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Anxiété et COVID-19 : Quand devrait-on consulter un psy?

D'abord, il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour entamer une thérapie.
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Se préoccuper de sa santé et prendre les mesures suggérées par les autorités dans un contexte de pandémie, c’est normal et même fortement conseillé. Mais penser à prendre des bains de Purell et rêver la nuit que la COVID-19 va vous emporter, ça l’est moins. Les psychologues nous révèlent quand vient le temps de penser sérieusement à les consulter.

Quand le physique lâche

Plus le nombre de cas grimpe, plus la boule dans l’estomac s’alourdit? C’est peut-être signe qu’il y a quelque chose qui se trame. Même chose si une personne a des attaques de panique, une sensation d’étouffement, une pression sur la poitrine, des battements cardiaques irréguliers, des étourdissements, une hypersomnie ou à l’inverse une insomnie, une fatigue inhabituelle, une diminution ou augmentation de l’appétit, indique le psychologue François Bilodeau. «Ça veut dire que le corps n’arrive plus à réguler son affect. Il y a une surcharge émotionnelle et un psychologue peut vous aider à gérer ça», dit-il.

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Quand on a peur, même chez soi

Être craintif alors que le nombre de personnes atteintes de la COVID-19 grimpe, c’est juste humain. Au même titre que personne ne se laisserait dévorer tranquillement par un tigre s’il se retrouvait par mégarde dans son enclos. Toutefois, il y a un problème lorsqu’on est hypervigilant et qu’on s’inflige des limites non requises, affectant notre fonctionnement.

Quand on a de la difficulté à effectuer les tâches du quotidien, comme aller faire l’épicerie sans trembler ou simplement aller prendre une marche, il faut demander de l’aide.

Quand on craint d’en mourir

Évidemment, si on pense continuellement être atteint du coronavirus ou si l’on craint de toucher à quoi que ce soit par peur de contamination, l’anxiété est probablement dans le tapis - et il faut gérer ça avec un professionnel de la santé mentale.

«Si vous constatez une augmentation de l’intensité des peurs et des idées envahissantes catastrophiques, que vous angoissez ou paniquez chaque fois que vous entendez parler du virus et qu’il en résulte une perte de plaisir, un manque d’intérêt pour des activités que vous appréciez normalement, il est fortement conseillé de consulter», recommande Dr. Bilodeau

Quand on s’étourdit trop

Alcool et drogues sont un petit peu trop présents dans votre vie? C’est mauvais signe. «Ce sont des signes que vous souffrez d’anxiété. Il faut être prudent avec ça, parce que s’automédicamenter avec ces substances, c’est faire de l’évitement. Ça peut même décupler notre angoisse», affirme François Bilodeau.

Pour des raisons évidentes, en temps de COVID-19 ou pas, la modération a bien meilleur goût.

Quand on pète une coche

Oui, notre mèche est collectivement plus courte que d’habitude. Cependant, si un excès de colère vous envahit alors que votre enfant a simplement demandé «qu’est-ce qu’on mange pour souper?» ou que vous pleurez parce que votre meilleur ami n’a pas commenté votre plus récente photo sur Instagram, il y a peut-être quelque chose qui cloche.

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Quand ça brasse trop souvent

«En temps normal, on dit qu’il faut attendre 2 semaines avant de consulter. Mais en cette période de confinement si les signes de détresse psychologique perdurent 1 semaine, il faut consulter, indique Christine Grou, présidente de l’Ordre des Psychologues du Québec. On va tous avoir des journées moins bonnes que d’autres. Des journées de “shnout“, comme on dit. Mais généralement le lendemain ou le surlendemain on va mieux. Si au bout d’une semaine, on ne va pas mieux. Si au bout d’une semaine, on ressent les signes de détresse psychologique. On consulte!»

Pour garder le moral, vous pouvez…

  • Limiter un peu le temps de recherche d’informations sur la COVID-19 (pas complètement, toutefois, comme il est important de rester informer sur les mesures en cours).
  • S’informer auprès de sources d’informations fiables et se méfier des nouvelles sensationnalistes.
  • Éviter les réseaux sociaux où une tonne de fausses nouvelles circulent.
  • Vous désabonner des alertes de certains médias pour limiter le nombre d’alertes sur son téléphone.
  • Faire de l’activité physique.
  • Adopter une bonne hygiène de vie : sommeil, alimentation, hydratation.
  • Éviter l’alcool et les drogues.
  • Limiter les stress financiers (ce n’est pas le temps d’aller voir la performance de ses actions)
  • Vous permettre de petits plaisirs. De la crème glacée, l’écoute d’un nouvel album de votre groupe préféré, prendre un bain…
  • Imposer ses limites si vous cohabitez avec quelqu’un. Apprenez à mieux déléguer et ne faites que les tâches essentielles.
  • Prendre du temps pour vous. Remettez-vous dans un projet que vous aviez mis de côté à cause du travail, réévaluez vos besoins et valeurs : un grand projet de ménage, la rédaction. d’un livre, l’apprentissage d’un nouvel instrument de musique, etc .
  • Augmenter toutes les sources de plaisir.

Quoi faire pour se rassurer?

Une pandémie est inévitablement anxiogène. Toutefois, pour apaiser l’anxiété les professionnels recommandent d’entamer un travail de réflexion personnelle. «Voilà ce que je dis à mes patients à tendance hypocondriaque dans tous les contextes : “Deux constats. Une bonne nouvelle et une mauvaise. Si on se fie aux statistiques, la bonne est que tu vas probablement mourir vieux. La mauvaise, c’est que ça se peut que tu meures plus jeune. On ne peut rien y changer. Oui, c’est vrai qu’il y a une infime chance de mourir plus jeune, mais c’est vraiment très peu probable“. C’est de même qu’on réussit à se rassurer. […] Vivez comme si vous alliez vivre longtemps», affirme Dr. Camillo Zacchia, psychologue spécialisé en traitement de l’anxiété.

Autrement dit, on ne devrait pas tout miser sur les possibilités - dans ce cas-ci de contracter le virus et d’en mourir - , mais sur le scénario le plus probable, soit que tout est mis en place pour limiter la propagation et que la plupart des jeunes adultes infectés survive.

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Pour mieux comprendre son raisonnement, Dr. Zacchia cite un exemple comique. «Mettriez-vous tout votre argent, incluant votre budget d’épicerie, de déplacements et autres - dans la loterie pour garantir votre retraite? C’est possible que vous gagniez un pactole et jouissiez d’une retraite formidable, mais c’est bien plus probable que vous vous retrouviez sans un sou à 65 ans. C’est stupide. Vaut mieux se fier sur ce qui est plus raisonnable, sur le scénario le plus probable [NDLR : que vous ne mourrez pas du coronavirus] et non la possibilité minime [que vous mourriez].»

Quoi faire si on angoisse?

Vous vous réveillez la nuit en sueur parce que vous avez peur d’avoir le virus? Vous sentez l’anxiété et l’angoisse monter? Pratiquez la respiration consciente ou cohérence cardiaque qui apaise momentanément… puis attendez, tout simplement, conseille Dr. Zacchia.

«S’il n’y a pas d’urgence, il ne faut pas agir tout de suite. Attendez quelques heures, même jusqu’à demain, pour voir plus clair. Ensuite, on regarde les faits, on évalue les indices de façon plus rationnelle, et on réfléchit à ce qui pourrait être raisonnable comme action. Si nos symptômes sont absents le lendemain, inutile d’aller voir le médecin. Quand on entend une alarme d’incendie, par exemple, on panique, puis quand elle s’éteint, on prend le temps d’évaluer la cause du déclenchement. “Ah, ce n’était que le grille-pain. Pas besoin d’évacuer“.»

«Toutefois, on se sert de notre logique, nuance-t-il. Si l’auto fait du bruit en la conduisant, on l’arrête, on l’évalue et si le bruit se poursuit, c’est une bonne idée d’aller chez le garagiste. Même chose dans le cas d’un symptôme qui ne passe pas le lendemain. On va chez le médecin.»

* La clinique de psychologie Berri où pratique Dr. Bilodeau offre la téléthérapie, des séances de consultation à distance, notamment pendant la pandémie de COVID-19.

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