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Alec Pronovost revit la frénésie des camps de jour avec «Le Killing»

Le réalisateur puise dans ses meilleurs souvenirs pour recréer la magie de ce monde à odeur de crème solaire.
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Le nom d’Alec Pronovost commence à être connu, surtout dans le milieu de l’humour. Mais c’est pourtant sous le nom de Pergola qu’il a vécu ses expériences les plus intenses, alors qu’il était moniteur de camp de jour à Boucherville. Avec Le Killing, une série web qui en est à sa deuxième saison, le réalisateur puise dans ses meilleurs souvenirs pour recréer la magie de ce monde à odeur de crème solaire.

La première saison, mise en ligne en janvier 2019, a attiré plus de 400 000 vues.

La trame de fond du Killing, qui met notamment en vedette Jay Du Temple et Rosalie Vaillancourt, c’est le camp de jour, les moniteurs dont on ne connaît pas le vrai nom, les activités costumées, la grosse toile d’araignée dans le parc, les amours d’été. Et l’intrigue, c’est le jeu qui se déroule pendant toute la saison. Le but du «killing» est de «tuer» le moniteur qu’on a pigé, et ensuite la cible de notre victime, et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’été – et qu’on devienne ainsi le grand vainqueur, soit le «master killer». Tout ça, évidemment, en évitant soigneusement d’être un «gros laid».

Il y a trois façons de tuer: atteindre notre victime chez elle, devant sa maison, avec un «gun à fléchettes», «l’empoisonner» en mettant du tabasco ou du vinaigre dans son verre, ou la «poker» avec un couteau en plastique, alors qu’on est vêtu d’une cagoule de ninja (ce qui donne évidemment lieu à des scènes savoureuses). Avouez que ça vous donne le goût de jouer, hein?

«J’ai joué exactement à cette version-là du “killing”, pendant que j’étais moniteur, précise Alec Pronovost, qui a écrit et réalisé la série. Elle avait été instaurée par la blonde de mon frère, Arôme.»

Il se rappelle même (amèrement) avoir été trahi par sa propre mère, alors que son assaillant s’était caché sur son terrain pour finalement le cribler de fléchettes en caoutchouc.

Quenouille (Daphnée Côté-Hallé) et Clochette (Louis Carrière)
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Quenouille (Daphnée Côté-Hallé) et Clochette (Louis Carrière)

Cette année, la gang du Killing revient en force, alors que Clochette (Louis Carrière) est décidé à séduire Quenouille (Daphnée Côté-Hallé) une bonne fois pour toutes et à devenir «master killer» (mais est-ce vraiment ce qu’il veut, au fond?). La durée des dix épisodes a presque doublé, comparativement à la première saison. On passe aussi de huit à dix épisodes.

Du matériel riche

Le réalisateur de 26 ans, qui est derrière de multiples capsules humoristiques de Julien Lacroix, de Rosalie Vaillancourt et de David Beaucage, entre autres, avait envie de replonger dans ses souvenirs des cinq étés mémorables pendant lesquels il a été moniteur de camp de jour. Du matériel riche, selon le scénariste.

«J’ai tellement aimé ça! Tu vis un été en condensé… Tout est plus intense: les partys, les chicanes, les amourettes… Et il y a une fin inévitable: la fin de l’été, qui clôt le chapitre. Narrativement, je trouvais ça super intéressant.»

Alec Pronovost a un peu l’impression de revivre l’époque où il était connu sous le nom de Pergola (Pergo pour les intimes), quand il tourne Le Killing.

Alec Pronovost et Louis Carrière
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Alec Pronovost et Louis Carrière

D’abord, l’école où est tournée la web série, à Boucherville, était en partie son lieu de travail, quand il avait la moustache plus molle qu’aujourd’hui. Le gymnase qu’on voit dans la série, c’est le même gymnase où il a été reçu en entrevue, et où il a lui-même fait passer des entretiens d’embauche à des moniteurs en devenir, plus tard, quand il est devenu chef de camp.

Et pour respecter l’horaire de l’école (où les élèves reviennent à la fin août), en plus de celui des comédiens, et des humoristes qui participent à plusieurs festivals (et de Jay Du Temple, qui s’envole vers une destination exotique à la fin de l’été)… disons que la période de tournage est condensée (trois semaines) et le rythme, effréné!

«Avec l’équipe de tournage, c’est devenu un peu la même énergie que dans un camp de jour. C’est un beau cadeau pour niaiser pendant trois semaines. On travaille fort, mais c’est une belle bulle de job. Disons que je n’ai aucune misère à me lever à 5h du matin pour aller travailler. Tout le monde est de bonne humeur, il y a des ballons partout, les gens jouent au basket entre deux scènes…»

«Quand on finit le tournage, on a l’impression que c’est un peu notre fin d’été à nous», ajoute-t-il.

Jay, le plus émerveillé

Comme le réalisateur, qui a étudié en cinéma à l’UQAM, avait beaucoup travaillé avec des humoristes, il était tout naturel pour lui de continuer dans cette voie. Il a donc écrit des (petits) rôles sur mesure pour Jay Du Temple (le beau Hercule), Rosalie Vaillancourt (Slingshot, un peu psychopathe sur les bords) et David Beaucage (le délicieusement gossant Vertèbre). Mais il reste que les rôles principaux, l’attendrissant Clochette et la belle Quenouille, sont joués par des «vrais» comédiens. Cela demande une direction un peu différente, explique Alec Pronovost.

«Avec les comédiens, on construit le “back story”, on bâtit le personnage. Pour les humoristes, c’est un peu des variations de trucs que j’ai déjà faits avec eux.»

Pour Jay Du Temple, l’idée était de lui bâtir un personnage qui utilisait son physique «d’un des plus beaux hommes du Québec»... mais qui allait un peu à contre-emploi, en en faisant un attachant abruti.

C’est peut-être celui qui avait le moins d’expérience sur des plateaux de tournage... et celui qui a en même temps le plus de fun, raconte le réalisateur.

«C’est le plus émerveillé par la magie des plateaux! Pendant la première saison, il se sentait un peu imposteur, mais je l’ai guidé. Je lui ai dit: “garde ton naturel, ton charisme, mais fais-en une version plus bêta de toi-même, plus lovable goofy”. Et il y a pris goût. Ça s’est placé naturellement.»

Une saison 3?

La deuxième saison de Le Killing vient d’être mise en ligne sur le site de noovo.ca, mais Alec Pronovost et Alexandre Pelletier (un autre ancien des camps de jour, qui est aussi scénariste) travaillent déjà à l’élaboration d’une troisième saison.

«On aimerait bien boucler la boucle avec une saison 3, admet Alec Pronovost. Avec le casting et les projets de tout le monde, ça serait dur d’en faire plus, mais trois étés, ça serait bon. C’est généralement le nombre d’étés que les moniteurs passent dans un camp de jour.»

Le succès que connaît la web série pourrait bien donner les clés d’une suite à ses créateurs. En plus d’être célébrée par tous les Gruau, Crayon, Renard, Glue et Pizza de ce monde, la série a remporté un prix Numix, et a été nommée aux Gémeaux et au gala Les Olivier.

«On se croise les doigts pour la suite», confie Pergola… euh, Alec Pronovost.

Les deux saisons de Le Killing sont en ligne sur noovo.ca.

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