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La conquête du bio

Au Québec, 1000 agriculteurs détiennent une certification biologique. Un lobby qui gagne peu à peu du terrain sur les produits importés. Entre des coûts trop élevés pour répondre à la demande et un gouvernement qui fait la sourde oreille, la solution reste le consommateur.
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Selon Statistique Canada, le Quebec comptait plus de 2000 fermes de production biologique en 2006. Le lobby des agriculteurs gagne peu à peu du terrain sur les produits de l’importation. Les coûts restent élevés pour répondre à la demande du consommateur. Le gouvernement de son côté fait la sourde oreille et la solution reste le consommateur.

Un système alimentaire de proximité ? Pas vraiment

Choisir de manger des produits issus de la culture biologique c'est opter pour une nourriture saine, qui a poussé sans pesticide de synthèse. Au Québec, les ventes de produits locaux certifiés augmentent de façon constante, mais restent inférieures à la vente des produits importés.

La fédération d'agriculture biologique du Québec indique que le nombre de fermes certifiées bio a augmenté de 17% en sept ans. En cette période froide de l'année, les consommateurs québécois privilégient les fruits et les légumes cultivés dans les serres de l'Ontario ou provenant de Californie, du Mexique et du Chili. Oui, ces derniers bénéficient d'un climat plus favorable que le Québec (surtout en hiver), les saisons sont ainsi respectées dans les assiettes. Mais ce qui intéresse l'acheteur, n'est-ce pas aussi la réduction du nombre d'intermédiaires et du nombre de manipulations ?

Selon le cabinet Eco ressources qui a mené une Analyse du marché des produits biologiques au Québec, même si la vente en direct chez le producteur connait une forte croissance, les Canadiens et les Québécois achètent surtout leurs produits biologiques dans les épiceries spécialisées et magasins de grandes surfaces. Les produits les plus consommés sont le lait et le sirop d'érable biologiques. Les filières de la viande sont dans une impasse. Les coûts élevés pour l'obtention de la certification compliquent le passage au bio et les producteurs subissent la concurrence des appellations non réglementées.

Les fruits et les légumes sont confrontés à la concurrence de l'importation. Pour améliorer leur compétitivité, les agriculteurs doivent avant tout améliorer la qualité des produits et pour avoir des produits de haute qualité, ils ont recours à l'agriculture en serre. Le problème majeur reste les périodes de très grand froid et la nécessité de maintenir une température constante sous serre pour garantir une bonne maturité des fruits et légumes.

Le duel des fruits et légumes se joue sur les étalages québécois. Les serriculteurs du Québec souhaiteraient voir les coûts de l'électricité baisser. Le président du Syndicat des producteurs en serre du Québec (SPSQ), André Mousseau, assure que les coûts d'électricité sont trop élevés pour répondre à la demande et permettre au bio made in Québec d'être dans la course.

Une traçabilité exemplaire des aliments biologiques québécois

L'appellation «biologique» est encadrée par une loi du gouvernement du Québec précise sur le site du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Depuis la ferme jusqu'au consommateur, les produits sont scrupuleusement encadrés par un organisme de certification officiellement reconnu. L'appellation «biologique» est délivrée et l'organisme qui a apposé sa certification est précisé sur le produit à la vue du consommateur.

Chaque année, les organismes de certifications sont supervisés et très strictement inspectés par le CARTV lui-même mandaté par le MAPAQ pour surveiller l'utilisation de l'appellation biologique au Québec. La mission consiste à vérifier que les entreprises respectent les normes obligatoires pour être autorisées à obtenir l'appellation «biologique».

Court-circuit sur le circuit court

Un accord passé en janvier 2014 avec Hydro-Québec sur la distribution de l'électricité complique le rendement et l'évolution des cultures en serre. L'objet de cet accord est de suspendre pendant quelques heures l'éclairage des cultures biologiques dans les serres pendant les périodes de très grand froid, sur une durée maximum de quatre heures. En échange, les serriculteurs bénéficient de tarifs réduits.

Le bilan révèle que les tarifs sont toujours trop élevés. Pour pallier ces coupures et mettre en place d'autres moyens, les agriculteurs demandent à Hydro-Québec d'abaisser le prix du KWH de 10 cents à 4 cents.

Dans ces conditions, les serriculteurs pourront produire davantage de produits en serre et même créer de l'emploi.

La chaise musicale du gouvernement

Le fond du problème reste politique. Il n'existe pas de véritable stratégie basée sur l'agroalimentaire au Québec. Au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, les titulaires se succèdent depuis dix ans et n'imposent pas de mesures claires pour venir en aide aux agriculteurs biologiques. L'influence des ministres passés et présents n'est pas reconnue et aucun d'entre eux n'a vraiment marqué les esprits. Pourtant, Jean Garon, économiste, professeur et avocat, qui a été ministre de l'Agriculture de 1976 à 1985, avait tracé le chemin en axant sa politique sur la protection des terres agricoles.

Même si l'herbe est parfois plus verte chez le voisin, ce qui prime dans une alimentation locale, c'est la redécouverte des saveurs avec des produits qui ont du goût et qui n'ont pas souffert du transport. Le Québec compte plus de 1300 entreprises de production de produits biologiques, qui offrent plus de 5500 produits différents.

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