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Après une tragédie, les médias devraient épargner les enfants

Au beau milieu du chaos, nous sommes très dépendants des médias pour comprendre ce qui est arrivé. Malheureusement, ces médias n'arrivent plus à cacher leur véritable objectif, qui est d'attirer notre attention. Dans un climat de compétition féroce, les reporters qui veulent rendre une histoire captivante franchissent trop souvent les limites de l'acceptable.
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Le drame qui a secoué la ville de Newtown, au Connecticut, nous laisse encore une fois stupéfaits. Selon les plus récentes informations disponibles, 28 personnes viennent d'être tuées, dont 20 enfants. Il y a peu de mots pour exprimer l'horreur que cela implique.

Au beau milieu du chaos, nous sommes très dépendants des médias pour comprendre ce qui est arrivé. Malheureusement, ces médias n'arrivent plus à cacher leur véritable objectif, qui est d'attirer notre attention. Dans un climat de compétition féroce, les reporters qui veulent rendre une histoire captivante franchissent trop souvent les limites de l'acceptable.

Aujourd'hui par exemple, nous avons vu plusieurs d'entre eux s'adresser directement à des enfants. Je ne parle pas d'adolescents qui ont eu le temps de développer des mécanismes de protection et des manières de partager leur douleur, mais bien de jeunes de huit ou neuf ans. Sur la chaîne ABC, un petit garçon avec un toupet d'école primaire a déclaré être « heureux d'être en vie ». Je suis convaincu que sa frimousse passera en rotation régulière à la télé dans les prochaines heures. Une petite fille a pour sa part raconté comment des policiers lui avaient dit de fermer ses yeux pour ne pas voir les armes à feu, pendant qu'ils l'escortaient hors du bâtiment.

Ce comportement est tout simplement immoral. Un enfant qui vient de vivre une telle tragédie n'a pas besoin qu'on lui plante un micro dans la figure. Cet enfant a besoin de ses parents, d'éducateurs et d'amis en mesure de le réconforter. Les grands reportages peuvent attendre un peu. Deux heures à peine après avoir vécu le choc de leur vie, nous aimerions savoir qu'ils reçoivent l'attention qu'ils méritent.

De plus, ce comportement est paresseux. En effet, une tragédie se vend bien, et la plupart des grandes chaînes commerciales ont opté pour la voie facile plutôt qu'interroger les politiciens élus, si ce n'est les autorités et les médecins qui doivent gérer la crise.

Certains diront que nous sommes tous coupables en tant que spectateurs, car nous aurions « enseigné » aux médias à produire ce genre d'informations. À travers l'audimat, nous aurions réclamé un accès toujours plus direct aux victimes, peu importe leur état. Mais personnellement, après avoir constaté le cirque d'aujourd'hui, j'ai envie de crier « Pas en mon nom ! »

Si l'un d'entre nous a déjà donné aux médias le « droit » d'agir d'une manière aussi cavalière, il est temps de le leur retirer. J'ai toujours eu un grand respect pour le journalisme, et bon nombre d'entre nous avons des attentes élevées envers cette profession. Le respect de la vie privée et l'empathie pour les victimes demeurent importants pour une grande partie de la population, mais à cet égard, la couverture du massacre de Newtown représente une grande déception.

Cette malheureuse communauté de 27 000 habitants n'a pas encore eu le temps de comprendre ce qui vient de lui arriver. Ce serait la moindre des choses de laisser ses parents, professeurs et enfants vivre leur deuil normalement. Les cotes d'écoute peuvent attendre.

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