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Les maisons des jeunes: «C'est le fun, sécuritaire et enrichissant»

Des rallyes, des galas, des matchs d’improvisation, des cours de musique, des ateliers de cuisine... Les possibilités sont nombreuses, car elles varient selon les désirs des adolescents qui fréquentent les maisons des jeunes.
La 22e Semaine des maisons des jeunes se tient du 14 au 20 octobre 2019.
Courtoisie/Regroupement des maisons des jeunes du Québec
La 22e Semaine des maisons des jeunes se tient du 14 au 20 octobre 2019.

Si vous n’avez jamais mis les pieds dans une maison des jeunes, vous croyez peut-être qu’il s’agit d’un endroit où des petits bums chillent dans un divan, se rencontrent pour fumer des gros bats et faire du vandalisme. Pourtant, il s’agit plutôt d’un milieu de vie où des intervenants qualifiés encouragent les jeunes à développer leur esprit critique, à se responsabiliser et à prendre part à la vie citoyenne, insiste Nicholas Legault, directeur du Regroupement des maisons de jeunes du Québec (RMJQ).

«Ce qui se passe là, c’est le fun, c’est sécuritaire et c’est enrichissant. Et c’est gratuit!» précise Étienne Dano, co-porte-parole de la Semaine des maisons des jeunes, qui se déroule ces jours-ci un peu partout au Québec. M. Legault et M. Dano invitent d’ailleurs tous deux les parents, les ados qui ne connaîtraient pas ce milieu ou les voisins inquiets à aller visiter celle de leur quartier pour voir ce qui s’y fait.


Des rallyes, des galas, des matchs d’impro, des cours de musique, des ateliers de cuisine... Les possibilités sont nombreuses, car elles varient selon les désirs des jeunes âgés entre 12 et 17 ans qui fréquentent les maisons. Ce sont eux qui décident de ce qui s’y passe, de façon démocratique. Jusqu’à la couleur des murs. Il n’y a pas de frais d’adhésion, et un adolescent peut fréquenter une maison de jeunes à la fréquence qu’il le souhaite, que ce soit juste une fois ou pendant cinq ans.

«Une maison des jeunes, c’est un milieu de vie, résume Nicholas Legault. C’est un organisme où les adolescents vont après l’école, et où ils peuvent rester jusqu’à la fermeture. On les accompagne et on les soutient dans leur vie quotidienne.»

La mission des maisons des jeunes, nées d’un projet-pilote ayant vu le jour en 1976, est d’offrir aux jeunes de 12 à 17 ans un milieu animé, en contact avec des adultes, pour leur permettre d’être des citoyens actifs, critiques et responsables, explique le directeur du RMJQ. Aujourd’hui, il y en a plusieurs centaines à travers la province, qui accueillent plus de 60 000 adolescents.

«Les jeunes ont un contact privilégié avec des adultes qui ne sont pas leurs parents ou leurs professeurs, souligne Nicholas Legault. Les intervenants sont un peu comme des grands frères ou des grandes soeurs, dont l’objectif de rendre les ados critiques.»

Étienne Dano a été l’un de ces grands frères, avant d’avoir une carrière d’humoriste. D’abord en Montérégie – à Beauharnois, sa ville natale –, puis dans le quartier Centre-Sud à Montréal. Il a vu tout le bien que ces organismes peuvent faire aux ados.

L'humoriste Étienne Dano est porte-parole de la Semaine des maisons des jeunes depuis cinq ans.
Courtoisie/Regroupement des maisons des jeunes du Québec
L'humoriste Étienne Dano est porte-parole de la Semaine des maisons des jeunes depuis cinq ans.

«J’en ai vu, des jeunes s’épanouir... Des jeunes qui rentrent à 12 ans et qui en ressortent à 17 ans, volant de leurs propres ailes», raconte-t-il.

«Des jeunes qui au début, ne parlaient à personne, par exemple, ajoute-t-il. Et après un ou deux ans, ils étaient rendus super sociaux. Ç’a l’air quétaine, mais j’ai vu beaucoup de jeunes prendre confiance en eux. Peu importe leur style, leur couleur, leur race, s’ils avaient de l’argent ou pas, ils étaient tous égaux aux yeux des animateurs. Et ça, ça donne confiance.»

«Il y a des jeunes qui ne veulent pas être à la maison»

Il y a des adolescents pour qui la maison des jeunes est salvatrice, renchérit Nicholas Legault.

«Vous savez... Il y a des jeunes qui ne veulent pas être à la maison. Il y a des jeunes qui ne se font pas demander comment ils vont, le matin. Nous, la première chose qu’on fait quand ils arrivent ici, c’est de créer un lien avec eux. Juste ça, de se faire considérer... Certains partent de chez eux, les parents sont tellement débordés, en mode survie, qu’ils n’ont pas l’occasion de vivre le moment clé de réel partage avec leur jeune.»

Étienne Dano se souvient des ateliers de cuisine auxquels les jeunes participaient, une ou deux fois par semaine, lorsqu’il travaillait dans Centre-Sud.

«On leur montrait comment faire une épicerie et que tu peux avoir du plaisir à faire de la bouffe. Certaines familles n’avaient pas beaucoup de sous. Si les jeunes allaient souper à la maison, ils allaient manger une toast... Ça leur permettait d’avoir un repas complet.»

Étienne Dano a toujours eu la même approche pendant les quelques années où il était intervenant: être soi-même.

«J’avais 23-24 ans. J’étais un adulte, mais proche de leur âge. Je n’ai jamais essayé de jouer un personnage ou d’embarquer dans leurs expressions... de faire l’animateur qui veut être cool, comme Jocelyne dans Radio-Enfer! Je les taquinais quand ils utilisaient leurs expressions. Et je mettais souvent une touche d’humour pour casser la glace et embarquer dans leur univers.»

Encore pertinent?

Les adolescents ont toutes sortes de plateformes pour se retrouver, aujourd’hui. Les réseaux sociaux, les jeux vidéo... Pourquoi auraient-ils besoin d’une maison des jeunes?

«Je pense que c’est important de les ramener à la base, de leur montrer qu’il existe des humains avec qui ils peuvent avoir des relations directes, insiste Étienne Dano. La maison des jeunes, c’est un endroit sécuritaire où ils peuvent se rencontrer entre eux.»

Et malgré tous les changements technologiques qui défilent à la vitesse de la lumière, un adolescent va toujours vivre les mêmes questionnements, que ce soit il y a 30 ans ou maintenant, croit Nicholas Legault. Une maison de jeunes, c’est synonyme d’une certaine protection dans une communauté.»

La Semaine des maisons de jeunes est en cours jusqu’au 20 octobre. Pour connaître les activités qui se déroulent dans votre région, visitez le site Internet du RMJQ.

À voir aussi: notre entrevue avec le documentariste Stéphan Parent, parti «Sur les traces de Cédrika Provencher»

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