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«Blackface» et campagne électorale: le côté obscur de la force

En période d'élections, les stratèges s'efforcent d’amener l’électeur à percevoir les chefs de parti à travers le prisme de leurs adversaires.
Justin Trudeau
Sean Kilpatrick/PC
Justin Trudeau

Pendant que les partis politiques fédéraux vous présentent, sous leur meilleur jour, leurs arguments principaux pour gagner votre confiance, leurs équipes de campagne réfléchissent minutieusement à la façon la plus créative de miner la crédibilité de leurs adversaires. Est-ce que ça marche? C’est à vous d’en juger.

Les politiciens résument souvent la réalité en peu de mots dans le but de lancer des messages clairs et sans équivoque. Ils le font pour tenter de laisser peu de place à l’interprétation et souhaitent ainsi que les médias puissent relayer la même information. Ils veulent d’abord transmettre leur vision et leurs solutions pour améliorer la vie des gens. Mais il y a plus. La tendance est de trouver une manière de définir son adversaire, en termes peu flatteurs bien sûr, pour influencer le choix de l’électeur.

Les fuites médiatiques: un hasard?

Au cours des dernières heures, nous avons assisté à la saga “Blackface” impliquant Justin Trudeau. D’abord, que l’on soit en accord ou non sur la gravité du geste posé, il est quand même fascinant de constater que ces photos et vidéos sont diffusés publiquement en pleine campagne électorale. Hasard? Pas vraiment. Certains diront qu’il est normal que l’on scrute à la loupe les candidats et qu’une personne qui se présente à une élection doit s’attendre à ce genre traitement. Oui, c’est vrai, mais c’est l’utilisation de ces éléments à des fins partisanes qui m’irritent.

Je ne cherche pas ici à défendre Justin Trudeau, mais plutôt à souligner qu’au-delà des appels à la transparence et à la recherche de la vérité, l’objectif de ces fuites aux médias visent à affaiblir les adversaires pour en bénéficier politiquement. D’ailleurs, le chef conservateur Andrew Scheer a lui-même indiqué que c’était son équipe qui avait fait parvenir la vidéo controversée à la chaîne Global. Mais ne soyons pas dupes, toutes les formations politiques utilisent ces stratégies.

Maintenant, j’en entends déjà certains qui se disent : ça fait partie de la game! À cela, je réponds que l’on devrait peut-être changer les règles du jeu.

Quand l’étiquette colle... pour vrai!

Je suis en désaccord avec la pratique, mais il faut quand même admettre qu’elle est efficace lorsqu’un chef est affublé d’une étiquette et que des événements viennent confirmer l’impression que l’on tente de dégager. Soyez donc attentifs aux termes utilisés et voyez comment les chefs de partis fédéraux en feront la démonstration, notamment durant les débats, par des exemples concrets.

Par exemple, pour les conservateurs, Justin Trudeau n’est pas celui qu’il prétend être. On le voit notamment dans la réaction du chef conservateur à la saga du «Blackface» et dans ses commentaires sur le premier ministre dans l’affaire SNC-Lavalin.

“Comme citoyen, on constate que ces attaques augmentent notre cynisme face à la politique. Pire encore, elles ne sont pas toujours fondées.”

De son côté, le chef du NPD, Jagmeet Singh, nous répète que libéraux et conservateurs représentent les plus riches et pas «Monsieur et Madame Tout-le-Monde». Il l’a mentionné à plusieurs reprises, notamment dans le premier débat des chefs. Le Parti libéral du Canada, dirigé par M. Trudeau, nous dit que voter pour le chef conservateur, Andrew Sheer, c’est voter pour un retour aux «sombres» années de son prédécesseur, Stephen Harper. C’est un discours que l’on entend et que l’on voit dans les publicités. Tout cela est fait pour que l’électeur puisse percevoir un chef de parti à travers le prisme de ses adversaires.

Comme citoyen, on constate que ces attaques augmentent notre cynisme face à la politique. Pire encore, elles ne sont pas toujours fondées. Par exemple, remettre en question la sincérité et la légitimité de l’engagement de Justin Trudeau envers la défense des minorités et l’inclusion est de la foutaise. La feuille de route du chef libéral dit tout le contraire. C’est également un bien mauvais angle pour convaincre l’électorat.

Je nous invite donc à être prudent lorsque nous devons former notre opinion sur un sujet. La majorité des nouvelles diffusées dans les médias sont le fruit d’un travail rigoureux et professionnel réalisé par les journalistes. Cependant, il peut arriver qu’une nouvelle soit une simple tentative de définir son adversaire. C’est à ce moment que je vous invite à vous poser la question: à qui profite le crime?

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

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