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Autopsie d’une mauvaise saison du Canadien

Le Canadien vient de connaître une saison 2017-2018 décevante.
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Icon Sportswire via Getty Images

La déception vient bien entendu de l'espoir toujours renouvelé, à chaque début de saison, qu'ont les partisans d'aller jusqu'au bout, mais aussi du souvenir d'une vieille promesse qu'allait devoir un jour tenir la cohorte des Price, Pacioretty et, maintenant, Weber, à défaut de Subban. La déception ne tenait cependant pas d'une attente démesurée à l'entrée de la nouvelle saison lorsque les munitions du Canadien étaient froidement analysées. Une fois l'émotion écartée, les partisans avaient des raisons d'être appréhensifs, échaudés par de mauvaises performances lors de la période d'entraînement l'automne dernier, par un glissement de l'équipe au cours de l'hiver 2017 qui a mené au congédiement de l'entraîneur et par une fin de saison 2015-2016 misérable.

Saccage à la défense

L'été dernier, tout le monde savait, sauf Marc Bergevin apparemment, qu'on ne peut pas saccager la moitié de sa défensive (toute la gauche en fait) sans qu'une équipe s'en ressente. Même si, à chaque pas, on pouvait comprendre un certain désir de changement ou de régler des problèmes, il aurait fallu que le directeur général soit mieux servi par un plan global. On ne peut pas espérer remplacer, du jour au lendemain, Markov, Emelin et Beaulieu, et le plus sérieux aspirant (Sergachev) pour leur succéder. On ne remplace pas des défenseurs aptes à affronter les meilleurs adversaires et à jouer 20 ou 25 minutes par match par des « 5e, 6e ou 7e défenseurs». L'erreur fondamentale de Bergevin aura probablement été de surévaluer des joueurs comme Schlemko et Alzner qui, incidemment, ressemblent à celui qu'il était comme joueur.

On ne doit pas espérer que des joueurs de 29 ou 30 ans puissent soudainement changer de niveau d'excellence après 7 ou 8 années dans la ligue.

On ne doit pas espérer que des joueurs de 29 ou 30 ans puissent soudainement changer de niveau d'excellence après 7 ou 8 années dans la ligue. Cependant, on pouvait espérer que des joueurs comme Morrow ou Jerabek, à 25 ou 26 ans, puissent encore s'améliorer, à plus forte raison qu'ils semblaient capables d'offrir un certain soutien à l'attaque. Mais consentir plus de 23 millions de dollars à un joueur tel Alzner qui ne génère pas d'attaque est un non-sens, surtout quand on laisse aller un joueur, Markov, qui n'aurait pas coûté beaucoup plus cher et qui pouvait assurer la relance. Bien servi par sa vision du jeu, on peut croire qu'il serait demeuré efficace malgré son âge.

Quand on se retrouve le plus souvent avec une défensive de la Ligue américaine, même Price n'y peut rien. Dans ce contexte, le Canadien doit presque des excuses à Condon qui, alors gardien à sa première saison en 2015-2016, avait eu à composer à temps plein avec une défensive poreuse (avec des 10e et 11e défenseurs de l'organisation) pour ensuite, une fois fort de toute cette expérience, se faire montrer la porte au profit de Montoya qui n'est déjà plus à Montréal. Faire porter une partie de l'odieux à Condon, et même à Subban qui, malgré la tempête, était demeuré efficace, aura contribué à masquer ce qui semble s'avérer deux ans plus tard un mal plus profond.

Purge russe

C'est parfois l'alignement de certaines décisions qui finit par créer un problème. On ne peut pas lancer la pierre à Bergevin dans le dossier Radulov. Malgré tout le dynamisme que ce dernier apportait à l'équipe, il n'était pas raisonnable d'offrir à un attaquant de 31 ans, qui venait d'avoir une saison de 54 points (pas de 74 ou même de 64 points), un contrat de 5 ou 6 ans à 5 ou 6 millions par année. On comprend aussi pourquoi on a laissé aller Nesterov au terme de la saison dernière, pourquoi il fallait consentir à laisser partir Sergachev, et, à la limite, pourquoi on n'a pas protégé Emelin (parti pour Las Vegas avant de se retrouver à Nashville). Mais en ajoutant les départs de Markov et Radulov, toujours en ne faisant pas de place à Scherbak, on lançait un drôle de message à propos du statut des joueurs russes au sein du Canadien. Difficile de dire si cela pouvait affecter Galchenyuk, dont le père est Biélorusse, mais Alex n'allait même plus pouvoir se tourner dans le vestiaire vers son ami Beaulieu. Avec l'obstination, probablement justifiée, de ne pas laisser Galchenyuk s'exprimer au centre, on multipliait peut-être les chances qu'il connaisse un mauvais début de saison, sans l'appui par surcroît d'une défensive stable et apte à donner une chance à ses attaquants d'être efficaces. Durant ce temps, Galchenyuk assistait à la non-éclosion de la complicité entre Drouin et Pacioretty dont on rêvait tant en début de saison.

La saison prochaine

La mauvaise saison 2017-2018 force à jeter un regard froid sur l'état de l'organisation. Malgré tout le mal qui a été dit à propos de son prédécesseur, Pierre Gauthier, Marc Bergevin est arrivé à Montréal avec des atouts majeurs dans son jeu. Pacioretty, Price et Subban entraient dans leurs meilleures années, et il suffisait au début de la courte saison 2012-2013 de se départir de Gomez et de faire de la place à du sang neuf, Galchenyuk et Gallagher, pour relancer l'équipe. À la porte de la 7 année « du plan quinquennal », la situation est plus incertaine. Le Canadien consent une forte part de sa masse salariale à un joueur, Price, qui ne marquera pas un but au cours des huit années de son contrat et Pacioretty aura 30 ans en novembre. Bergevin a eu la prudence de ne pas laisser aller Pacioretty trop rapidement cet hiver et pourrait obtenir du renfort en échangeant ce buteur exceptionnel, dont le salaire sera encore raisonnable l'an prochain, à une équipe qui se croit capable de gagner maintenant.

Si le Canadien pouvait mettre la main sur un excellent jeune joueur de centre au moment d'échanger Pacioretty en y ajoutant, peut-être, un de leurs choix de deuxième tour au repêchage de juin 2018, il comblerait une lacune immense.

Si le Canadien pouvait mettre la main sur un excellent jeune joueur de centre au moment d'échanger Pacioretty en y ajoutant, peut-être, un de leurs choix de deuxième tour au repêchage de juin 2018, il comblerait une lacune immense. Quand on regarde ce qu'a accompli Jonathan Marchessault en Floride l'an dernier et à Las Vegas cette saison, il est permis de croire que Charles Hudon, qui semble être de la même trempe, puisse rapidement camper un rôle de deuxième centre, si Philippe Danault ne prend pas cette place. Le Canadien est bien nanti à l'aile, avec Drouin, Gallagher, Galchenyuk, Byron et Lehkonen. L'inquiétude reste cependant très grande à la défense. Il serait étonnant que Victor Mete, même s'il est maintenant plus aguerri, ou Mike Reilly, un peu plus vieux que Mete, puissent accompagner, malgré leur mobilité, Shea Weber durant les longues minutes où il faut affronter les meilleurs attaquants adverses.

Les partisans du Canadien peuvent s'encourager en pensant qu'au début de la présente saison, personne ne croyait les Devils ou l'Avalanche aptes à lutter pour une place en série, et peu d'observateurs auraient cru que les Rangers et les Blackhawks allaient céder leur place. En fait, il s'agit de consulter les classements d'une année à l'autre pour constater qu'il y a toujours des fluctuations. Il s'agit parfois d'une blessure à un joueur important, ou de l'émergence d'un joueur d'impact comme on l'a vu avec Hall ou Mackinnon, pour que la vapeur soit renversée. À Montréal, un bon début de saison de Drouin et Galchenyuk suffirait à raviver l'espoir de gagner.

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