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Consentement aux soins dès 14 ans: un droit reconnu ou inconnu?

TÊTE À TÊTES - Dans le contexte où l'on constate une augmentation importante du nombre de jeunes diagnostiqués pour un problème de santé mentale et qui consomment des psychotropes, l'exercice du droit au consentement aux soins prend tout son sens.
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Dans le contexte où l'on constate une augmentation importante du nombre de jeunes diagnostiqués pour un problème de santé mentale et qui consomment des psychotropes [1] , l'exercice du droit au consentement aux soins prend tout son sens. Un droit qui s'applique dès l'âge de 14 ans et qui inclut le droit de consentir à sa médication, car cette dernière est considérée comme un soin.

Le droit au consentement est balisé par l'article 9 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS) et par l'article 10 du Code civil du Québec. Le consentement est «libre» lorsqu'il est donné sans contrainte, ni menace et sur une base volontaire. Il est «éclairé» lorsqu'il est donné en pleine connaissance de cause, avec l'ensemble des informations pertinentes et avec l'aptitude à comprendre ces informations.

Rattaché à cela, nous retrouvons l'article 8 de la LSSSS qui définit le droit de recevoir toute l'information concernant le traitement, ce qui inclut : la raison pour laquelle le traitement est proposé; les effets bénéfiques et secondaires; les contre-indications; les interactions possibles; la durée du traitement; les alternatives et les examens médicaux requis.

Pour les jeunes, la médication a sa place, mais elle prend toute la place, sans qu'ils se sentent respectés et écoutés.

Mais malgré les prérogatives de la LSSSS et du Code civil du Québec, il apperaît que les jeunes n'ont pas l'information sur ce qui leur est prescrit, ni sur les interactions avec l'alcool ou les drogues, ni sur les effets secondaires. De plus, quand l'information leur est donnée, elle ne l'est pas toujours dans un langage compréhensible.

C'est ce qui émerge d'une vaste consultation menée par trois regroupements québécois auprès de 160 jeunes, 150 personnes intervenantes et 50 organismes [2].

Cette consultation aura mis en lumière que pour les jeunes, la médication a sa place, mais elle prend toute la place, sans qu'ils se sentent respectés et écoutés.

Qui plus est, de nombreux jeunes soulèvent l'importance des effets secondaires (prise de poids, constipation, trouble urinaire, apparition de seins et problème érectile chez les hommes, perte d'appétit, fatigue, etc.). Ces derniers sont même parfois plus incommodants que les symptômes que la médication cherchait à contrôler, disent-ils!

Certains jeunes ont expliqué devoir prendre plusieurs médicaments, les uns pour contrôler les effets secondaires des autres. Il n'est donc pas étonnant que plusieurs d'entre eux aient l'impression d'être des «rats de laboratoire»!

Comme on peut le voir à la lumière de la consultation menée auprès des jeunes, le droit au consentement aux soins serait peu exercé dans le cabinet du médecin même si ledit médecin doit, Code de déontologie oblige, obtenir le consentement libre et éclairé de tout patient avant d'entreprendre un traitement! Une obligation qui en implique une autre, celle que l'information transmise soit claire et accessible.

Si les droits relatifs à la médication sont primordiaux pour l'ensemble des citoyens, ils revêtent une importance capitale lorsqu'ils affectent les enfants et les jeunes qui consomment des psychotropes, notamment parce qu'on ignore leurs effets à long terme!

Il est grand temps que le Collège des médecins donne un coup de barre en ce sens et exige de ses membres qu'ils respectent leur propre Code de déontologie. Cette façon de faire permettrait aux jeunes de participer pleinement à leur traitement, le tout conformément à l'article 10 de la LSSSS qui accorde le droit aux personnes de participer à toutes les décisions qui peuvent affecter leur état de santé et de bien-être ainsi que le droit de donner leur avis, de dire leurs besoins et leurs préférences. Un espace d'écoute et de respect réclamé par les jeunes.

[1] L'utilisation de médicaments psychotropes est courante - un jeune sur 12 a reçu un médicament pour traiter les troubles anxieux ou de l'humeur ou un antipsychotique en 2013-2014 - et a augmenté au fil du temps. Source : Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), mai 2015, Les soins aux enfants et aux jeunes atteints de troubles mentaux.

[2] Une vaste consultation a été menée auprès d'une centaine de groupes communautaires en amont du Forum «Jeunes et santé mentale : pour un regard différent», organisé par le Regroupement des auberges du cœur du Québec (RACQ), l'Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) ainsi que le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ). Tenu le 15 avril 2016, le Forum a confirmé et renforcé les constats de la consultation.

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