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La citoyenneté au-delà de la partisanerie

Étonnant de voir à quelle vitesse la «particratie» avale les motivations. Une fois en poste, bon nombre d'élus que nous avons soutenus en viennent à ressembler à des pions.
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La question du leadership politique m'intéresse depuis longtemps. Quand j'y pense en cet été 2016, c'est le visage et la voix de Véronique Hivon que je vois et entends. Sa vision, son style et le programme qu'elle propose me rejoignent. À l'heure où le lien entre les Québécois et leurs élus est plus que ténu, je mets mes espoirs en Véronique. Si quelqu'un peut affronter le désolant cynisme citoyen, c'est elle.

L'appartenance de Véronique Hivon au Parti québécois est pour moi secondaire. J'ai, bien sûr, pris ma carte afin de voter pour elle, mais il serait faux de penser que je suis une péquiste grand-teint. Après des décennies de militance pour une gouvernance politique qui accorderait enfin un réel pouvoir égalitaire aux femmes et aux hommes, j'évolue maintenant au-delà de la recherche de la parité.

Le rapport mots/pouvoir

La parité numérique, bien qu'importante, est une illusion d'égalité démocratique. Si, une fois aux instances décisionnelles, les femmes élues n'exercent que la portion congrue du pouvoir, où est le progrès? La récente étude du magazine L'Actualité, qui quantifie la prise de parole des femmes à l'Assemblée nationale, est à cet égard intéressante. Mais au-delà du nombre de mots prononcés, l'étude ne mesure pas la réelle influence des élues sur les décisions prises. Et là, force est de constater que le déficit dépasse celui révélé par l'analyse des transcriptions.

La quantité et la durée des déclarations des députés et des ministres titulaires, le nombre de projets de loi déposés, l'importance des ministères dirigés par les unes et les autres, ainsi que l'ampleur des portefeuilles ministériels dessinent clairement le sexisme caractérisant notre gouvernance. Le patriarcat y est toujours roi et maître. Papa a encore raison.

Une fois en poste, bon nombre des femmes et des hommes que nous avons soutenus en viennent à ressembler à des pions.

Véronique Hivon n'est pas la plus effacée des élues à l'Assemblée nationale. Au contraire, ses interventions sont relativement nombreuses et souvent suivies d'impacts. N'est-elle pas celle qui a porté la Loi 78 sur l'aide médicale à mourir? Ce pas vers une gouvernance qui associe réellement les divers milieux touchés et les citoyens marque aussi une avancée vers une concertation constructive entre les élus de tous horizons. En soutenant sa candidature, c'est cette école de pensée que j'applaudis.

J'en suis venue à imaginer une démocratie qui prendrait ses distances vis-à-vis des partis politiques. Étonnant de voir à quelle vitesse la «particratie» avale les motivations citoyennes et sociales de la plupart des candidates que j'ai accompagnées au fil des ans! Une fois en poste, bon nombre des femmes et des hommes que nous avons soutenus en viennent à ressembler à des pions.

Mon adhésion à l'idée d'une réforme du mode de scrutin va, bien sûr, dans le sens de cette culture démocratique renouvelée proposée par Véronique Hivon.

Sylvie Roy

J'ai pleuré il y a quelques jours au décès de la députée d'Arthabaska. En voilà une qui voulait changer le monde! N'ayant jamais renoncé à son idéal, elle en a payé le prix. Aucune insulte et aucun quolibet ne lui a été épargné. Il y a quelques temps, je la rencontrais par hasard dans sa circonscription et c'est avec amitié que je lui disais: «Sylvie, sois assurée que nous sommes nombreuses à reconnaître ta contribution à la mise sur pied de la commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction». Et j'ajoutais: «Je ne suis pas seule à admirer ta persévérance et ta parole vraie.»

En effet, plus que personne, Sylvie Roy respirait l'intégrité.

Je ne la reverrai plus. Mais je penserai souvent à elle. À son décès, si les fleurs et les compliments ont foisonné, on a peu rappelé les misères dont elle fut victime. L'un de mes proches commentait au lendemain de son décès: «Elle est sûrement morte de chagrin.»

Une phrase me revient sans cesse à l'esprit. «Sylvie Roy n'est pas facile à gérer!» Initiée par des représentants de partis et reprise par des journalistes, la réflexion rappelle à quel point un «bon élu» doit être une personne «facile à gérer».

Est-ce dans la nature des femmes de n'être pas «faciles à gérer»? Je ne sais pas. Mais si ce n'est pas dans leur nature, c'est vraisemblablement une forte expression de leur liberté et de leur intégrité. Fatima Houda-Pépin n'était pas facile à gérer, Louise Beaudoin non plus. Que dire de Christiane Taubira? Ces femmes ont préféré quitter leur poste plutôt que de renoncer à leurs valeurs. Comme Sylvie Roy, elles nous manquent.

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