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Confinement : à un verre de vin de l’alcoolisme?

Une pause d'alcool s'impose peut-être.
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Suffit d’aller faire un tour sur les réseaux sociaux pour constater que le verre de vin quotidien est devenu la norme pour nombre de Québécois en confinement. François Legault le recommande pour apaiser le stress, d’autres rient du fait qu’ils débouchent une bouteille dès midi en semaine… Et si ce n’était pas «juste un verre de vin»?

Un sondage CROP mené pour Éduc’Alcool montrait il y a quelques semaines qu’une grande majorité de nos concitoyens (82%) n’avaient pas augmenté leur consommation d’alcool et qu’une poignée de gens avait même posé la bouteille pendant le confinement.

La situation n’est cependant pas moins préoccupante, selon Anne Elizabeth Lapointe, directrice générale de la Maison Jean Lapointe, spécialisée dans le traitement de l’alcoolisme. «Si on inverse les chiffres, ça veut aussi dire que 18% des Québécois, soit près de 1 sur 5 ont bu davantage et adoptent des comportements et habitudes inquiétantes qui auront des impacts sur leur consommation future. Faut pas banaliser ça», dit-elle.

Selon un autre sondage Léger mené pour la Maison Jean Lapointe, 14% des femmes (surtout les 35-54 ans) et 18 % des hommes (surtout 18-34 ans) consomment davantage pendant la crise.

Le problème, selon Mme Lapointe, ce ne sont pas les gens qui boivent un verre de vin de plus par semaine, mais ceux qui boivent désormais tous les jours, qui consomment tout seuls alors qu’ils ne le faisaient pas auparavant, et qui développent ainsi insidieusement une tolérance et une dépendance à l’alcool qui les suivront après la crise et qui auront des impacts sur leur santé à long terme.

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«Plus besoin d’excuses pour consommer. C’est comme banalisé de boire n’importe quoi et n’importe quand. “So what s’il est midi?“ Nos repères sont perdus, s’inquiète-t-elle. L’alcool c’est une drogue, mais personne la reconnaît comme une drogue. Et ne va pas l’interdire ou l’encadrer davantage, tu vas faire ben des mécontents.»

Le psychologue François Bilodeau surenchérit. «L’alcool, c’est une substance psychoactive. Oui, ça aide à diminuer l’anxiété, mais on ne devrait jamais s’en servir comme automédicamentation. C’est une mauvaise association. Plus vous buvez, plus il y a d’isolement et donc encore plus d’anxiété.»

Quand boit-on trop?

Vous avez déjà dépassé les limites de consommation prescrites par les autorités, soit de 10 verres par semaine pour la femme et 15 pour l’homme? Vous n’êtes pas nécessairement alcoolique, mais vous devriez vous questionner sur votre consommation si vous le faites à répétition.

Voici quelques autres exemples indiquant une problématique de consommation :

  • Vous vous sentez stressé, irrité, triste ou angoissé lorsque vous ne buvez pas;
  • Vous pensez souvent à boire un verre d’alcool;
  • Vous avez hâte que la journée de travail finisse pour boire;
  • Lorsque vous ne pouvez pas boire, vous vous dites que vous allez avoir une soirée plate;
  • Vous mentez par rapport à votre consommation;
  • Vous vous sentez coupable d’avoir bu le lendemain;
  • Vous avez dû prendre congé de travail à cause d’une cuite;
  • Vous cédez à votre résolution de ne pas boire certains soirs;
  • Vous êtes moins alerte au travail;
  • Vous perdez parfois le contrôle lorsque vous consommez.
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Selon Dr. Bilodeau, on sait ultimement qu’il y a une dépendance à l’alcool lorsque la consommation affecte nos activités régulières ou qu’on a trop souvent envie de consommer.

Comment revenir à nos bonnes habitudes?

«Adopter des nouvelles habitudes de consommation, c’est pas long. Les changer, c’est vraiment difficile. Malheureusement, quand tu commences à être dépendant, le cerveau te joue des tours pour te dire que t’es pas dépendant», affirme la directrice générale de la Maison Jean Lapointe.

C’est pour cette raison qu’elle recommande de tenir un journal de consommation pendant le confinement pour aider les gens à identifier leurs excès. Une fois ces derniers assimilés, une pause d’alcool s’impose afin de «déshabituer» son système progressivement. Selon Mme Lapointe, presque n’importe qui peut arriver à réduire sa dépendance avant qu’elle ne devienne problématique en arrêtant de boire.

Il ne faut surtout pas croire, en revanche, qu’on peut s’enivrer à volonté et «arrêter quand on veut». «Ça, c’est de la pensée magique. N’attendez pas qu’il soit trop tard», conseille-t-elle.

Pour aplatir la courbe de la consommation d’alcool, la Maison Jean Lapointe propose depuis peu ses services d’accompagnement en ligne, puis songe à mettre sur pied un second défi 28 jours sans alcool, qui a habituellement lieu tous les ans en février.

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