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Adidas et le français

«L’affaire Adidas» n’est qu’une facette de la problématique multidimensionnelle de la place du français comme langue de communication, de travail et d’usage au Québec.
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Michaela Rehle / Reuters

La levée de boucliers suscitée par la bourde spontanée et peut-être intentionnelle du gérant du magasin d'Adidas du centre-ville de Montréal ressemble plus à une tempête dans un verre d'eau qu'à une véritable tornade politique. Certes, des réactions se sont fait entendre jusqu'au fin fond des arcanes de l'Assemblée nationale, mais à contrario tout le monde n'attend que de simples excuses de la part de la multinationale au lieu d'analyser les causes de cet «incident» qui fait la démonstration des insuffisances de l'application des lois.

Plus grave, la vérificatrice générale a au même moment publié son rapport sur la francisation des nouveaux arrivants et ses conclusions qui sont dévastatrices pour le gouvernement libéral du Québec sont à peine discutées, abordées et commentées, par les ténors des médias francophones.

Ça l'est d'autant plus que ce même rapport fait état de la déperdition des nouveaux locuteurs francisés au profit d'un monde plutôt anglophone. En effet, selon toute vraisemblance une fois «francisés», ces futurs citoyens n'utilisent la langue de Félix Leclerc qu'avec parcimonie et préfèrent parler celle de Shakespeare.

De mon petit point d'observation, je constate que deux problèmes viennent meubler les espaces communicationnels; le premier est la place du français dans le monde du travail et par extension de toute la société du Québec et le second réside dans les résultats de la loi 101 sur son utilisation, non seulement, dans la sphère publique, mais aussi privée ainsi que ses effets sur l'intégration de futurs citoyens du Québec.

Alors, selon mon point de vue «l'affaire Adidas» n'est qu'une facette de la problématique multidimensionnelle de la place du français comme langue de communication, de travail et d'usage au Québec.

Des causes et de leurs effets

Ce qui est pénible, ce qui est délirant, ce qui est inacceptable c'est qu'au lieu de chercher les ajustements et les solutions aux causes d'un tel délitement tout le monde, ou presque, réagit aux effets, aux impacts et aux conséquences beaucoup plus sur les états d'âme que sur les fondements culturels et même identitaires que cela génère. Au lieu d'agir en amont on refait les mêmes erreurs en focalisant sur les conséquences immédiates d'une dérive d'un employé qui aurait pu rester lui-même et faire son «speech» en anglais sans que cela attire l'attention de qui que ce soit...

C'est là un dysfonctionnement qui peut être corrigé sans attente.

Or, les deux principales causes de cette double inconvenance résident d'abord dans la politique générale de l'utilisation du français en tant que langue nationale et bien entendu le contenu de la loi 101 qui est dans bien des parties de son contenu obsolète et dans son application inappropriée et pour exemple je citerais l'exigence faite par quasiment tous les employeurs de la maîtrise de l'anglais par les candidats aux emplois publiés sans que le gouvernement n'agisse sur la problématique de son effet directement sur l'augmentation du chômage de certaines communautés. C'est là un dysfonctionnement qui peut être corrigé sans attente.

La seconde cause se situe dans le modèle de la francisation des nouveaux arrivants. Totalement désuet lorsqu'on sait qu'ailleurs dans le monde l'apprentissage d'une langue nationale se fait avec l'aide de méthodes modernes et de la technologie – ordinateurs, laboratoire de langue, cours intensifs, etc. -. Par conséquent, il nécessite des adaptations énergiques et rapides ou tout simplement une révision totale et complète pour qu'il soit en phase avec l'utilisation fonctionnelle de la langue dans l'espace public et dans le monde du travail. Le gouvernement doit agir vite et avec efficacité.

Avril 2018

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