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Batsheva Dance: souffle, énergie et sensibilité israélienne

Pour la troisième fois à Montréal, Ohad Naharin, le génial chorégraphe et directeur israélien de la compagnie Batsheva Dance, présente son nouveau spectacle intitulé... - dont on espère évidemment qu'il ne sera pas le dernier.
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Pour la troisième fois à Montréal, Ohad Naharin, le génial chorégraphe et directeur israélien de la compagnie Batsheva Dance, présente son nouveau spectacle intitulé Last Work... - dont on espère évidemment qu'il ne sera pas le dernier.

Émouvant, virtuose, intelligent et tout simplement superbe, comme on s'y attendait d'une pareille compagnie et d'un tel directeur...!

Quand le rideau se lève, une jeune femme revêtue d'une robe souple et flottante court déjà d'une belle et puissante foulée en faisant du surplace dans le fond de la scène. La couleur de sa robe fait penser aux parties bleues du drapeau d'Israël. À l'avant, deux murs bas, situés à gauche et à droite de la scène, circonscrivent l'espace où les danseurs vont arriver progressivement. Avec la coureuse, ils sont dix-huit, filles et garçons, israéliens pour la plupart, mais aussi d'un peu partout dans le monde, japonais, taïwanais, russe, américain, australien.

Les uns après les autres, ils franchissent magiquement l'un des murs pour apparaître devant les spectateurs, les pieds nus, revêtus de tenues simples (shorts et tee-shirts), souples et soyeuses. Le premier semble glisser sur le sol, accroupi, réduit à la taille d'un enfant qui fait ses premiers pas. Puis avec lenteur, décomposant chacun de ses gestes, il se relève, se tortille. Chaque partie de son corps est flexible et élastique. Tout danse dans ce corps décomposé, de ses orteils au bout de ses doigts. La musique est lancinante, paradoxalement silencieuse. La foulée en arrière de la scène maintient comme une tension.

Puis c'est un autre ou une autre qui émergent. Ils arrivent un à un, à deux ou à plusieurs. Une fois sur place, ils restent ou bien repartent, ne faisant que passer; ils font couples ou bien groupes, se séparent, se lient de nouveau, regardent par moments dans la même direction, se rassemblent pour aider l'un d'entre eux, l'entourer, puis se retirent chacun de son côté, vaquent à leurs danses individuelles qui souvent se coordonnent par petits groupes ou tous ensemble, mais toujours parfaitement. Les gestes des danseurs, incroyablement maîtrisés, semblent totalement inédits, du jamais vu en danse contemporaine (même si le chorégraphe, c'est sûr, ne se prive pas de nombreuses influences). Les artistes jouent avec leurs corps, poussent au plus loin leurs possibilités, vont de la brusquerie à la douceur, de la vitesse à la lenteur, en passant par certaines attitudes drôles, car décalées ou enfantines. La musique lancinante est entrecoupée de berceuses chantées à capela par une femme dont on ne reconnaît pas la langue, probablement d'Europe centrale.

À d'autres moments, les danseurs changent leurs tenues, des hommes sont en noirs dans de grandes robes qui évoquent le religieux, mais lequel? Ou alors, c'est la guerre avec coup de mitrailleuses, ou la révolte symbolisée par une crécelle géante, ou enfin la paix avec un immense drapeau dont le blanc vient compléter le bleu de la robe de la coureuse qui court encore et ne s'arrête jamais. Finalement, c'est une tente à la fois solide et fragile qui s'édifie sur la scène et qui lie tous les danseurs en les collant les uns aux autres, mais à distance les uns des autres.

Ohad Naharin, qu'on surnomme désormais monsieur Gaga en référence à la technique de danse Gaga qu'il a mise au point et qu'il continue de développer, n'a pas fini de nous étonner et de nous éblouir. Chacun de ses spectacles est un total renouvellement dont le trait constant est le souffle, l'énergie et la sensibilité.

Batsheva Dance Company : Last Work, du 19 au 21 janvier 2017, au Théâtre Maisonneuve à Montréal

Ce blogue a aussi été publié sur info-culture.biz

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