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Régimes de retraite, gros chantier

Au Québec, tout le monde se réfugie derrière la publication de ce rapport pour éviter de se mouiller. Les questions sont explosives et touchent le partage des risques, l'âge de la retraite, la cotisation, les dispositions des conventions collectives... Le maire Labeaume en appelle au gouvernement pour sortir de son impasse budgétaire. Le gouvernement ne peut ignorer le maire le plus populaire du Québec - bien qu'il se soit collé bien souvent aux libéraux de Jean Charest - mais je doute qu'il aille au front.
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PC

Le maire Régis Labeaume croit que les citoyens pourraient prendre la rue si les pensions des employés municipaux font grimper leurs comptes de taxes.

A l'émission Larocque-Lapierre, le maire de Québec a soutenu que les gouvernements «supérieurs» mesurent mal le sentiment de révolte des contribuables, sentiment nourri par ailleurs par les révélations de la Commission Charbonneau.

Régis Labeaume poursuit depuis un an une croisade pour modifier les régimes de retraite des 5 000 employés de sa Ville. Une croisade bien solitaire mais qui va rattraper bientôt le gouvernement Marois.

Le maire de la Capitale a brûlé les ponts avec les 6 syndicats des employés municipaux et mise dorénavant sur la pression populaire et-ou une intervention du gouvernement québécois.

Jeudi, la Ville de Québec a organisé un comité plénier sur cette question. Fait rarissime, la Ville a acheté de la pub pour inciter les contribuables à le suivre. A peine une trentaine de citoyens se sont déplacés mais on ignore combien d'entre eux ont préféré regarder la démonstration à la télé.

On est encore bien loin du soulèvement populaire.

Les chiffres fournis par la Ville de Québec sont alarmants et la situation est inquiétante dans toutes les municipalités. A Québec, le déficit actuariel des différents régimes est de 600 millions$, grosso modo, et pèsent pour 12% des taxes. Québec met plus d'argent sur les régimes de retraite que sur le transport en commun.

Le déficit actuariel des municipalités atteint 5 milliards$. L'Union des municipalités (UMQ) calcule que le déficit par employé est de 85,000$, ou 108,000$ dans les 10 plus grandes villes québécoises.

Il y a un risque réel de brisure sociale entre les pensionnés «chromés» et les autres qui soutiennent ces régimes par leurs taxes et impôts. 50% des entreprises n'offrent aucun fonds de pension et 30% des Québécois n'ont aucune épargne le moment venu de se retirer du marché du travail.

Les employés municipaux sont les chouchous du système et leurs conditions excèdent celles de la fonction publique à plusieurs niveaux. D'accord, ces conditions ont été négociées et consenties mais cela bien avant l'effet combiné des faibles rendements et de la hausse soutenue de l'espérance de vie.

Oui il y a eu des congés de cotisation de la part des employeurs mais doit-on regarder constamment dans le rétroviseur?

Personnellement, je ne crois pas que d'accorder le droit de lock-out aux villes règlerait la situation

Par contre, il fait envisager des méthodes pour sauver les régimes à prestations déterminées (c'est-à-dire avec une rente fixée à la retraite). C'est là qu'entre en jeu le très attendu rapport D'Amours.

Alban d'Amours, ex-président du mouvement Desjardins, a reçu en 2011 le mandat de trouver des solutions à la crise des retraites. Il est entouré de grosses pointures, notamment l'économiste Luc Godbout et Claude Lamoureux, ex-dirigeant de Teachers's.

Le comité a obtenu une prolongation de mandat et son rapport est sans doute sous presse. Alban d'Amours a déjà dit que les régimes à prestations déterminées sont un «joyau» mais qu'il faut arriver à «un nouveau contrat social» en cette matière.

Au Québec, tout le monde se réfugie derrière la publication de ce rapport pour éviter de se mouiller.

Les questions sont explosives et touchent le partage des risques, l'âge de la retraite, la cotisation, les dispositions des conventions collectives...

Le maire Labeaume en appelle au gouvernement pour sortir de son impasse budgétaire. Le gouvernement ne peut ignorer le maire le plus populaire du Québec - bien qu'il se soit collé bien souvent aux libéraux de Jean Charest - mais je doute qu'il aille au front.

Fragile comme il l'est, allié traditionnel des centrales syndicales, le gouvernement Marois aura peut-être envie d'éloigner ce grand débat social. Il lui a bien fallu 5 mois et un Sommet pour imposer une indexation des frais de scolarité déjà annoncée. Tiens, un gros chantier en perspective.

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