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Le retour des provinces

Les provinces font front commun et celui qui occupera le siège de premier ministre du Canada le 20 octobre devrait tenir compte de cette nouvelle dynamique.
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À l'approche de l'élection fédérale, les premiers ministres des provinces se bâtissent un rapport de force contre Ottawa.

Le Conseil de la fédération, qui s'est tenu la semaine dernière à Saint-Jean de Terre-Neuve, a produit un front commun des provinces, qui ont envoyé à tous les chefs des partis fédéraux un listing des besoins des provinces et territoires. Ils ont demandé, aussi, une rencontre avec le premier ministre du Canada d'ici 6 mois.

Quand on sait, qu'en plus de 9 ans au pouvoir, Stephen Harper n'a jamais convoqué les premiers ministres à une rencontre commune, on doit y voir une forme d'avertissement: Ottawa ne pourra éternellement faire fi des «petits» gouvernements de la fédération.

Les premiers ministres ont endossé une stratégie énergétique nationale qui veut allier développement des ressources et protection de l'environnement. L'entente ne contient pas d'engagement chiffré de réduction des gaz à effet de serre, mais dans l'entourage de Philippe Couillard on y décèle une avancée historique.

«L'an dernier l'Alberta n'aurait jamais signé cette entente», fait-on valoir. L'élection d'un premier gouvernement néo-démocrate dans cette province, dirigé par Rachel Notley, a changé la donne.

L'axe Québec-Ontario a été réactivé puis le premier ministre du Québec et Kathleen Wynne sont sur la même longueur d'onde (l'Ontario a d'ailleurs adhéré à la bourse du carbone, ce qui brise l'isolement du Québec sur cette question).

Ce penchant vert du Canada central a créé des vagues dans l'Ouest. Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, s'est présenté au Conseil de la fédération en déplorant que des provinces exercent une forme de droit de veto sur le développement des pipelines, taisant leurs retombées en espèces sonnantes et trébuchantes. Il s'est finalement rallié à ses collègues dans le texte final.

Québec est favorable au projet Énergie Est, mais veut maximiser les retombées. Autrement dit, «pas de tuyau» sans une installation portuaire pour exporter le pétrole. Le Québec veut s'assurer, par ailleurs, que toutes les précautions sont prises pour protéger les cours d'eau.

Le pétrole albertain est enclavé. Il s'est fait barrer la route de sortie par les États-Unis, au sud, et par la Colombie-Britannique à l'ouest.

Que cela plaise ou non, les provinces ont un pouvoir de négociation et peuvent mettre le pied sur le pipeline.

L'affaissement du marché pétrolier a affaibli l'Alberta et sa position dominante dans la fédération canadienne.

Les provinces croient être en mesure d'enfoncer un virage vert dans la gorge du gouvernement fédéral. «Ottawa ne peut s'aliéner 10 provinces qui incarnent la volonté de l'ensemble des Canadiens», dit-on à Québec.

Peut-être, mais plusieurs y verront tout simplement de l'esbroufe interprovinciale. Dans le dossier constitutionnel, des alliés provinciaux ont lâché le Québec comme le rappelle le douloureux échec de l'accord du lac Meech, il y a tout juste 25 ans.

Toutefois, les provinces font front commun et celui qui occupera le siège de premier ministre du Canada le 20 octobre devrait tenir compte de cette nouvelle dynamique.

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