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S’il y a des faussetés qui sont propagées, elles viennent de la bouche de Mario Dumont qui n’a pas pris la peine de s’informer avant de parler.
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Du moment qu’une part importante de l’industrie emploie une certaine pratique, celle-ci est automatiquement considérée comme étant conforme aux «règles généralement reconnues».
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Du moment qu’une part importante de l’industrie emploie une certaine pratique, celle-ci est automatiquement considérée comme étant conforme aux «règles généralement reconnues».

Choqué par la campagne AniMAL de la SPCA de Montréal, qui demande que les animaux de ferme soient protégés par la loi, Mario Dumont appelait récemment «tout corps public, tout organisme public, ministère, municipalité» qui finance la SPCA de Montréal à suspendre son aide.

Il faut savoir que la SPCA de Montréal ne reçoit absolument aucune subvention. Et que la campagne n'a rien de mensonger... S'il y a des faussetés qui sont propagées, elles viennent de la bouche de Mario Dumont qui n'a pas pris la peine de s'informer avant de parler.

Près de 85% de notre budget annuel de 8 millions proviennent de dons du public, de frais d'adoption et d'autres revenus autonomes. Nous avons des contrats de gestion animalière avec certaines villes et plusieurs arrondissements de Montréal, des contrats qui ne couvrent qu'une infime partie des dépenses occasionnées pour chaque animal qui arrive chez nous.

Ce sont les donateurs qui financent la gestion animalière de Montréal et qui paient pour les soins vétérinaires des animaux victimes de cruauté et abandonnés.

En ce moment, ce sont les donateurs de la SPCA qui financent la gestion animalière de Montréal et qui paient pour les soins vétérinaires des animaux victimes de cruauté et abandonnés. C'est la raison pour laquelle nous pressons depuis des années la ville de Montréal d'investir davantage et d'ouvrir son propre refuge.

Malgré nos ressources limitées, nous sauvons 90% des animaux qui nous sont confiés.

Le Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation nous rembourse aussi une petite partie des frais que nous devons couvrir en raison de nos services d'application de la loi provinciale, pour les périodes où nous fournissons de tels services; on parle ici de moins de 200 000$ par année. Quant à nos services d'application du Code criminel, ceux-ci sont exclusivement financés par nos donateurs. Toutes ces informations sont disponibles dans nos rapports annuels.

Fondée il y a près de 150 ans, la SPCA de Montréal est le premier organisme voué à la protection des animaux au Canada. On nous connaît comme refuge d'animaux de compagnie, mais la mission de la SPCA de Montréal consiste à protéger tous les animaux contre la négligence, les abus et l'exploitation, à représenter leurs intérêts et assurer leur bien-être, à favoriser la conscientisation du public et contribuer à éveiller la compassion pour tout être sensible.

C'est tout à fait normal qu'on s'intéresse à la protection juridique des animaux de ferme, quoi qu'en pense Mario Dumont.

Monsieur Dumont ne semble pas non plus avoir bien compris l'enjeu de la campagne parce qu'il rappelle que ceux et celles qui œuvrent dans le domaine agricole «sont soumis aux lois sur le bien-être des animaux».

Une industrie qui s'autodétermine

Contrairement à ce qu'il avance, la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal écarte de son champ d'application les activités d'agriculture pourvu que celles-ci soient pratiquées «selon les règles généralement reconnues». Or, ces «règles» ne sont pas définies dans la loi et c'est bien là le problème. Du moment qu'une part importante de l'industrie emploie une certaine pratique, celle-ci est automatiquement considérée comme étant conforme aux «règles généralement reconnues».

C'est donc l'industrie elle-même qui détermine quelles pratiques sont légales.

C'est un peu comme si le ministère de l'Environnement confiait au secteur manufacturier le pouvoir d'établir lui-même ses normes environnementales ou si c'était aux entreprises de fixer elles-mêmes les normes du travail et le salaire minimum.

Comment peut-on justifier une loi à deux vitesses, où un chat n'a pas la même protection qu'un lapin, où un chien doit être castré sous anesthésie, mais pas un agneau?

Il existe bien sûr des codes de pratiques nationaux qui énoncent des lignes directrices concernant les soins et la manipulation des animaux d'élevage. Ces codes n'ont toutefois pas force de loi. Au Québec, leur adhésion demeure d'ailleurs strictement volontaire. Il faut aussi savoir que le comité chargé de leur développement et de leur révision est majoritairement composé de représentants de l'industrie.

C'est ce qui explique que plusieurs pratiques qui compromettent le bien-être des animaux élevés pour la consommation demeurent permises par les codes alors qu'elles sont interdites ailleurs dans le monde. Ces pratiques incluent le confinement des animaux dans des espaces étroits et la mutilation systématique sans anesthésie ni analgésie.

Nos revendications n'ont rien de révolutionnaire. Déjà en 2015, à l'occasion du dépôt du projet de loi 54 — Loi visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal —, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de l'époque, Pierre Paradis, s'était engagé à ce que, au minimum, les codes de pratiques régissant l'élevage d'animaux pour la consommation deviennent obligatoires. Cette promesse n'a jamais été tenue.

Ce qui se passe actuellement sur les fermes du Québec est dicté par les demandes du marché.

C'est facile de faire des amalgames douteux et de dire que la SPCA de Montréal ment quand on n'a même pas pris la peine de s'informer. La campagne AniMAL ne vise pas les producteurs qui ont un travail difficile. On sait bien qu'ils ne confinent pas leurs animaux dans des espaces restreints ni ne les mutilent à froid par plaisir. Ce qui se passe actuellement sur les fermes du Québec est dicté par les demandes du marché.

Voilà pourquoi nous demandons aux partis politiques d'aborder cet enjeu pendant la campagne électorale qui commence et au gouvernement qui sera bientôt formé d'intervenir... Plutôt que de laisser les lois du marché dicter comment les animaux peuvent être traités, il doit poser des balises juridiques et énoncer clairement ce qui est légal et ce qui ne l'est pas.

Comment Mario Dumont peut-il être contre ça?

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