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Autrefois, les mères s'impliquaient parfois trop. Aujourd'hui, elles ont pris du recul. Elles ont changé de méthode, elles culpabilisent. Au Québec, l'enfant n'est pas plus roi qu'ailleurs.
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Les femmes du Québec concilient enfants et travail. Elles mènent leur vie de front et semblent plutôt heureuses.

Opération gère-mène

Germaine : expression québécoise qui signifie « elle gère, elle mène ». Les statistiques québécoises rapportent que les femmes font des enfants de plus en plus tard : entre 35 et 39 ans, selon l'Institut de la statistique du Québec.

Aujourd'hui, le taux de natalité au Québec est le taux le plus bas observé dans le monde. L'époque de 1968, où les familles du Québec comptaient en moyenne sept enfants par foyer, est bel et bien révolue. Ce chiffre atteignait 1,7 en 2010 et a varié très faiblement depuis, selon la Régie des rentes du Québec.

Mais pas question de voir ressurgir les vieux démons des années 1970 : la Québécoise est sûre d'elle et globalement heureuse, selon Le Journal de Montréal.

Un phénomène qui est lié à l'emploi, selon Ruth Rose, économiste et auteure d'une étude sur « les femmes et le marché du travail au Québec » : le taux d'activité des femmes âgées de 25 à 64 ans a augmenté de façon continue, passant de 45,9% en 1976 à 84% en 2011.

Le taux d'absentéisme révèle que les mères s'absentent en moyenne plus de 71 heures par mois pour gérer les obligations personnelles et familiales, comme les maladies infantiles. Pour certains pédiatres, c'est un non-sens que de ne pas accorder un temps d'écoute sur le diagnostic des mères. Elles possèdent, selon eux, un remarquable sens d'analyse cognitive.

Le tableau n'est pas complètement rose pour autant, la MILK (Mother I'd Like to Kill) agace. C'est ainsi qu'elle a été surnommée par le comité des autres mères qui revendiquent le droit de déposer leurs enfants à l'école en leggings, le pied nu dans la Huggs. Cette mère parfaite organise parfaitement la vie de son petit monde et arrange même des road trips au Nouveau-Brunswick. Elle suit des cours d'aquapoussette à Montréal et, munie d'un porte-bébé, elle fait de la salsa bébé kangourou (initiation aux danses latines à Québec).

Désertion

Mais qu'est-ce qui pousse les mères à travailler ? S'épanouir, se réaliser, se mettre au défi ? À en croire mon entourage et selon ma propre expérience, c'est simplement pour fuir... Car si l'endroit préféré des enfants est le parc, pour les mères, c'est le bagne. Elles sont là, assises à contempler leurs progénitures exécuter sa 198e glissade sur le toboggan avec cet inlassable refrain : « regarde-moi maman ! ». Quand une mère pense au parc, elle pense forcément au sable que le petit va manger, aux mains qu'il va falloir laver avec du gel antibactérien, au nez qu'il va falloir moucher, et à son sac à main ! Oui le sac des mamans est rempli de choses abjectes et répugnantes qui n'ont aucun sens. Miettes de gâteaux, têtes de Légo chauves, marrons flétris, fleurs sans pétale, tétines trouées, feuilles d'arbres et cailloux.

Bien sûr la mère est fière d'avoir dans son sac chaque petit détail de la vie de son chérubin. Mais quand même parfois, elle se dit qu'elle quitterait bien le Québec pour s'enfuir avec Kevin Parent s'il n'était pas Québécois. Divorcer reste une option intéressante uniquement pour la garde partagée, histoire d'avoir la paix une semaine sur deux.

Travail et culpabilité

Autrefois (il y a deux ans), les mères s'impliquaient parfois trop pour régler entre elles des chamailleries d'enfants. Aujourd'hui, elles ont pris du recul et responsabilisent davantage leur progéniture. De toute façon, elles ont changé de méthode, elles culpabilisent. Un sentiment très étroitement lié à l'esprit de contradiction chez la femme (je lis dans vos pensées) qui, alors qu'elle est heureuse de travailler, ne peut s'empêcher d'appeler tous les quarts d'heure pour savoir si tout va bien. On les reconnaît facilement dans l'entreprise : si vous croisez une femme qui parle la main devant la bouche au téléphone, c'est sans doute pour prendre des nouvelles de son petit dernier. Souvent, elle arrive le lundi matin épuisée. Vous ne la verrez jamais à un after-work et lirez l'angoisse sur son visage à l'approche du prochain séminaire à Toronto. Dans l'ascenseur, elle fredonne le générique de La Reine des neiges sans s'en rendre compte, et son bureau est un étalage de souvenirs, du diaporama familial en fond d'écran aux immondes dessins indéchiffrables accrochés aux murs de son bureau.

Au Québec, l'enfant n'est pas plus roi qu'ailleurs et s'il est bien une phrase commune à toutes les mamans du monde entier c'est bien le fameux : « Attention, je compte jusqu'à 3 ! ...1 ... 2 ... » même si les enfants savent parfaitement qu'après trois, il y a quatre.

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