Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le documentaire «Framing Britney Spears» relance l'inquiétude de ses admirateurs

Plusieurs vedettes, dont Sam Smith et Miley Cyrus, ont affiché leur soutien à la chanteuse après la diffusion du documentaire.
Le documentaire «Framing Britney Spears» produit par le «New York Times» est diffusé sur FX et Hulu depuis le 5 février 2021.
FX / Hulu / Dave Benett
Le documentaire «Framing Britney Spears» produit par le «New York Times» est diffusé sur FX et Hulu depuis le 5 février 2021.

C’est loin d’être la première fois que le mot-clic #FreeBritney apparaît sur les réseaux sociaux. Mais la diffusion du documentaire “Framing Britney Spears”, produit par le New York Times, sur la chaîne américaine FX le 5 février dernier a relancé le mouvement. Le long-métrage fait une rétrospective de la carrière de Britney Spears démarrée sur Disney Channel, mais évoque aussi l’accord judiciaire comparable à un régime de tutelle sous lequel elle vit depuis 12 ans et qui stipule que les décisions concernant la superstar sont prises par son père, Jamie.

En 2008 – et après la descente aux enfers de la jeune femme qui avait eu pour apogée cette séquence filmée où Britney Spears entrait dans un salon de coiffure et se rasait le crâne – Jamie Spears et ses avocats avaient en effet été désignés comme ses tuteurs légaux par la justice, décision depuis incessamment prolongée.

Or pour beaucoup de fans, Britney Spears est maintenu contre son gré dans cet accord de tutelle depuis plus de 12 ans. Sous les photos et vidéos de la chanteuse sur Instagram, nombreux parmi ses quelque 25 millions d’abonnés s’inquiètent de l’état de sa santé: “Brit, est-ce que tu vas bien? S’il te plaît, publie une vidéo pour tous tes fans inquiets”.

À l’été 2020 déjà, alors qu’une nouvelle audience était prévue pour que la justice américaine décide de reconduire ou non la protection judiciaire de l’artiste de 39 ans, le mouvement #FreeBritney était reparti de plus belle. “En résumé, elle a le statut juridique d’un enfant de 8 ans”, décrivait au HuffPost Joachim Ohnona, auteur des ouvrages Britney Spears on stage et Britney Spears: Still iconic sur la star. “Il lui faut un accord parental pour prendre l’avion ou pour faire des achats conséquents. Elle n’a la garde de ses enfants qu’à 30% et tout ce qu’elle publie sur les réseaux sociaux est contrôlé.”

À l’automne, un avocat commis d’office a affirmé à une juge que sa cliente l’avait informé “avoir peur de son père”. La juge a décidé de ne pas retirer immédiatement Jamie Spears de son rôle de responsable des affaires de la chanteuse, mais a nommé une entreprise financière comme cotutrice.

Et alors qu’une prochaine audience devant un tribunal aura lieu le 11 février pour réévaluer cette tutelle, des personnalités semblent avoir rejoint le clan de ceux qui pensent que Britney Spears en est prisonnière.

L’actrice Sarah Jessica Parker, le chanteur Sam Smith, l’animateur Andy Cohen ou encore l’actrice Valerie Bertinelli ont partagé des messages sur les réseaux sociaux en soutien au mouvement #FreeBritney. Et lors d’un concert en direct sur TikTok en amont du Super Bowl et deux jours après la diffusion du documentaire, la star Miley Cyrus a lancé un “On aime Britney” en plein milieu d’une chanson.

La naissance du mouvement #FreeBritney

Au printemps 2019, des médias américains révèlent que la chanteuse, qui souffrirait de troubles bipolaires, a été admise dans un établissement psychiatrique. Le site TMZ, spécialisé dans les célébrités, et Variety, référence pour le monde du spectacle, avaient tous deux écrit que Britney Spears s’était volontairement présentée dans un établissement psychiatrique alors qu’elle devait faire face à un certain nombre de difficultés dans sa vie personnelle.

Mais certains soupçonnent son père et son entourage de l’y avoir forcée et de la garder sous la contrainte pour profiter de sa fortune. C’est ainsi que naît le mouvement #FreeBritney, à l’initiative de deux Américaines, Tess Barker et Barbara Gray rapidement rejointes par d’autres fans.

“Ces gens pensent que Britney Spears est entourée de personnes cupides, qui ont tout intérêt à ce que la tutelle soit maintenue, car ils sont rémunérés pour s’occuper d’elle. Avec pour chef de file son père Jamie, qui fait tout pour être le seul garant des intérêts de sa fille”, explique Joachim Ohnona. D’après Business Insider, la fortune de la star serait estimée à 59 millions de dollars.

Et dans les innombrables publications Instagram qu’elle publie, les soutiens du mouvement #FreeBritney semblent déceler plus que jamais des indices de la détresse de leur idole. Certains analysent son regard fuyant, d’autres le ton de sa voix ou encore la façon “captive” dont elle pose devant l’objectif sur des clichés qui se ressemblent beaucoup, toujours pris du même angle et dans les mêmes endroits.

“Est-ce qu’elle va bien ?”; “elle a l’air pétrifiée”; “ces photos me mettent mal à l’aise”, commentent en masse les fans. “Si tu as vraiment besoin d’être libérée, porte un haut jaune dans ta prochaine vidéo”, tentent certains... avant de remarquer qu’elle porte bel et bien un vêtement de cette couleur dans une publication suivante.

Le 9 juillet, un message inquiétait plus particulièrement les fans. Britney Spears partage une photo d’un coucher de soleil rougeoyant. “C’est génial, le ciel est rouge. On dirait Mars ! Psss j’ai entendu qu’il y avait une nouvelle planète dans notre système solaire appelée Planète Neuf”, écrit-elle. Un “code rouge” envoyé par la star? Même Rose McGowan, figure du mouvement #MeToo, s’interroge.

“J’ai créé mon album ‘Planète 9’ pour ceux qui vivent des traumatismes et les aider à s’en sortir. (...) Britney si tu peux lire ça, nous te voyons. Reste forte. #FreeBritney”, a partagé sur Instagram celle qui avait dénoncé l’emprise d’Harvey Weinstein, dans une publication depuis supprimée.

D’autres encore remontent la carrière de la chanteuse à la recherche d’indices dans ses clips ou dans ses mises en scène de concert. Et remarquent que la symbolique des cages et des chaînes y est récurrente. Un autre signe de sa “captivité”?

Inquiets, ils sont plus de 100 000 à avoir signé une pétition via l’outil citoyen “We the People” de la Maison-Blanche pour demander à ce que le gouvernement américain se saisisse de cette question.

Dans une publication du 10 juillet semblant répondre à ces élucubrations, Britney Spears écrit qu’elle “sait que certains n’aiment pas ou ne comprennent pas [ses] publications”: “Mais c’est juste moi heureuse. C’est moi authentique et aussi réelle que possible! Je veux juste inspirer les gens à faire pareil et à être eux même sans vouloir satisfaire les autres.”

Alors faut-il vraiment prendre ces inquiétudes au sérieux ou doit-on voir dans le mouvement #FreeBritney des “bouffées conspirationnistes” comme le décrivait l’AFP en avril 2019?

“On peut faire une double lecture de ces ‘indices’. Peut-être que Britney Spears est vraiment en danger. Mais peut-être traverse-t-elle aussi un délire paranoïaque”, avançait au HuffPost Joachim Ohnona, rappelant que la jeune femme serait “sous un traitement lourd” et “sans doute encore instable psychologiquement.” “Son père a une autorité indéniable sur elle. Mais on peut aussi supposer qu’il fait tout cela dans l’intérêt de sa fille.”

Interrogé par le Los Angeles Times à l’automne dernier, l’avocat Adam Streisand, spécialiste des conflits financiers médiatiques qui avait rencontré Britney Spears en 2008, expliquait: “Le fait qu’elle soit sous tutelle depuis une douzaine d’années devrait vous donner une idée de son état de trouble mental et de sa vulnérabilité. Les tribunaux feront tout ce qu’ils peuvent pour s’assurer que cette personne ne soit pas sous tutelle à moins qu’elle en ait vraiment, vraiment besoin.” Jamie Spears, lui, avait qualifié le mouvement #FreeBritney de “théories conspirationnistes” qui ne “savent rien” de l’état de santé de sa fille.

Quelques secondes avant le générique de fin du documentaire “Framing Britney Spears” désormais disponible en streaming sur Hulu, une énigmatique déclaration indique que “le New York Times a tenté de contacter directement Britney Spears pour lui proposer de participer à ce projet” mais qu’“on ne sait pas si elle a reçu les demandes.”

Ce texte a été publié originalement sur le HuffPost France.

À voir également:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.