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Pourquoi je n'ai pas réussi à assumer que mon fils porte une couette

Drôle de sensation pour une maman qui a envie de se battre pour que son fils puisse faire la même chose que les filles s'il le souhaite.
Pour mon fils, elle n’est absolument pas un attribut de genre, il n’a pas conscience que dans les esprits (en tout cas quelques uns au moins) certaines choses sont réservées aux individus de sexe féminin et inversement.
Antonio Gravante / EyeEm via Getty Images
Pour mon fils, elle n’est absolument pas un attribut de genre, il n’a pas conscience que dans les esprits (en tout cas quelques uns au moins) certaines choses sont réservées aux individus de sexe féminin et inversement.

Il y a de ça deux mois environ, en allant chercher petit Lu à la garderie, je l’ai retrouvé avec une couette sur la tête. Une petite queue de rien du tout, trois poils blondinets dans un élastique à cheveux que je reconnaissais comme étant issu de mon tiroir de salle de bain (mais passons sur ce délit).

Il était super heureux de me montrer sa couette, je lui ai dit qu’il avait une belle coiffure mais je sentais bien que quelque chose me gênait. Les auxiliaires m’ont expliqué que son papa l’avait déposé coiffé ainsi le matin même. Il avait demandé une couette à sa tata pendant qu’elle le préparait et il en était tellement content qu’il ne voulait pas l’enlever. Les auxiliaires l’ont tout de même décoiffé pour la sieste mais lui ont refait sa queue de rat au réveil, à sa demande insistante.

J’ai d’ailleurs noté leur bienveillance et la façon dont elles ont considéré cette couette: comme une coiffure qui faisait plaisir à un enfant et non comme un attribut féminin dont il n’aurait pas dû se parer.

Sauf qu’après nous avions rendez-vous au cabinet médical d’à côté et que je sentais bien que, moi, elle me dérangeait cette queue sur le crâne de mon fils.

Drôle de sensation pour une maman qui a envie de se battre pour que son fils puisse faire la même chose que les filles s’il le souhaite.

Toujours est-il que, je n’en suis pas fière, mais pour je ne sais plus quelle raison bidon, j’ai réussi à la lui faire enlever dans la salle d’attente du cabinet médical.

Mais alors, qu’est-ce qui m’a vraiment dérangée avec cette fichue couette?

Pour mon fils, elle n’est absolument pas un attribut de genre, il n’a pas conscience que dans les esprits (en tout cas quelques-uns au moins) certaines choses sont réservées aux individus de sexe féminin et inversement.

Mais alors quoi bon sang, qu’est ce qui me gêne? Et si c’était simplement le regard et le jugement d’autrui?

La peur «qu’on» - ah! ce fameux «on» - se dise que je ne suis pas une bonne maman de laisser mon fils porter ce palmier de mèches blondinettes sur sa tête. Peur également que les gens se demandent si je suis à l’initiative de cette coiffure et pourquoi.

Et puis aussi, et peut-être même surtout, peur que mon fils soit jugé. Peur de tout ce qui pourrait être pensé, voire formulé, de ce petit garçon innocent qui voulait juste une couette parce que tata en avait une et que ça lui plaisait, sans aucune autre considération derrière. Les stéréotypes de genre sont encore bien ancrés dans les esprits, dans le mien aussi visiblement, contrairement à ce que j’aurais pu penser.

L’interrogation qui s’impose à moi est donc la suivante:

Dois-je transmettre ces stéréotypes de genre à mon fils pour ne pas qu’il en souffre (en mode chat qui se mord la queue), dois-je le prévenir que certaines personnes raisonnent comme cela et qu’il faut s’en méfier? Ou encore ne rien faire? Après tout, peut-être qu’il croisera plein de personnes moins arriérées que moi qui ne verront pas cela d’un mauvais œil?

Voilà donc où j’en suis dans mes considérations en matière de coiffure de petit garçon…

Nous noterons tout de même la grande ouverture d’esprit de papa d’amour qui, lui, n’a absolument pas été gêné de déposer son fils à la garderie coiffé d’une couette. Y’a pas, cet homme est génial!

Ce texte a initialement été publié sur le site du HuffPost France.

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