Invoquant les « intérêts supérieurs de Montréal », le maire Denis Coderre a confirmé qu'il avait recruté au sein du comité exécutif de la Ville celui qui dirigeait jusqu'à tout récemment l'opposition officielle, Richard Bergeron. L'ex-chef de Projet Montréal a admis que l'enjeu d'un service de train léger sur rail (SLR) avait servi de « déclencheur » à sa décision.
Le maire Coderre a précisé au cours d'un point de presse commun que son nouvel acolyte aura un rôle important à jouer dans la mise en place de la nouvelle stratégie du centre-ville. M. Bergeron, qui est conseiller dans le district de Saint-Jacques, assumera l'élaboration de la stratégie de SLR au centre-ville et le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie.
« Richard est quelqu'un qui amène une grande intégrité. C'est un penseur qui amène de la profondeur à Montréal. »
— Denis Coderre
Le principal intéressé a déclaré recevoir « comme un honneur » le fait de se joindre à l'administration Coderre, saluant l'« esprit nouveau qu'il y a depuis un an à Montréal ».
Il participera dès mercredi au comité exécutif, où il agira à titre d'observateur, puisqu'il n'aura pas, dans un premier temps, le droit de vote, en vertu de la loi provinciale actuelle. La loi limite à 11 le nombre d'élus pouvant siéger au comité exécutif, et cette limite est déjà atteinte. Québec a cependant accepté d'amender la Charte de la Ville pour abolir cette règle. Il siégera en outre comme indépendant.
Le SLR a pesé dans la décision
Soulignant l'urgence de la situation, Richard Bergeron a admis que l'intégration d'un éventuel SLR sur le pont Champlain, un projet qui lui est cher, avait servi de « déclencheur ». Dans ce dossier, ça prend « un signal politique très fort », a-t-il poursuivi. « Ce signal ne pouvant venir que du maire de Montréal, j'ai demandé il y a un peu plus d'un mois à rencontrer le maire de Montréal sur ce sujet », a-t-il indiqué.
Le projet, mis de l'avant par M. Bergeron, mais soutenu par l'ensemble du conseil municipal, ne semble pas enthousiasmer outre mesure le gouvernement du Québec.
« On ne peut pas tolérer que le SLR entre la Rive-Sud et le centre-ville de Montréal ne soit pas mis en service simultanément au nouveau pont Champlain, en décembre 2018 », a-t-il soutenu. Le délai de trois ans entre les deux annoncé jusqu'ici par ceux qui ont pris la parole sur le sujet est intolérable. »
Richard Bergeron a également salué « la volonté de Denis Coderre de rassembler » des talents et sa capacité à faire entendre la voix de la métropole à Québec dans différents dossiers.
« La deuxième raison [expliquant ma décision], c'est sa capacité à obtenir du gouvernement du Québec ce qui est nécessaire pour Montréal. »
— Richard Bergeron
M. Bergeron a aussi invoqué l'importance des enjeux reliés au centre-ville, « interface entre le Québec tout entier et le reste du monde » et point de « rencontre entre le meilleur de l'Europe et le meilleur de l'Amérique ».
Projet Montréal sert un avertissement
Luc Ferrandez, qui assure l'intérim à la tête de Projet Montréal - fondé par Richard Bergeron il y a 10 ans - dit comprendre l'importance du SLR aux yeux de l'ancien chef. « Pour lui, cet objectif était plus grand que tous les autres, plus grand que la somme de tous les autres enjeux municipaux », a-t-il déclaré.
Il a ajouté souhaiter « bien du courage » à celui qui a quitté la direction de son parti il y a trois semaines à peine. « M. Coderre ne tolère aucune opposition. Les gens qui rejoignent son comité, il les musèle », a-t-il dit.
Si Richard Bergeron « vote pour la réforme des projets d'arrondissements, il va m'avoir dans mon chemin », a-t-il averti, à titre d'exemple.