Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

À 61 ans, j’en viens à accepter la possibilité de vieillir célibataire

Je n'ai pas été dans une relation d’engagement à long terme depuis la mort de mon mari il y a près de 21 ans.
Edie Weinstein
Courtoisie/Edie Weinstein
Edie Weinstein

Lorsque j’ai marché dans l’allée le 2 mai 1987 pour dire «Oui, je le veux» à l’homme que j’avais rencontré sept mois plus tôt, je prévoyais que nous partagerions une longue vie ensemble.

Nous nous étions rencontrés quand j’avais 28 ans et qu’il en avait 36. Un ami commun nous avait présentés lors de l’entracte d’une conférence. Notre mariage a été ce que je qualifierais de «paradoxal»: constitué d’amour, mais avec d’importants dysfonctionnements. Je frissonne quand je pense que j’ai laissé passer tout ça pendant notre relation.

Michael a grandi dans une famille avec un père alcoolique et une mère souffrant de dépression et d’anxiété. Ses parents ont divorcé en n’étant pas en bons termes. Et Michael, il était censé prendre parti.

Mon mariage fonctionnait selon une dynamique de loyauté aveugle. Si je n’étais pas du côté de mon mari face à quiconque en désaccord avec lui, je n’étais pas loyale. Je me sentais comme si j’étais toujours testée et prise en défaut. Je pensais que je pouvais guérir les blessures émotionnelles qu’il portait, mais j’ai réalisé que c’est un travail intérieur qui est nécessaire. Sa souffrance se répandait dans notre maison.

“J’avais honte d’être dans une telle situation, parce qu’en tant que thérapeute, j’aurais conseillé à mes clients de partir.”

Dans mon mariage, l’amour et les abus se côtoyaient. C’était principalement émotionnel, mais il y eu deux épisodes de violence physique. Les deux fois, il a exprimé des remords, mais je me me demandais quand est-ce que ça se reproduirait. J’avais honte d’être dans une telle situation, parce qu’en tant que thérapeute, j’aurais conseillé à mes clients de partir.

En 1992, il a reçu un diagnostic d’hépatite C et je suis devenue son aidante, comme le dit la partie «dans la santé et dans la maladie» de nos vœux de mariage. J’espérais que de l’aider dans ses activités du quotidien le rendrait comme par magie plus gentil et plus patient. La même année, nous avons adopté notre fils, alors âgé de 5 ans, qui est entré dans nos vies avec sa propre histoire et son bagage.

Ce que j’ai découvert, à ma grande déception, c’est que même avec mes fortes compétences en tant que thérapeute professionnelle, j’étais incapable de faciliter une relation saine entre eux et entre Michael et moi-même. Un mois après avoir adopté Adam, j’ai eu une grossesse ectopique. Quelques mois plus tard, nous avons perdu notre maison à cause des vents violents et de la montée des eaux de l’ouragan Andrew en Floride. Ça aurait pu annoncer la fin du mariage, mais nous nous sommes ressaisis.

Michael a pris son dernier souffle le 21 décembre 1998 et depuis, j’ai eu des relations à court terme, des amants et des «friends with benefits». Je n’ai pas eu de relation d’engagement à long terme depuis la mort de mon mari il y a près de 21 ans. Ce n’est pas le style de vie que j’ai choisi consciemment, mais je me suis retrouvée à vivre plusieurs relations simultanées.

J’ai fait des rencontres sur Internet pendant des années, en étant à la fois ravie et déçue. J’ai vécu une expérience d’escroquerie il y a environ un an, puis ensuite j’ai rencontré un homme qui est devenu une personne charnière dans ma vie, mais nous savions que nous n’étions pas l’âme sœur l’un de l’autre. Nous nous parlons maintenant plusieurs fois par année.

“Bien que j’aime être célibataire parce que j’ai la liberté de créer ma propre vie, je m’ennuie en même temps de la compagnie d’un partenaire.”

Mon fils m’a dit que je ne trouverais jamais un homme avec les qualités que je recherche et que je dois plutôt être avec une femme. Je lui ai dit que je n’avais jamais rencontré de femme avec qui je me verrais en relation, même si je demeure ouverte à accueillir cette femme si elle finit par arriver.

J’ai une autre amie divorcée depuis longtemps qui affirme qu’il faudrait quelqu’un d’exceptionnel pour la sortir de sa vie de célibataire. Bien que j’aime être célibataire parce que j’ai la liberté de créer ma propre vie, je m’ennuie en même temps de la compagnie d’un partenaire. J’ai des amis incroyables qui répondent à certains de mes besoins. J’aimerais pouvoir créer une personne composée de toutes les merveilleuses qualités de ceux que je connais.

J’ai fait tout ce que les coachs conseillent, comme le feng shui dans ma maison, la conception d’un «vision board», une liste des qualités que je désire chez un partenaire, agir comme je le ferais si j’étais dans une relation, en parler, être le genre de personne que je veux attirer, m’aimer comme je veux être aimée.

J’ai organisé des cérémonies de mariage au cours desquelles je me suis «mariée» moi-même. Je me crée des rendez-vous galants. Je n’ai aucune crainte d’aller n’importe où seule. Films, dîners, concerts, promenades dans le parc - toutes les choses que j’aimerais faire tout en tenant la main d’une personne significative. J’ai écrit des cartes et des poèmes que j’offrirais à cette personne.

J’ai regardé avec nostalgie des couples qui sont complètement gaga et je me souhaite ça. J’ai également entendu des histoires de violence en relation et je soupire de soulagement d’être en solo dans ce contexte. C’est tellement moins compliqué d’être la seule à devoir prendre des décisions qui concernent ma vie, la seule à devoir être prête à temps pour sortir de la maison, la seule à respecter mes normes de propreté, sans attendre que quelqu’un d’autre rencontre mes attentes.

Lorsque j’officie lors d’un mariage ou que j’y assiste en tant qu’invitée, sans accompagnateur à mes côtés ou sur la piste de danse, un sentiment de nostalgie m’habite parfois. Je vis ce genre d’allers-retours au quotidien.

J’ai travaillé avec quelques coachs qui m’ont aidée à éplucher mes couches et à mieux me connaître, mais ça n’a pas encore attiré l’amour de ma vie. J’avais l’habitude de croire que pour être amoureux, les gens devaient avoir un petit bagage avec eux (ou du moins qu’il rentre dans le compartiment du haut), une indépendance financière, être en bonne santé et nécessiter peu d’entretien avec un minimum de drame dans leur vie, tout ça dans un joli emballage.

Pourtant, il y a des gens comme moi qui ont fait le travail pour être prêts à être en relation et qui sont toujours en solo. Et il y a ceux qui remplissent peu ou aucun des critères énumérés ci-dessus qui ont des partenaires dévoués.

Je sais que je suis la bonne personne pour moi-même, que j’ai ce qu’il faut, que je suis faite pour être en relation, malgré mes blessures et mes craintes d’attirer la même dynamique que j’ai connue dans mon mariage. Des amis tentent de m’assurer que je ne le revivrai pas, parce que j’ai évolué de façon spectaculaire au cours des deux décennies qui ont suivi la mort de Michael.

Une partie de moi est également décédée ce jour-là, remplacée par la personne résiliente que je suis et qui mène une vie riche, remplie et fructueuse.

Je me demande, comme beaucoup de mes amis célibataires dans la cinquantaine et au-delà, que se passera-t-il si je ne suis jamais à nouveau dans une relation d’engagement?

Je viens d’avoir 61 ans et j’imagine qu’il me reste encore 20 ans à vivre. Et si je reste célibataire pendant ces décennies? J’accepte cette possibilité parce que je pourrais embrasser une vie sans partenaire.

“Serai-je satisfaite de combler certains de mes besoins comme l’affection, l’attention, le sexe et la camaraderie seulement sporadiquement?”

À quoi ça ressemblerait? J’y réfléchis. Vais-je faire partie de ces femmes excentriques plus âgées qui vivent une existence non conventionnelle? Je le fais déjà, selon mon fils. Sa «maman hippie bizarre» dont la couleur et le piquant, mis en valeur par des cheveux violets, l’embarrasse parfois autant que lorsqu’il était adolescent.

Serai-je satisfaite de combler certains de mes besoins comme l’affection, l’attention, le sexe et la camaraderie seulement sporadiquement? Est-ce que je pourrai cesser de me juger, puisque personne d’autre dans ma vie ne désapprouve mon statut de célibataire?

Je demande parfois à ma destinée: «Est-ce le jour où vous vous présenterez?» Est-ce que je me cache à la vue de tous malgré le fait que je me sens transparente et entièrement visible? Les gens continuent de me dire que lorsque j’arrêterai de m’attacher au résultat, cette personne va effectivement frapper à la porte de mon cœur.

En attendant, garder mon cœur ouvert à moi est essentiel. Je suis toujours et pour toujours, l’amour de ma vie.

Ce texte, initialement publié sur le site du HuffPost États-Unis, a été traduit de l’anglais.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.