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En écrivant dans une même phrase les mots «Trudeau» et «confiance», c'est ma grand-mère Claire Létourneau Cosgrove qui doit aujourd'hui se retourner dans sa tombe...
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Dans son tout premier discours, Justin Trudeau énonçait qu'il souhaitait gagner «la confiance des Canadiens en faisant confiance aux Canadiens». En tant que co-fondateur de l'Institut de la confiance, je ne pouvais être davantage comblé par ces mots d'importance.

Au cours des dix dernières années, la confiance des citoyens envers leur élite politique n'a cessé de décroître, et ce, dans presque tous les pays. Au Québec, celle-ci ne dépasse pas les 20 %. Mais plus inquiétant, c'est la confiance dans l'ensemble de notre société et dans notre avenir qui a dégringolée.

L'enjeu de la confiance est sans doute l'un des plus importants. La confiance se définit comme l'art de mettre en résonnance les différents intérêts de façon à développer une communion d'intérêts transcendant les autres, qui sont individuels et de groupes. La confiance mène à l'engagement, à l'investissement, à la mobilisation collective, à une meilleure qualité de vie.

Par ces paroles lourdes de responsabilités, monsieur Trudeau ne dit pas: «faites-moi confiance». Il dit plutôt qu'il va faire confiance aux Canadiens et ainsi qu'il gagnera à son tour leur confiance. Comment un politicien peut-il gagner la confiance des Canadiens? Par de belles paroles? Par de beaux écrits? En partie oui, mais ceux-ci n'y croient plus vraiment. Ils se sont fait mentir si souvent. La meilleure manière pour monsieur Trudeau de mériter cette confiance c'est par sa manière d'agir, par ses actions et les expériences qu'il vivra avec les Canadiens.

Trudeau et les Canadiens n'en sont qu'à leur lune de miel. Mais déjà, il faut admettre que celui-ci a de bonnes intentions. Lors de la campagne électorale, il a très peu utilisé la peur et les messages négatifs, comme le font la plupart des politiciens américains et canadiens depuis une décennie. Il n'a pas voulu utiliser cette tactique. Il a préféré leur adresser un message positif et en même temps a osé s'adresser à l'intelligence des électeurs en leur disant qu'il fera des déficits. Depuis son élection, il a posé plusieurs actions encourageantes : il insiste pour accueillir 25 000 migrants, il encourage la diversité au sein de son entourage et de son conseil des ministres (minorités, autochtones, femmes, etc.), il souhaite redonner au Canada un rôle actif sur l'échiquier international en prenant un rôle actif en environnement, etc.

Souhaitons qu'il poursuive sur cette lancée. Cependant, il faudra voir comment il réagira lorsqu'il sera confronté à des enjeux complexes et des décisions plus difficiles à prendre. Comme le disait Winston Churchill, la plus grande qualité d'un homme d'État est le courage, car sans cette qualité les autres ne servent à rien.

Au cours des trois dernières années, l'Institut a remis des prix de la confiance à divers politiciens qui avaient contribué à solidifier la confiance dans notre société: Régis Labeaume, Denis Coderre, Colette Roy-Laroche, etc. Nous avons constaté que ces politiciens avaient certains traits communs. Parmi les traits dominants, il y avait l'authenticité, le courage, mais aussi le respect des citoyens. Lorsque nous avons rencontré Régis Labeaume, nous lui avions demandé pourquoi les gens de Québec lui faisaient confiance. Celui-ci nous a répondu «parce que je leur dis les vraies choses, je reste moi-même, je tiens ma parole et surtout je les aime et je respecte leur intelligence».

Les Canadiens et Canadiennes ont besoin de politiciens inspirants qui leur demanderont ensemble de construire la société de demain. C'est un bon départ pour monsieur Trudeau qui espère gagner la confiance de ceux-ci. Mais nous ne devons pas faire preuve d'une confiance aveugle ou à l'opposé d'une méfiance complète à son endroit. Nous devons viser une confiance «construite». Comme pour un compte en banque, il y aura des retraits et des dépôts. Espérons que monsieur Trudeau fera plus de dépôts que de retraits et qu'ainsi nous bâtirons avec lui un fort capital de confiance.

En écrivant dans une même phrase les mots «Trudeau» et «confiance», c'est ma grand-mère Claire Létourneau Cosgrove qui doit aujourd'hui se retourner dans sa tombe...

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