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Le prochain gouvernement québécois aura le choix entre l'austérité et une grande austérité. Ce que le VG nous dit, c'est en effet que l'État québécois n'en est plus au régime-minceur mais à la chirurgie bariatrique.
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Le prochain gouvernement québécois aura le choix entre l'austérité et une grande austérité, confirme le rapport du Vérificateur général, rapport qui est le fruit d'un coup de force de l'opposition.

La première ministre Pauline Marois martèle depuis des semaines que les citoyens devront choisir entre la prospérité (avec le PQ) ou l'austérité (avec les autres partis) lors de la campagne électorale printanière. Il n'y a pourtant pas beaucoup de prospérité dans les chiffres du VG et beaucoup de lendemains difficiles. Michel Samson, le vérificateur intérimaire, a déposé un rapport prudent dans le ton. Si le propos est marqué par la retenue, les chiffres sont brutaux.

Précisons le contexte: les partis d'opposition doutaient des données de la mise à jour du ministre des Finances, Nicolas Marceau, déposée à l'automne et ils ont exigé - c'est un précédent - que le VG y fourre son nez. Le gouvernement a mal pris la chose et s'est traîné les pieds. Le rapport déplore d'ailleurs que les informations nécessaires à son travail aient été transmises bien tardivement.

En ce qui concerne les chiffres de la mise à jour, ils sont exacts et nous nous dirigeons vers un déficit de 2,5 milliards $ minimum. En fait, le rapport affirme qu'il est sous-estimé de 626 millions $ selon une méthode comptable plus juste, ce qui le porterait à 3,1 milliards $.

Les ténors du gouvernement se sont empressés de se réjouir de cette validation, comme si on pouvait plastronner après avoir raté sa cible par plus de 2 milliards $.

Soucieux de ne pas déplaire au gouvernement, le VG a divisé son bulletin en deux catégories: «raisonnable» et «ambitieux». Les prévisions de revenus sont jugées raisonnables, mais les dépenses et la dette sont jugées ambitieuses. En clair, elles sont irréalistes. Michel Samson n'a pas voulu le dire ouvertement, mais il a concédé qu'«ambitieux» est synonyme de «déraisonnable».

Pour retrouver l'équilibre, le gouvernement du Québec devra comprimer ses dépenses de plus de 1 milliard $ cette année et de 1,6 milliard $ en 2015-16. D'ici quatre ans, ce sont 7,4 milliards $ de dépenses qu'il devra passer à la moulinette.

Au cours des sept dernières années, les dépenses ont augmenté de 4,6 %. Or le gouvernement prétend les maintenir à 2,4 %. Si on tient compte des coûts de système, c'est impossible sans un coup de barre dramatique.

Pour ajouter au tableau, précisons qu'il reste un 400 millions de compressions à identifier cette année, que les annonces liées au plan économique des derniers mois n'ont pas été prises en compte et que le Québec a encaissé, en 2014, la dernière tranche du règlement du contentieux sur la TPS-TVQ (1,4 milliard $).

Le VG évoqué donc une «hausse de la tarification des services ou une baisse additionnelle dans les dépenses». Le rapport parle ainsi de la nécessité de couper en santé, éducation, services sociaux pour atteindre les objectifs de redressement.

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, dépose aujourd'hui un budget qui sera privé de son pendant: les crédits ou les dépenses. Il sera bien difficile de mesurer l'impact des compressions dans les missions du gouvernement, à moins que le ministre nous réserve une surprise.

Nous sommes aux portes d'une campagne électorale. Les partis auront-ils le culot de nous faire miroiter des engagements onéreux dans un tel contexte? Oseront-ils dire la vérité? Ce ne sont pas les hypothétiques pétrodollars d'Anticosti qui nous sortiront de ce cul-de-sac, quoique laisse entendre la pub trompeuse du gouvernement.

Ce que le VG nous dit, c'est que l'État québécois n'en est plus au régime-minceur mais à la chirurgie bariatrique.

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