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20 ans de Breastfeeders: retour sur le parcours d'un band devenu «mythique»

«Je me rappelle d’une époque où on parlait de nous comme les "jeunes chouchous de la scène locale". Maintenant, on est tout le temps vus comme des vétérans… Il y a ce petit côté-là que je n’haïs pas.»
Les Breastfeeders
Lynn Poulin/Coup de coeur francophone
Les Breastfeeders

En 20 ans, les Breastfeeders ont su s’attirer une myriade de fans, séduits par leurs refrains accrocheurs, leurs harmonies vocales, et, surtout, leurs prestations endiablées.

Grâce à «400 Milles», «Danser sur ma tombe», «Ne perds pas la tête (Marie-Antoinette)», «La fille dans la vitrine», «Ma mort d’avant ma mort» et plusieurs autres, la troupe du coloré Johnny Maldoror – alias Martin Dubreuil – est devenue un véritable pilier du rock indépendant québécois. Retour sur deux décennies de musique d’un groupe qui n’a pas pris une ride, avec le chanteur-guitariste Luc Brien.

Comment on se sent de réaliser que ça fait 20 ans que son groupe existe?

LB: Ça crée un choc, parce qu’on ne s’en aperçoit pas… Comme n’importe qui qui commence à prendre de l’âge, un moment donné, le temps passe tellement vite que tu ne le réalises pas, et tu te ramasses avec le fait que ça fait 20 ans que ça existe…

En même temps, la vie te le dit… L’autre fois, à Trois-Pistoles, il y a quelqu’un qui m’a lancé: «La première fois que je vous ai vus, j’avais 8 ans. Là, j’ai 30 quelques.» Ça m’avait bien gros marqué. Ou j’ai des commentaires du genre: «Ah, quand j’étais petit, mes parents écoutaient tout le temps ça!»

On est déjà rendus vieux de même (rires)!

Dirais-tu que ta perception du fait de faire de la scène a changé depuis vos débuts? Vois-tu ça différemment, aujourd’hui?

LB: Non. C’est drôle, parce qu’on est toujours pas mal la même gang; on est [encore] quatre membres fondateurs sur six. Ç’a changé à la batterie quelques fois et à la guitare aussi, mais on est pas mal la même gang, le même type de show; ça, ça n’a pas changé. [...] On s’habille quasiment pareil, on a presque les mêmes cheveux. C’est weird; ça passe vite.

Ressentez-vous la pression d’être constants dans vos prestations? Elles ont la réputation d’être assez survoltées.

LB: Oui. Effectivement, je n’aimerais pas qu’on me dise: «Ah, c’est pas comme avant. Avant, c’était plus énergique.» Mais je n’ai pas peur de ça, parce que ce n’est jamais arrivé. Pour l’instant, quand on joue, on a encore tellement de plaisir que ça explose quand même tout le temps.

C’est plus par rapport aux compositions… Le prochain single – j’ai pas le droit d’en dire plus –, je sais pas… Il y a peut-être du monde qui vont faire comme: «Quessé ça?» Ça, oui, la pression [à propos] de ce qu’on va sortir sur disque ou sur le web…

[En même temps], on dirait que j’en ai même moins. Cette année, on aura sorti deux singles. Tu te dis: «Bon, j’ai ça à vous partager: aimez-vous ça? Aimez-vous pas ça? Si vous aimez pas ça, ce n’est pas si pire». Je n’aurai pas mis deux ans de ma vie là-dedans. Après ça, tu passes à une autre toune et tu essaies autre chose.

Trouves-tu que la scène alternative montréalaise a changé par rapport à vos débuts? De quelle façon?

LB: Oui! Nous, on vient d’une époque où c’était encore le monde des disques physiques, des journaux physiques, des magazines physiques. Les médias sociaux n’étaient pas encore vraiment installés à ce moment-là. [...]

On vient d’un monde où, quand on parlait de toi, c’était les journalistes qui en parlaient, ou le public avec le bouche-à-oreille. On ne vient pas d’une période où la promo, c’est toi qui la fais sur ton Facebook, sur ton Instagram… Aujourd’hui, il faut que tu dises au monde: «Venez me voir, je suis bon». À mon âge canonique, on a un peu de la misère avec ça, l’autopromotion. Quand on était plus jeune, parler de soi-même, c’était [considéré] comme étant «frais-chié». Ça, ça a beaucoup changé.

Le monde des disques aussi [a changé]. On n’a pas fait d’album depuis 2012… On n’a jamais arrêté de jouer, mais on était moins actifs depuis environ 2013, pour plusieurs raisons.

On a sorti un single au mois d’avril, avec la philosophie: les gens n’achètent plus d’albums, ils downloadent des tounes. [...] Ç’a marché dans certaines radios, ç‘a restarté le booking, donc là, on joue pratiquement autant qu’à l’âge d’or des Breastfeeders. [...] La façon de penser à comment sortir tes affaires, ç’a beaucoup changé.

Je me rappelle d’une époque où on parlait de nous comme les «jeunes chouchous de la scène locale». Là, ce n’est plus ça, parce que tu ne peux pas rester chouchou toute ta vie! Tu restes chouchou pendant un an ou deux. Maintenant, on est tout le temps vus comme des vétérans… On a quasiment le sceau de «band mythique», finalement. Il y a ce petit côté-là que je n’haïs pas. Ça vient avec les cheveux blancs.

Et au point de vue musical?

LB: Le son a changé beaucoup. Nous, par hasard, quand on a commencé à faire parler de nous autres, on s’est retrouvés mêlés au renouveau rock’n’roll, le renouveau des guitares. Ils utilisaient «garage» beaucoup, dans le temps. C’est un peu galvaudé comme terme – je n’aime pas beaucoup quand on dit ça de moi, d’ailleurs. Je trouve que ce n’est pas nécessairement ça.

Donc, beaucoup de guitares, c’était très rock aussi. Moi, je me retrouvais là-dedans comme un petit poisson dans l’eau. À un moment donné, vers 2012-2013, la scène me plaisait un petit peu moins. J’étais moins dans les nouvelles tendances plus relax, plus douces, plus éthérées. Ce n’est pas que je déteste ça ou que je n’en écoute pas quand je suis chez nous, j’écoute de la musique assez relax, mais quand je vais voir des shows, je suis encore un gros fan de shows rock.

J’aime l’intensité qui se passe dans des shows rock. Il y avait peut-être quelque chose [là]... Ce n’est peut-être pas pour rien qu’on a pris un break.

Qu’est-ce qui fait que vous avez envie de continuer?

LB: C’est le plaisir. C’est tellement le fun, jouer de la musique dans ce groupe-là! À la plupart des shows, on sort de là et on se dit: «Câline que c’était le fun

On sort toujours d’un show en se disant: «Mon Dieu, quelle expérience c’était, ce soir!» À tous les soirs, c’est comme ça. C’est sûr qu’on ne reste pas ensemble pour l’argent, ça, c’est clair. Ou les trophées, whatever (rires).

Les Breastfeeders fêteront leurs 20 ans lors de deux soirées d’enfer au festival Coup de coeur francophone les 14 et 15 novembre prochain. Pour célébrer le tout, ils lanceront une version vinyle de leur premier album, Déjeuner sur l’herbe. On peut aussi s’attendre à quelques invités surprises. À voir pour danser, le sourire aux lèvres, jusqu’aux petites heures du matin!

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