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Avis de recherche: chefs de file pour un monde exempt de tuberculose

Un monde où la tuberculose est épidémique demeure une menace persistante pour un Canada sans tuberculose.
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Il faudra déployer des efforts soutenus, au Canada et à l’international, pour maîtriser, puis éradiquer la tuberculose.
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Il faudra déployer des efforts soutenus, au Canada et à l’international, pour maîtriser, puis éradiquer la tuberculose.

Maladie ancestrale, la tuberculose demeure problématique pour la médecine des temps modernes. Lorsqu'en 1882, le scientifique allemand Robert Koch a présenté ses conclusions sur le mycobacterium tuberculosis à un groupe de médecins, il était convaincu que cette découverte importante constituerait la première étape vers l'éradication de la maladie. Or, la « peste blanche » tue encore plus de personnes que n'importe quelle autre maladie infectieuse. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime à 1,8 million le nombre de personnes qui meurent chaque année de la tuberculose dans le monde, dont 400 000 qui ont le VIH/sida. Autrement dit, toutes les 20 secondes, une personne meurt de cette maladie dont nous connaissons la cause depuis plus de 135 ans.

Que peut-on faire?

Nous célébrons aujourd'hui la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Avec sa campagne nommée Avis de recherche : Chefs de file pour un monde exempt de tuberculose, l'OMS cherche à éradiquer la tuberculose à tous les niveaux et appelle les chefs d'État du monde entier, les dirigeants communautaires, les scientifiques, les médecins et les infirmières, ainsi que les personnes atteintes de tuberculose, à s'engager dans la lutte. Au Centre universitaire de santé McGill et à l'Institut de recherche qui y est associé (IR-CUSM), un groupe de chercheurs travaillant sous les auspices du Centre international de la tuberculose McGill s'attaque au problème selon deux approches complémentaires.

Bien que nous disposions de tests pour diagnostiquer la tuberculose et de médicaments pour la traiter, un nombre trop élevé de patients ne sont pas diagnostiqués, ce qui a des conséquences néfastes.

La première implique une meilleure utilisation des outils existants, au Canada comme ailleurs dans le monde. Bien que nous disposions de tests pour diagnostiquer la tuberculose et de médicaments pour la traiter, un nombre trop élevé de patients ne sont pas diagnostiqués, ce qui a des conséquences néfastes. Les chercheurs du Centre international de la tuberculose McGill participent à l'élaboration des lignes directrices du Canada et de l'OMS en matière de diagnostic et de traitement de la tuberculose; ils contribuent également à l'avancement des connaissances pour soutenir de nouvelles stratégies. Ce mois-ci, le travail du Dr. Dick Mensies a d'ailleurs mené à l'élaboration de nouvelles lignes directrices pour le traitement de la tuberculose multirésistante.

La seconde approche vise à raffiner la compréhension de la maladie afin de mettre au point un meilleur vaccin. Dans la foulée des travaux effectués depuis plus de 30 ans sous la direction du D Emil Skamene et de ses collègues, des chercheurs de l'Institut de recherche du CUSM ont dirigé des études sur l'interaction du vaccin BCG avec l'hôte et sur la manière dont cette interaction est régie par la réponse de l'hôte, qui est génétiquement contrôlée. Les travaux du professeur Erwin Schurr ont montré que les variations génétiques humaines expliquent en partie pourquoi ce ne sont pas toutes les personnes exposées à la bactérie qui développent une infection. Plus récemment, les travaux réalisés par le professeur Maziar Divagahi et son équipe à l'IR-CUSM ont montré comment des vaccins pourraient reprogrammer ou « entrainer » des cellules immunitaires afin qu'elles anéantissent la maladie. Dans l'ensemble, ces projets ont un caractère unique, en ce sens qu'ils couvrent un large spectre, allant des molécules aux patients et aux populations, et qu'ils servent de modèle pour l'enseignement de la science translationnelle.

L'épidémie sévit depuis longtemps, et ce ne sont vraisemblablement pas des efforts à court terme qui vont réussir à l'enrayer.

En recherche opérationnelle comme en recherche fondamentale, il y a des raisons d'être optimiste. Les chercheurs du Centre international de la tuberculose McGill et du CUSM, par leurs efforts scientifiques visant à comprendre et à combattre la tuberculose, entretiennent une solide tradition de chefs de file dans le domaine. Ces deux volets de la recherche ont besoin de financement; d'ailleurs, dans son dernier budget, le gouvernement fédéral a reconnu la nécessité de soutenir la recherche biomédicale et de fournir des efforts ciblés pour remédier aux disparités présentes dans les communautés vulnérables les plus à risque de contracter la tuberculose. L'épidémie sévit depuis longtemps, et ce ne sont vraisemblablement pas des efforts à court terme qui vont réussir à l'enrayer. De plus, même si l'on maîtrise la tuberculose au Canada, un simple vol d'avion nous sépare d'une souche résistante de la bactérie, comme nous l'avons observé il y a une dizaine d'années, lorsqu'un patient infecté par une souche très résistante de la maladie a fait le trajet en avion de l'Europe vers Montréal, alors qu'il se dirigeait vers les États-Unis pour terminer son traitement. Un monde où la tuberculose est épidémique demeure une menace persistante pour un Canada sans tuberculose.

Il faudra déployer des efforts soutenus, au Canada et à l'international, pour maîtriser, puis éradiquer la tuberculose. Ces efforts vont probablement s'échelonner sur une période plus longue que la carrière de nos chercheurs actuels – nous devons commencer à former la prochaine génération de soignants et de scientifiques. D'ici là, toutes les 20 secondes, une autre personne succombera à cette maladie traitable.

Avril 2018

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