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Avec Chandrayaan-2, l'Inde envoie un «rover» sur la Lune

Si tout se passe bien, la sonde devrait atteindre la Lune le 6 septembre et y déposer un atterrisseur ainsi qu'un petit robot mobile.
Des scientifiques de l'Indian Space Research Organisation (ISRO) travaillent sur le «Chandrayaan-2», à Bangalore.
MANJUNATH KIRAN via Getty Images
Des scientifiques de l'Indian Space Research Organisation (ISRO) travaillent sur le «Chandrayaan-2», à Bangalore.

L’Inde lance ce dimanche 14 juillet sa deuxième mission lunaire avec pour objectif de devenir la quatrième nation à réussir à poser un appareil sur la Lune, un grand pas pour son économe mais ambitieux programme spatial.

À quelques jours du cinquantième anniversaire de l’arrivée des premiers hommes sur la Lune, l’agence spatiale indienne ISRO prévoit de lancer dimanche un peu après 23 heures sa mission Chandrayaan-2 depuis le pas de tir de Sriharikota (sud-est de l’Inde).

New Delhi a consacré 140 millions de dollars - un montant bien inférieur à ceux des autres grandes agences spatiales pour des missions de ce type - à cette expédition, qui vise à atteindre le 6 septembre prochain la Lune avec un atterrisseur et un robot mobile au pôle sud de notre satellite.

Chandrayaan-2 (“Chariot lunaire” en hindi) se composera d’un orbiteur, d’un atterrisseur et d’un rover, pour un poids total de 3,8 tonnes. L’ensemble sera propulsé dans l’atmosphère par une fusée GSLV-MkIII, le plus puissant lanceur indien, équivalent d’une fusée européenne Ariane 4.

Un rover avec une autonomie limitée

Les quinze minutes de la descente finale de l’atterrisseur Vikram, prévu pour se poser sur un haut plateau entre les cratères Manzinus C et Simpelius N, «seront les moments les plus terrifiants car nous n’avons jamais entrepris une mission aussi complexe», déclarait récemment à la presse K. Sivan, le directeur de l’ISRO.

Si la mission se déroule conformément aux prévisions, l’Inde deviendrait le quatrième pays du monde - après l’Union soviétique, les États-Unis et la Chine - à réussir à poser en douceur un appareil sur la Lune. Une sonde israélienne a raté son alunissage en avril.

Un rover indien de 27 kilogrammes, Pragyan, devrait alors fouler le sol lunaire à la recherche de traces d’eau et «de signes fossiles du système solaire primitif», selon l’ISRO.

Le véhicule fonctionnera à l’énergie solaire et devrait pouvoir marcher durant un jour lunaire, soit quatorze jours terrestres. Il pourra parcourir jusqu’à 500 mètres.

L’Inde veut jouer dans la cour des grands

Cette mission indienne s’inscrit dans un contexte de regain d’intérêt international pour la Lune. L’Homme, qui l’a foulée pour la dernière fois en 1972, y prépare son retour. Le gouvernement américain a demandé à la Nasa d’y renvoyer des astronautes pour 2024.

Le retour sur la Lune est vu comme une étape incontournable de la préparation de vols habités vers des destinations plus lointaines, au premier plan desquelles la planète Mars.

Le projet Chandrayaan-2 est la deuxième mission lunaire du géant d’Asie du Sud, qui avait placé une sonde en orbite autour de la Lune au cours de la mission Chandrayaan-1 il y a onze ans.

Le programme spatial indien s’est fait remarquer ces dernières années par son alliage d’ambition et de sobriété budgétaire, avec des coûts opérationnels bien inférieurs à ceux de ses homologues, ainsi que sa progression au pas de charge.

L’ISRO compte envoyer d’ici 2022 un équipage de trois astronautes dans l’espace, ce qui serait son premier vol habité. Ses scientifiques travaillent aussi à l’élaboration de sa propre station spatiale, attendue au cours de la prochaine décennie.

Prestige spatial

L’actuel premier ministre indien, le nationaliste hindou Narendra Modi, prête une attention particulière au programme spatial. Au-delà de la recherche scientifique, il le voit comme un levier de rayonnement international et constitutif d’un grand récit national sur la montée en puissance de son pays de 1,3 milliard d’habitants.

En mars dernier, le pays a d’ailleurs détruit un satellite avec un missile, afin de montrer qu’il était armé pour une possible guerre dans l’espace face aux États-Unis, à la Chine et à la Russie. Une action qui a créé 400 débris spatiaux en orbite autour de la Terre.

«Une mission de vaisseau spatial de la complexité de Chandrayaan-2 envoie le message que l’Inde est capable de réaliser des entreprises difficiles de développement technologique», estime Amitabha Ghosh, un scientifique ayant collaboré à des missions martiennes de la Nasa.

Expert espace à l’Observer Research Foundation de New Delhi, Rajeswari Pillai Rajagopalan juge que Chandrayaan-2 renforcera le prestige de l’Inde «à une époque où les programmes spatiaux internationaux, et particulièrement les programmes asiatiques, sont de plus en plus en compétition».

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