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Jour de la Terre: adoptons une habitude réellement durable

Alors que nos émissions de gaz à effet de serre ne cessent d'augmenter et que nous sommes à la veille d'atteindre le point de non-retour en matière de crise environnementale, nous continuons à bouder un changement très concret qui entrainerait des bénéfices considérables. Lequel? Éliminer les protéines animales de notre alimentation.
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Twenty one day-old pigs stand in a weaning-to-market barn at Lehmann Brothers Farms LLC in Strawn, Illinois, U.S., on Thursday, March 22, 2012. Pork stockpiles in the U.S. rose 8.8 percent at the end of February to a record from a year earlier on increased production, the government said. Photographer: Daniel Acker/Bloomberg via Getty Images
Bloomberg via Getty Images
Twenty one day-old pigs stand in a weaning-to-market barn at Lehmann Brothers Farms LLC in Strawn, Illinois, U.S., on Thursday, March 22, 2012. Pork stockpiles in the U.S. rose 8.8 percent at the end of February to a record from a year earlier on increased production, the government said. Photographer: Daniel Acker/Bloomberg via Getty Images

En ce 22 avril, on nous invite à fêter la terre « en changeant nos habitudes ». Dans sa campagne québécoise, le Jour de la terre présente des piñatas en forme d'animaux sauvages contenant non pas des bonbons, mais des déchets : canettes d'aluminium, bouchons de plastique, mégots de cigarettes ou morceaux de verre. Le message de cette campagne, c'est que chaque petit geste compte et qu'il faut réduire son emprunte en réutilisant et en compostant.

Pourtant, ces petits gestes semblent bien insuffisants au regard de la catastrophe écologique annoncée. Alors que nos émissions de gaz à effet de serre ne cessent d'augmenter et que nous sommes à la veille d'atteindre le point de non-retour en matière de crise environnementale, nous continuons à bouder un changement très concret qui entrainerait des bénéfices considérables. Lequel? Éliminer les protéines animales de notre alimentation.

Les chiffres sont sans équivoque. L'alimentation des végétaliens émet 7 fois moins de gaz à effet de serre que celle des omnivores. Adopter une diète sans viande ni fromage permet de réduire ses émissions de GES de 1,5 tonne par année. C'est bien davantage (50 %) que remplacer son auto par un modèle hybride, sans compter les économies en eau potable, la réduction des intrants chimiques et l'impact sur l'utilisation de terres agricoles. Recycler sa canette de Coke devient un geste bien futile quand on vient de manger une boulette de bœuf haché.

Comment la viande et le fromage peuvent-ils émettre autant de GES?

En fait, ce sont toutes les étapes de la production d'un burger qui contribuent au réchauffement climatique. En digérant, le bétail dégage naturellement une quantité importante de méthane, un gaz à effet de serre extrêmement puissant : sur une échelle de 100 ans, il serait 21 fois plus polluant que le gaz carbonique, mais sur une échelle de vingt ans (plus pertinente étant donné l'imminence des enjeux), il le serait 72 fois plus!

Mais ce n'est pas tout. En se décomposant, les déjections du bétail produisent encore du méthane ainsi que de l'oxyde nitreux. Il faut ajouter à cela l'épandage de fertilisants chimiques nécessaires à la production des céréales consommées par les bovins et la déforestation requise pour créer des « parcs d'engraissement » ou simplement pour libérer des terres agricoles (ce qui implique aussi une perte considérable de biodiversité). Or, puisque les arbres absorbent le gaz carbonique présent dans l'air, lorsqu'ils sont coupés, le carbone qu'ils avaient emmagasiné est libéré dans l'atmosphère en même temps que leur capacité d'absorption est réduite à zéro. Enfin, il ne faut pas oublier que la transformation de la viande et du lait et la cuisson de ces aliments sont, elles aussi, énergivores.

Qu'est-ce à dire plus concrètement? On nous encourage souvent à acheter local pour réduire l'empreinte énergétique de nos aliments. Pourtant, le transport ne représente que 11 % de l'empreinte totale. Une étude américaine a ainsi évalué qu'être végétalien une seule journée par semaine est plus efficace pour réduire ses émissions de GES qu'être locavore sept jours sur sept. Imaginez alors si nous l'étions tous les jours de la semaine!

Même la question des OGM chère aux écologistes est directement liée à celle de la production animale. En effet, c'est 90 % du soya et 80 % du maïs cultivé en Amérique du Nord qui est destiné au bétail, sans parler des problèmes d'érosion des sols et de pollution de la nappe phréatique qu'entrainent ces monocultures.

Le bio, c'est mieux?

Alarmés par ces chiffres, de nombreux consommateurs se tournent vers la viande, les œufs et le fromage biologiques. Mais si l'achat de fruits, de légumes et de céréales produits biologiquement peut avoir du sens d'un point de vue environnemental, il n'en est rien pour les protéines animales. Les bœufs nourris à l'herbe émettent plus de méthane que ceux nourris au grain et chaque animal requiert de 2 à 20 acres. L'option n'est de toute façon pas envisageable à grande échelle puisque si les cent millions de bovins américains étaient élevés en pâturage, ils utiliseraient la moitié du territoire (et on peut imaginer que les poulets et cochons prendraient l'autre moitié!).

La question ne devrait donc pas être comment produire de la viande, mais plutôt si on doit en produire ou pas. Peu importe le type d'élevage, on dépensera toujours plus d'énergie et d'eau pour obtenir des protéines animales que des protéines végétales. À l'heure où l'élevage accapare l'équivalent de 75 % des terres cultivées et constitue l'une des principales sources de réchauffement climatique et de déforestation, en plus d'utiliser nos maigres ressources en eau potable, cesser l'élevage au profit d'une agriculture végétale semble incontournable pour tenter d'éviter, ou à tout le moins de minimiser, la crise écologique à laquelle nous faisons face.

Si on nous avait dit il y a 20 ans qu'on apporterait un jour nos sacs recyclables à l'épicerie, que l'on composterait nos déchets de table et qu'on récupérerait l'eau de pluie pour arroser notre jardin, nous l'aurions probablement envisagé avec découragement et exaspération. Or, il s'avère aujourd'hui que poser ces petits gestes est plus facile qu'on le pensait, voire même valorisant. Il en est de même pour nos habitudes alimentaires. Adopter une alimentation végétalienne est plus simple qu'il n'y parait : les alternatives à la viande, aux œufs et aux produits laitiers sont nombreuses, goûteuses, bonnes pour la santé et disponibles aux quatre coins du Québec. En ce jour de la terre (et pour le reste de la vie), pourquoi ne pas adopter une fois pour toutes des habitudes qui auront un effet réel sur l'environnement?

Ce billet est cosigné par Frédéric Côté-Boudreau, doctorant en philosophie à l'Université Queen's et Élise Desaulniers, auteure de Je mange avec ma tête : les conséquences de nos choix alimentaires (Stanké 2011) et Vache à lait, dix mythes de l'industrie laitière (Stanké 2013)

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