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Jean-François Lisée a une grande qualité: il est capable de penser en dehors de la bulle péquiste. Cette fois-ci, il saute dans la course en reportant la tenue d'un référendum au deuxième mandat (majoritaire) de son parti. Une façon habile de sortir du piège référendaire que traîne le PQ depuis deux décennies.
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Jean-François Lisée a une grande qualité : il est capable de penser en dehors de la bulle péquiste.

Pendant que les membres du Parti québécois se pâmaient devant Pierre Karl Péladeau, il a bien lu que son parti voulait vivre ce « moment » et l'a mis en garde contre les risques réels de conflit d'intérêts que posait l'élection du magnat de la presse. Il s'est fait bien des ennemis et on ne donnait pas cher de sa peau au PQ. La suite lui a donné raison et PKP ne sera plus qu'une mention dans le grand livre du parti.

Cette fois-ci, il saute dans la course en reportant la tenue d'un référendum au deuxième mandat (majoritaire) de son parti. Cette trêve de six ans est une façon habile de sortir du piège référendaire que traîne le PQ depuis deux décennies.

Il y a des limites à faire croire que les Québécois veulent un référendum et sont prêts à tenter l'aventure du pays dans un avenir prévisible La clarté est une vertu, mais, comme aimait le répéter l'ex-ministre Claude Morin (père de la stratégie de l'étapisme, soit le recours à un référendum), une fleur ne pousse pas plus vite parce qu'on tire dessus.

Lisée a raison quand il affirme qu'il faut des années pour préparer le terrain, d'autant que l'argumentaire indépendantiste est déficient. En 1994-95 le gouvernement Parizeau a utilisé diverses astuces pour mousser son option. Pourtant, le Québec vivait avec le traumatisme de l'échec de l'entente du lac Meech. Jean-François Lisée en sait quelque chose, il était le conseiller principal de Monsieur. Je doute que les Alexandre Cloutier, Véronique Hivon, Martine Ouellet... réussissent à recréer la ferveur des années Bouchard-Parizeau-Landry.

Autre facteur relevé par l'ex-journaliste : la popularité du gouvernement Trudeau qui fait exploser les sondages. Comment convaincre, dans un tel contexte, les Québécois de se détacher du Canada? a osé dire Lisée. Stephen Harper constituait un « punching-bag » si commode pour les souverainistes.

Le député de Rosemont soutient aussi que le PQ doit disposer de la question du référendum avant toute chose. Les Québécois ne nous écouteront pas sur les autres sujets si on ne règle pas ce point d'abord, a-t-il expliqué. Il suffit de retourner à la campagne électorale de 2014 pour s'en convaincre. Véronique Hivon cherche à éluder la question en affirmant qu'elle est davantage intéressée par le contenu de l'indépendance que par sa mécanique. Pauline Marois a tenu un discours semblable à son retour aux affaires de l'État en 2007. La question l'a rattrapée en pleine élection. Normal, les Québécois veulent savoir dans quoi on les embarque.

Certains éléments jouent contre Lisée au sein des membres du PQ. Il est considéré comme suspect par plusieurs en raison de son louvoiement sur la langue, l'identité et son franc-parler. Avant de se faire élire, il était vu comme un intrigant qui se complaisait dans les coulisses du pouvoir.

Au début de cette course, Véronique Hivon et Alexandre Cloutier semblent interchangeables. La candidature de Lisée viendra pimenter une campagne qui souffrira de l'effet de l'été. Ceci dit Jean-François, il n'est pas nécessaire de sacrer pour faire peuple.

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