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L’heure du vote: cinq campagnes, cinq constats

Le gouvernement sortant devait défendre son bilan et expliquer sa vision du futur. Les autres partis devaient convaincre la population qu’ils forment une alternative viable.

L’heure du choix a sonné. Certains d’entre vous me direz que les politiciens sont tous les mêmes, qu’il ne sert à rien de voter ou que l’on se fait avoir de toute façon. Moi, je choisis de croire en cet exercice démocratique. Parce que l’on tient trop souvent le droit de vote pour acquis. Un droit pour lequel plusieurs se sont battus et ont donné leur vie. Même en 2019, il n’est pas coutume dans tous les pays. C’est pourquoi je vous encourage à vous rendre aux urnes peu importe votre choix.

Le Québec au gouvernement ou à l’opposition?

Vous le savez, les gouvernements sont rarement élus. Ils sont défaits. Dans ce contexte, on sous-estime souvent la pression vécue par les candidats qui représentent le gouvernement sortant. Ils doivent défendre un bilan, expliquer leurs décisions, et surtout, communiquer les raisons pour lesquelles nous devrions leur accorder à nouveau notre appui.

Pour les autres formations politiques, la partie peut sembler plus facile, mais elle ne l’est pas parce qu’elles ont le fardeau de convaincre la population qu’elles forment une alternative viable. Je suis d’avis que le Québec peut être mieux servi par des députés québécois au gouvernement plutôt qu’à l’opposition. Je troquerais la police d’assurance du Bloc pour une présence plus forte du Québec au Conseil des ministres. Par contre, le contexte probable d’un gouvernement minoritaire change la donne pour plusieurs et je le comprends. Mais... ma position demeure la même!

Les libéraux de Justin Trudeau et la loi 21

Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada
Sean Kilpatrick/The Canadian Press
Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada

Le Parti libéral de Justin Trudeau a mené une campagne à laquelle on s’attendait. M. Trudeau s’est souvent retrouvé à parler de son bilan plutôt que de ses projets futurs pour le pays. Malgré cela, il n’y a pas eu d’erreurs majeures à mon avis.

J’entends certains d’entre vous se dire qu’il n’aurait pas dû dire qu’un prochain gouvernement Trudeau pourrait, peut-être, si la circonstance s’y prête, intervenir devant les tribunaux pour contester la loi sur la «laïcité». Je veux être transparent avec vous. Je suis contre cette loi. Mais objectivement, je ne vois pas comment on peut demander à un gouvernement fédéral de ne pas se laisser une porte ouverte pour intervenir dans une cause qu’il jugerait importante, comme le font toutes les provinces au Canada.

Que ce soit sur les droits des francophones, de la communauté LGBT ou de ceux des femmes, il serait irresponsable de dire à l’avance, sans connaître la situation qui prévaudra à ce moment, que l’on refuserait d’intervenir. Ce qui est magistral dans cette élection, c’est que cet enjeu qui honnêtement ne change rien à nos vies est devenu pour certains l’argument principal qui expliquera leur choix. Chapeau au Bloc Québécois qui en a fait un enjeu d’intérêt et au gouvernement Legault qui l’a mis rapidement sur la table. C’était très habile.

Les conservateurs: l’élan perdu

Andrew Scheer, chef du Parti conservateur du Canada
Adrian Wyld/The Canadian Press via
Andrew Scheer, chef du Parti conservateur du Canada

Quant aux conservateurs, cette campagne a pris un tournant inattendu au Québec. Ce gouvernement en attente s’est transformé, pour une partie de la population, en une option impossible à appuyer. Pourtant, ils ont une vision décentralisée du Canada, favorise une plus grande autonomie des provinces (dans le discours). Ce genre de position aurait pu séduire.

Cependant, lorsque l’on est moins crédible sur la lutte contre les changements climatiques et que l’on tombe dans un débat pro-choix contre pro-vie, il est difficile de réaliser des gains. Dans leur cas, il sera intéressant de voir si la qualité des candidats présentés dans certaines circonscriptions sera suffisante.

NPD-Parti vert: sur le réchaud en attendant de mieux se connaître

Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique
Nathan Denette/The Canadian Press
Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique

Le NPD a fait mieux que l’on pensait au début. Nous avons découvert M. Singh. Malheureusement pour lui, construire une notoriété en quelques mois n’est pas assez pour s’installer confortablement et devenir une alternative solide. Le parti fera sûrement meilleure figure que certains le prédisaient, mais je pense quand même que les prochaines années permettront à M. Singh de mieux se positionner et de se faire connaître.

Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada
Frank Gunn/The Canadian Press
Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada

Quant à lui, le parti Vert n’a pas su profiter pleinement du contexte électoral qui a accordé une place de choix aux enjeux environnementaux. La conjoncture est toujours difficile lorsque l’on forme le 4e parti. Le temps d’antenne étant minime, on doit marquer les esprits plus rapidement. Encore là, plus de temps lui permettra de mieux se structurer.

Les Québécois aiment les orateurs

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois
Ryan Remiorz/The Canadian Press
Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Je garde le Bloc québécois pour la fin parce que M. Blanchet a été très bon. Sans comparer les personnalités et les accomplissements, l’aisance communicationnelle de M. Blanchet me fait penser à celle d’un Lucien Bouchard ou d’un Jean Charest. Sa performance est d’autant plus impressionnante que le Bloc n’était pas en position de réaliser ces gains en début de campagne. M. Blanchet a rendu le Bloc pertinent dans le contexte politique actuel au Québec.

Alors que des analystes disent que le Bloc a «surfé» sur la vague de François Legault, je suis de l’avis contraire. Le Bloc et la CAQ partagent des positions similaires sur plusieurs sujets et c’est normal parce que le gouvernement du Québec est formé d’une majorité d’anciens du Parti québécois. Les Québécois choisiront peut-être la vague, mais n’oublions jamais que ce qui est tendance à une époque peut le définir moins plus tard.

Maintenant, c’est à vous de décider. On dit souvent qu’un vote est une goutte dans l’océan. Ce que l’on oublie parfois, c’est que le contexte politique et les personnalités des chefs peuvent fédérer et transformer ces gouttes en une vague puissante. Bon vote!

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