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Budget municipal: Montréal doit montrer l'exemple en matière de sobriété

On demande aux citoyens de changer leurs comportements de consommation, mais qu’en est-il des villes?
Valérie Plante
La Presse canadienne/Graham Hughes
Valérie Plante

Au lendemain du dépôt du budget de la Ville de Montréal, les Montréalais ont appris qu’ils auront droit à une augmentation des taxes municipales de l’ordre de 2,1% en moyenne. Cette augmentation, qui n’a malheureusement rien d’inhabituel pour les Montréalais, s’explique par un budget en croissance continue et qui dorénavant franchit le cap du 6 milliards $, une augmentation de 8,1% par rapport à 2018. Et qui dit budget en croissance dit augmentation des taxes!

En outre, on constate que la dette nette de la Ville dépasse ses revenus budgétés pour 2020 - ce qui met Montréal dans une situation financière qui va à l’encontre de sa propre Politique de la gestion de la dette, adoptée en 2004, qui stipule que la Ville se doit de «limiter le niveau de sa dette directe et indirecte nette à 100% de ses revenus annuels», à défaut de quoi une approbation par le conseil municipal et d’agglomération est requise. Actuellement, ce ratio se situe à 110%, et le coût de la dette à la charge des contribuables représente 16,6% dans le budget annuel des opérations pour 2020, un fardeau énorme.

La dette est engendrée par les projets réalisés dans le contexte du Plan triennal d’immobilisations. Une dette en croissance signifie donc des projets en croissance, et quoique certains sont absolument cruciaux (réhabilitation des conduites d’eau et d’égouts, réparation des routes) d’autres demeurent des choix qui auront un impact sur l’empreinte carbone de la Ville (terrains synthétiques, nouvelles constructions municipales) ainsi que des coûts récurrents que devront assumer les générations futures.

Sur le plan de la saine gestion des dépenses publiques, on se doit de poser la question à savoir si cet endettement est nécessaire au bon fonctionnement de la Ville. Il y a une prudence à respecter quand il s’agit de dépenser l’argent des autres, après tout.

Ce qui fait réagir cette année plus que les autres, c’est que la Ville a dès lors dépassé les seuils qu’elle s’est elle-même imposés. Si vous trouvez qu’il y a une certaine résonance à cette phrase, vous n’avez pas tort.

Seuils planétaires

On entend beaucoup parler dans les médias, dans les lieux de réunion de nos hauts-dirigeants et dans la rue lors des manifestations pour le climat du «dépassement des seuils planétaires.»

Et pourtant, ces seuils aussi sont connus, fixés en fonction des recherches exhaustives des scientifiques, qui ont même pris la peine de tracer pour nous les différents trajectoires possibles pour notre planète, selon notre capacité (et notre volonté) à réduire nos émissions dans un assez court délai de temps pour tenter d’éviter le basculement dans un état en rupture avec le fonctionnement des systèmes planétaires.

Seuils budgétaires

Ce n’est pas compliqué: si Montréal a pris la peine de fixer des seuils dans sa Politique de la gestion de la dette, c’est justement pour ne pas se mettre elle non plus dans une situation précaire face à sa capacité de payer et donc à faire fonctionner correctement le «système municipal.»

Hélas, rien, en somme, n’est illimité: ni les ressources naturelles planétaires, ni la capacité d’absorption de carbone de nos océans et nos forêts… ni la capacité de payer des contribuables. Une leçon qu’on a du mal à retenir, habitués que nous sommes à étirer toujours un peu plus la marge de crédit.

Une Ville responsable doit montrer l’exemple en faisant un exercice rigoureux de contrôle du budget afin de limiter son endettement et donc la charge aux contribuables. C’est une question d’équité face aux contribuables présents et futurs, certes, mais aussi une question de montrer par l’exemple que la sobriété dans la consommation n’est pas un principe pour les autres, c’est un principe de saine gouvernance qui est absolument nécessaire dans un contexte de responsabilité face à l’urgence climatique.

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