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La commission Charbonneau est entrée - enfin - dans le vif de son mandat en scrutant la façon dont se financent les partis politiques auprès des grandes entreprises.
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La commission Charbonneau est entrée - enfin - dans le vif de son mandat en scrutant la façon dont se financent les partis politiques auprès des grandes entreprises.

Violette Trépanier, ex-responsable du financement au Parti libéral du Québec, a complété mercredi son témoignage qui démontre à quel point le PLQ maintenait des liaisons dangereuses avec des firmes de génie, des ingénieurs, des entrepreneurs en construction.

Des «vedettes» de la commission, Lino Zambito, Paolo Catania, les frères Sauriol, Giuseppe Barsollino, France Michaud et Marc-Yvan Côté, bien sûr, dans ce cas malgré les révélations faites devant la commission Gomery, disposaient de certificats qui leur conféraient la qualité de solliciteur dans leur réseau respectif. À cette liste il faut ajouter le nom de Riadh Ben Aissa, ex-v-p de SNC-Lavalin actuellement en prison en Suisse!

Avec une toile aussi étendue de bagmen, on comprend comment les libéraux ont ramassé 95 millions$ sur une période de 15 ans (68 millions$ au PQ).

Violette Trépanier soutient que son parti faisait affaire avec des personnes et non avec des entreprises car, faut-il, le rappeler, la loi électorale interdit les contributions des compagnies. L'explication ne résiste pas vraiment à l'analyse comme le démontrent une série de courriels internes qui ont été produites devant la commission où apparaissent les noms des dites firmes.

Si Nathalie Normandeau s'en est bien tirée lors de sa comparution, l'ex-ministre Trépanier a bien mal paru et bafouillé à maintes reprises.

Lorsque la commissaire France Charbonneau l'a tancée en lui demandant si cette proximité entre le pouvoir et les solliciteurs de contrats n'était pas jugée malsaine ou troublante, Violette Trépanier a dit: «à l'époque, non, je trouvais ça normal, on n'avait pas d'arrière-pensées».

Décidément, la liste des naïfs s'allonge.

La commission remonte lentement la pyramide du financement et de l'influence que certains pouvaient avoir au sein du parti.

Le prochain témoin important sera Marc Bibeau, homme d'affaires, actionnaire de Shockbéton et président de Beauward, ami personnel de Jean Charest, qui pouvait, avec son réseau, aller chercher 500,000$ chaque année. Dans le rapport financier du PLQ on attribuait à ce bénévole une ligne, la 127-51.

Robert Benoit, ex-député et ex-président du PLQ, a affirmé la semaine dernière que ce dernier confessait les députés pour s'assurer qu'ils rencontrent leur objectif de financement (entre 50,000 et 100,000$).

Il aurait offert à Robert Benoit de lui trouver un emploi au sein de l'appareil gouvernemental, selon ce témoignage.

Ce passage n'est pas sans rappeler ce qui avait été mis en preuve devant la commission Bastarache en 2010. Cette commission s'est penchée sur les allégations de l'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, qui avait lancé un bombe au sujet d'un supposé trafic d'influences dans la nomination des juges.

On avait appris que 2 non-élus, grands argentiers du parti, Charles Michaud et Franco Fava (Neilson Excavation), avaient un accès illimité au bureau du premier ministre et avaient été consultés sur des centaines de nominations en 2003.

Tout le monde se rappelle de l'épisode des «post-it» de Chantal Landry.

Chez les libéraux on se console en disant que la commission n'a pas établi pour le moment de lien direct entre un élu et l'attribution d'un contrat public. Peut-être, mais on vivait dangereusement près de tous ces lobbyistes connectés sur la manne gouvernementale.

Dommage que la commission ajourne ses travaux pour l'été.

Elle s'est égarée souvent, traîné les pieds, si bien qu'elle doit accélérer le tempo en fin de mandat.

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Tony Accurso

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