’un mur, tout autour de la ville éphémère de 2,4 km de diamètre que constitue le campement des 70.000 participants, situé dans le désert de Black Rock, au Névada.
“Une barrière physique en béton, comme celles utilisées pour séparer les lignes de voitures, réduirait le risque qu’un véhicule ne force l’entrée du périmètre”, affirme le rapport du BLM, apparemment soucieux de la sécurité du public.
L’organisation du festival a publié un contre-argumentaire sur son site Internet pour protester contre ces nouvelles clauses voulues par l’administration.
“Le futur du Burning Man est en danger. Le BLM a recommandé des changements irréalisables dans notre permis. Certaines propositions sont en conflit direct avec nos valeurs et pourraient impacter négativement l’organisation de l’événement, si ce n’est le détruire.”
Les organisateurs pointent notamment dans l’établissement de ce mur temporaire, une obligation “onéreuse” et ”écologiquement irresponsable”. Le coût d’une barrière s’élèverait à 20 millions de dollars selon le festival, qui affirme que le prix des billets d’entrée, déjà à 400$ environ, bondirait de 283$ supplémentaires.
Le système de sécurité du festival est déjà suffisamment efficace d’après les représentants. La police du Nevada, les agents du bureau du shérif du comté et les rangers du BLM patrouillent tout au long de l’événement, épaulés par les bénévoles “munis de lunettes à vision nocturne pour surveiller le désert environnant”.
Menace écologique?
En plus de la barrière, le BLM réclame l’interdiction pure et simple des lasers et autres projecteurs qui illuminent le ciel nocturne lors des représentations, des lasers qui “dérangent et déroutent les oiseaux migrateurs” selon le rapport. Mais les organisateurs contestent aussi ce point, d’autant que les spectacles nocturnes sont une des principales attractions du festival.
“Cette exigence est basée sur une étude scientifique très discutable” selon le festival, qui compte bien prouver que ses illuminations nocturnes n’impactent en rien les oiseaux migrateurs, qui ne commencent à migrer que vers le milieu du mois de septembre.
Le BLM annonce également vouloir surveiller l’impact écologique de cette ville éphémère, notamment les détritus occasionnés par les 70.000 visiteurs. La politique du festival est pourtant très précise sur ce point, prônant un principe de “Leave No Traces” (ne laissez aucune trace). Après le festival, des centaines de volontaires parcourent le désert pour ratisser le sable à la recherche de déchets. Un filet entoure le festival pour empêcher les déchets les plus volatils de se propager dans le désert.
Pour autant, le festival n’est pas forcément tout vert. Beaucoup de critiques pointent l’utilisation de carburant pour alimenter les groupes électrogènes des projecteurs et autres murs de son utilisés par les artistes. Les visiteurs les plus fortunés font également le trajet jusqu’au festival grâce à de petits avions, atterrissant directement dans le désert.
Les organisateurs ont lancé un appel aux “burners” pour que ceux-ci adressent leurs protestations au BLM. Reste à voir si leur permis sera renouvelé à temps pour la prochaine édition du festival, du 25 août au 2 septembre 2019.
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