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La bonté qui nourrit le coeur

Il y a la bonté qui soulage la conscience et il y a la bonté qui nourrit le cœur. Pour la conscience, nous pouvons compter sur toutes ces fondations, ces campagnes de financement et ces nombreuses collectes de fonds. Pour le cœur, nous ne pouvons que nous en remettre au hasard qui sait si bien nous placer sur la route de quelqu'un qui nous fera l'honneur d'avoir besoin de notre aide. Oui, oui, l'honneur.
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Il y a la bonté qui soulage la conscience et il y a la bonté qui nourrit le cœur.

Pour la conscience, nous pouvons compter sur toutes ces fondations, ces campagnes de financement et ces nombreuses collectes de fonds. Pour le cœur, nous ne pouvons que nous en remettre au hasard qui sait si bien nous placer sur la route de quelqu'un qui nous fera l'honneur d'avoir besoin de notre aide. Oui, oui, l'honneur. Car c'est un privilège que de pouvoir se trouver au bon endroit, au bon moment pour faire le plus grand don qui existe : celui de l'amour véritable.

J'ai eu le bonheur de connaître, à plusieurs reprises, la bonté qui nourrit le cœur. Celle qui est spontanée et qui prend par surprise autant celui qui donne que celui qui reçoit. Et je dois dire que ces courts instants sont à jamais gravés dans ma mémoire et dans mon cœur, car ils sont un exemple parfait du temps qui s'arrête pour permettre à deux personnes d'établir une véritable connexion. Pas besoin de se connaître, juste besoin de se comprendre.

L'homme qui avait une poignée de monnaie

Je me rappelle d'un certain soir d'hiver dans une station-service de ma région... J'attendais à la caisse pour payer ma facture d'essence quand, tout à coup, il y a cet homme d'une cinquantaine d'années qui entre et se dirige vers l'arrière du commerce. La première chose que je remarque, c'est qu'il est beaucoup trop légèrement habillé pour la température. Surtout qu'il est arrivé à pieds.

Comme le pompiste à l'extérieur n'en a pas terminé avec le plein de mon auto, je laisse ma place à l'homme lorsqu'il arrive à la caisse avec une pinte de lait et un pain. (Oui, je l'avoue, considérant son look, je me serais peut-être attendue à le voir arriver avec une grosse bière. Mais cette idée stupide m'a traversé l'esprit qu'une demi-seconde environ.) Il insiste donc pour passer après moi, mais n'a pas d'autre choix que de me devancer puisque nous sommes les deux seuls clients sur place.

Je le vois donc qui sort une poignée de monnaie qu'il dépose sur le comptoir. Je comprends alors pourquoi il aurait préféré que je passe devant et je m'en veux un peu.

Après avoir nerveusement fait le décompte de sa monnaie avec l'aide du caissier, il constate qu'il n'a pas ce qu'il faut pour payer la pinte de lait et le pain. Il est mal à l'aise et moi aussi.

En fait, depuis le début, j'ai très envie de lui offrir de payer ses achats afin qu'il puisse garder sa monnaie, mais c'est la bataille à l'intérieur de moi. Je suis déchirée entre ma petite voix qui me dit de le faire et celle qui me dit que je vais probablement l'insulter.

C'est donc avec consternation que je l'entends dire qu'il va ramener la pinte de lait dans le frigo. Cette fois-ci, je n'en peux plus et je me lance. Je tends un billet au cassier et j'annonce que je me charge de payer le tout.

L'homme se retourne vers moi, bouche bée. Évidemment, il s'y oppose, mais je me fais tellement insistante qu'il finit par abdiquer. Et, tout à coup, l'énergie qui était quelque peu tendue devient étrangement euphorique. D'ailleurs, le caissier semble aussi percevoir ce changement d'ambiance.

L'homme, visiblement déstabilisé par mon geste de bonté, n'arrête pas de s'exclamer que le bon Dieu existe encore et je peux voir au fond de ses yeux cette étincelle qui, pour moi, est le signe que nos chemins devaient se croiser.

Je me rappelle à quel point je me suis sentie incroyablement bien, en quittant la station-service, ce soir-là. Aussi excitée que si je venais de gagner un lot important à la loterie. Il est donc vrai que donner, c'est aussi recevoir.

La jeune fille qui pleurait

Une autre histoire plutôt particulière... Nous étions en juillet. Je me promenais sur le trottoir avec mon ex-belle-maman quand, tout à coup, j'aperçois une jeune fille qui pleure à chaudes larmes au volant d'une auto stationnée. Évidemment, c'est mal me connaître que de penser que je vais ignorer la situation et passer mon chemin.

Je me penche donc et cogne à la fenêtre du côté passager. Mal à l'aise, elle baisse la fenêtre pour m'entendre lui demander si ça va et si je peux faire quelque chose.

Déstabilisée, elle bafouille quelques mots, espérant en fait que je disparaisse, car c'est un peu humiliant tout ça. Mais je me fais insistante, car je suis inquiète pour elle et elle finit par se sentir assez en confiance pour tout déballer.

Mais quelle histoire! Du genre à laisser perplexes la plupart des gens et même mon ex-belle-maman, en fait. La jeune fille nous raconte qu'elle s'est fait voler son auto la semaine dernière, que sa mère est présentement à l'hôpital en phase terminale et qu'elle doit se rendre à son chevet rapidement, car c'est une question d'heures. Mais le problème, c'est qu'elle n'a plus un sou pour mettre de l'essence, car elle travaille comme serveuse et, sans auto, elle n'a pas pu travailler beaucoup dans les derniers jours... Alors, elle nous montre quelques objets sur le siège arrière, objets qu'elle a l'intention d'aller vendre à la boutique de prêts sur gage un peu plus bas sur la rue.

Euh... non. Pas question que je la laisse aller vendre ses trucs. Elle ajoute qu'une fois à l'hôpital, son frère qui demeure à Montréal, viendra la rejoindre et il pourra lui apporter son aide.

Je suis certaine que plusieurs d'entre vous sont en train de se dire que je me suis fait avoir, que c'est une histoire qui ne tient pas debout. Hé bien, croyez-le ou non, la jeune fille avait, sur le siège arrière de son auto, le journal local dans lequel on parlait effectivement d'une auto (son auto) qui avait été volée et retrouvée. Mais je me foutais carrément de cette preuve irréfutable. Je n'étais pas là pour la juger, mais pour l'aider. Si ma conscience me disait que je pouvais faire quelque chose pour elle, j'écouterais ma conscience, un point final.

Je lui ai donc dit de m'attendre. J'ai traversé la rue pour aller au guichet en face et je suis revenue avec de l'argent pour qu'elle puisse mettre de l'essence et aller au chevet de sa mère.

Évidemment, elle a voulu prendre mes coordonnées, mais j'ai refusé. Je ne faisais pas un prêt; je lui faisais un cadeau et, par le biais même, je me faisais un cadeau : celui d'avoir été là pour lui permettre de se rendre au chevet de sa mère avant qu'il ne soit trop tard. Finalement, c'était moi la plus privilégiée des deux.

Faisons-nous le cadeau de la bonté qui vient du cœur

La bonté qui nourrit le cœur nous réconcilie avec la vie, car elle nous dit que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes aimés et que notre vie est importante.

Alors, pour toutes ces rencontres fortuites que j'ai vécues et que je vivrai, je dis merci, car ce sont là des cadeaux enveloppés du plus bel emballage qui soit, celui de l'amour de soi et de la considération pour les autres.

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