Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le potatogate

Dans ces conditions, pas surprenant que le marché noir de l'hygiène personnelle soit florissant dans nos centres d'hébergement.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Parfois, j'ai honte de ce qui se passe au Québec.

Prenez le cas des patates pilées que l'on va enlever des menus de douze CHSLD et deux hôpitaux pour les remplacer par des patates déshydratées ou en flocons. Que des directions de centres d'hébergement y aient pensé pour faire des économies, passe encore (bien que j'aimerais qu'on nous explique la hauteur de ces économies). Mais que des ministres défendent des compressions aussi bêtes, cela me renverse.

Des responsables de CHSLD se moquent de nous quand ils justifient leur décision par des risques d'étouffement avec des patates traditionnelles.

Je me serai attendu à ce que nos élus défendent nos vieux et leur alimentation, exigent qu'on leur explique pourquoi, qu'on démontre les avantages de troquer un légume nature pour un légume industrialisé, qu'on compare les valeurs nutritives, qu'on cherche à savoir si le problème c'est le temps consacré à éplucher ce tubercule, qu'on soit du côté des clients somme toute.

Non. Nos ministres ont avalé la purée de la machine administrative sans mot dire. Francine Charbonneau, ministre responsable des Aînés, a démontré une fois de plus son absence de jugement politique en faisant un parallèle avec les choix que doivent faire les familles face à leur budget de bouffe. Les pommes de terre sont un produit local ( produits locaux ça vous dit quelque chose), peu coûteux, nutritif et qui fait partie de l'alimentation de nos personnes âgées depuis toujours.

Tour récemment, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, défendait la «norme» du bain par semaine appliqué dans les CHSLD et expliquait les vertus de l'hygiène à la débarbouillette. Tout va bien au pays de la norme bureaucratique si on se bouche le nez.

Dans ces conditions, pas surprenant que le marché noir de l'hygiène personnelle soit florissant dans nos centres d'hébergement.

Il faut avoir fréquenté ces centres, privés ou publics, pour constater à quel point les familles doivent s'investir pour éviter à leurs proches, vexations et petites humiliations. Il y a une question de personnel, mais aussi une question de budget.

On apprenait en fin de semaine que, malgré l'atteinte du déficit zéro, la Santé devra retrancher 242 millions de dollars au cours des prochains mois. Le premier ministre Philippe Couillard nous assurait, en janvier dernier, que le Québec allait retrouver des «eaux plus tranquilles», une fois ce cap franchi.

Des voix se font entendre de plus en plus pour demander au gouvernement de mettre moins d'argent dans le Fonds des générations qui fait baisser la dette et donner un peu d'oxygène en Santé et Éducation. En 2016, le Québec verse 2 milliards de dollars dans ce Fonds et versera 3,8 autres milliards d'ici quatre ans.

La cote de crédit a pris du mieux, bravo il fallait le faire, mais l'épisode du «potatogate» donne à penser qu'il faut réduire la cadence des remboursements sur la dette et investir dans les besoins primaires.

On pourrait aussi couper les primes des employés de Loto-Québec (15 millions de dollars) ou de la SAQ (9 millions de dollars) assis sur leurs monopoles, couper dans les voyages des députés à l'étranger... pour payer les patates pilées mais corrigez-moi si je me trompe, mais ça avait été promis.

Alors, j'ai un peu honte lorsqu'on abuse de nos vieux. Avant de mourir dans la dignité peut-on vieillir dans la dignité?

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Mai 2017

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.