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Le véritable prix à payer pour avoir cédé à l'ultimatum de Trump dans le secteur laitier

Malgré les avoir assurés à maintes reprises du contraire, le gouvernement Trudeau les a encore une fois sacrifiés sur l'autel de mauvaises négociations commerciales.
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Les Canadiens ne veulent pas financer la production laitière avec leurs impôts. Et ils ne veulent pas non plus que les fermes familiales cèdent la place à des fermes industrielles de dizaines de milliers de vaches.
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Les Canadiens ne veulent pas financer la production laitière avec leurs impôts. Et ils ne veulent pas non plus que les fermes familiales cèdent la place à des fermes industrielles de dizaines de milliers de vaches.

En se levant lundi matin, les producteurs laitiers canadiens ont réalisé que leur pire cauchemar était maintenant la dure réalité. Malgré les avoir assurés à maintes reprises du contraire, le gouvernement Trudeau les a encore une fois sacrifiés sur l'autel de mauvaises négociations commerciales. Face à une administration américaine qui préfère nous refiler son problème plutôt que de le régler elle-même, le gouvernement Trudeau n'a pas su se tenir debout et défendre les fermes laitières familiales et les produits laitiers de chez nous.

Pire encore, cet accord permettra aux Américains de nous dicter nos politiques laitières.

Il est ironique que les États-Unis soient souvent cités comme étant un exemple de libre marché idéal, puisqu'en fait, le marché mondial des produits laitiers n'a rien de libre. Premièrement, l'administration américaine a insisté pour que la capacité du Canada d'exporter des produits laitiers soit réduite au minimum, afin que le Canada ne puisse pas être concurrentiel sur les marchés mondiaux.

Deuxièmement, les gens qui focalisent sur les prix doivent réaliser que les consommateurs américains paient en réalité deux fois pour leurs produits laitiers - une fois par l'entremise des subventions financées par les contribuables, puis à nouveau à la caisse de leur épicerie.

En cédant aux demandes de l'administration Trump, le gouvernement Trudeau ouvre la porte à de gigantesques fermes industrielles et permettra l'adoption au Canada du modèle de l'industrie laitière américaine.

Or, les Canadiennes et Canadiens ne veulent pas financer la production laitière avec leurs impôts. Et ils ne veulent pas non plus que les fermes familiales cèdent la place à des fermes industrielles de dizaines de milliers de vaches.

L'industrie laitière canadienne a été utilisée à répétition comme monnaie d'échange pour satisfaire les aspirations commerciales de notre gouvernement. Combien de leur gagne-pain demandera-t-on encore aux producteurs laitiers de céder? L'accès combiné accordé en vertu de l'accord avec l'Union européenne et de celui avec les pays du Partenariat transpacifique équivaut déjà à lui seul à 250 millions de dollars par année en perte de production laitière au Canada, une perte qui, ultimement, profite aux industries laitières d'autres pays.

L'impact de ce nouvel accord vient donc s'ajouter aux portions déjà amputées du marché canadien.

Ne vous y trompez pas, nos producteurs laitiers ne sont pas les seuls à faire les frais de ces accords. Quelque 220 000 familles canadiennes dépendent du secteur laitier pour gagner leur vie; des gens qui travaillent entre autres pour les usines de transformation de produits laitiers, les concessionnaires d'équipements et les fabricants d'aliments pour animaux, sans oublier les vétérinaires, les camionneurs et une foule d'industries connexes.

L'effet cumulatif de ces accords commerciaux entraîne l'érosion de l'approvisionnement alimentaire intérieur sécuritaire et de qualité dont profitent actuellement les familles canadiennes. Or, préserver cet approvisionnement ne devrait-il pas être une priorité pour notre gouvernement?

Comment le gouvernement Trudeau peut-il respecter son engagement à maintenir une industrie laitière canadienne robuste, tout en concédant des quantités considérables de production laitière aux États-Unis? Notre gouvernement sera-t-il prêt à concéder une autre part du marché au Royaume-Uni lorsque celui-ci viendra cogner à notre porte pour avoir accès à notre marché des produits laitiers après le Brexit? Hélas, nous venons d'avoir notre réponse.

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