Notre démocratie s'est grandement améliorée au courant du dernier siècle en permettant à plusieurs individus historiquement exclus des lieux de pouvoir de prendre part au processus décisionnel. À titre d'exemple, rappelons que les femmes québécoises ont dû attendre jusqu'en 1940 pour voter aux élections québécoises et les Autochtones vivant sur les réserves jusqu'en 1960.
Les jeunes ont dû attendre jusqu'en 1964 pour voir leur droit de vote passer de 21 ans à 18 ans. La pression de la génération issue du baby-boom avait convaincu le gouvernement Lesage d'abaisser ce droit à 18 ans. Nous pensons qu'il faut aller encore plus loin, mais pour des raisons diamétralement opposées à celles qui ont motivé la société des années 60. Contrairement à la génération du baby-boom, notre génération représente une minorité de la population québécoise. Nous n'avons pas la force du nombre et c'est justement pour rééquilibrer le poids des jeunes dans la démocratie québécoise que nous devrions abaisser le droit de vote à 16 ans. Il y avait 6 millions d'électeurs au Québec en 2014. En abaissant le droit de vote à 16 ans, on ajouterait environ 200 000 électeurs entre 16 et 18 ans, soit une augmentation de 3 % du corps électoral. Dans un contexte où les élections se jouent par de petites marges, il s'agit d'un geste fort qui forcerait les partis politiques à s'intéresser davantage aux enjeux des jeunes Québécois.
Une telle politique favoriserait également la participation électorale des jeunes. La première élection d'un électeur revêt un caractère déterminant pour la suite des choses. En effet, une personne qui omet de voter à sa première élection tendra à ne jamais aller s'exprimer démocratiquement au cours des années subséquentes. À 16 ans, une majorité de jeunes sont à la fin de leur parcours à l'école secondaire et sont plus faciles à mobiliser pour aller s'exprimer puisqu'ils ne sont pas encore dispersés entre les aléas de l'école, le boulot et les préoccupations professionnelles. De plus, les jeunes de 16 ans peuvent déjà voter pour choisir les chefs de partis et donc les aspirants premiers ministres. Pourtant, on ne les estime pas assez matures pour choisir les députés qui les représenteront.
Les jeunes de 16 à 18 ans contribuent activement à l'économie québécoise et ils méritent d'avoir voix au chapitre. Bien sûr, la maturité se développe avec le temps, mais nous croyons qu'en traitant les jeunes de plus de 16 ans comme des citoyens, ils se comporteront en citoyens. Notre démocratie a besoin d'un coup de jeune et nous pensons que 200 000 jeunes électeurs supplémentaires ne seront pas de trop pour rééquilibrer la démographie québécoise. À titre d'exemple, les Québécois de plus de 65 ans sont passés de 7% à 16% de la population entre 1970 et aujourd'hui. Le débat n'est pas nouveau, les arguments sont similaires, mais le contexte est différent. Pour s'en convaincre, voyez ce que pensait le Québec des années 1960 de l'abaissement du vote à 18 ans en cliquant ici.
VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST