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Le témoignage de Michel Lalonde devant la Commission Charbonneau ébranle sérieusement certaines illusions qui bercent le Québec depuis des décennies. Les révélations du PDG de Géniu conseil sont aussi retentissantes que celle de Lino Zambito. La collusion et la corruption se sont installées chez les entrepreneurs, mais aussi chez les firmes d'ingénieurs qui faisaient affaire avec la ville de Montréal et, sans doute, d'autres municipalités. Nous avons été bien naïfs, bien longtemps.
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Le témoignage de Michel Lalonde devant la Commission Charbonneau ébranle sérieusement certaines illusions qui bercent le Québec depuis des décennies.

Les révélations du PDG de Génius, firme de génie-conseil, sont aussi retentissantes que celle de Lino Zambito au tout début de cette enquête publique. La collusion et la corruption se sont installées chez les entrepreneurs, mais aussi chez les firmes d'ingénieurs qui faisaient affaire avec la ville de Montréal et, sans doute, d'autres municipalités.

Ces firmes de génie-conseil se partageaient le gâteau en prélevant, au passage, un 3% qui servait à financer «la politique». Selon Lalonde, un simple organisateur, Bernard Trépanier, était assez puissant et connecté pour faire fonctionner le système, même après son départ officieux d'Union Montréal.

C'est l'arrivée de l'opération Marteau, en 2009, qui a changé la donne.

C'est donc le début de la fin pour certaines idées largement répandues:

  • la loi sur le financement des partis politiques du gouvernement Lévesque (1977) a mis fin aux caisses occultes et consacré le financement populaire. Le «cash» circulait toujours allègrement dans des enveloppes brunes et des valises.
  • le système d'appel d'offres qui attribue les contrats publics au plus bas soumissionnaire éliminé les magouilles. Autre illusion. Les bureaux d'ingénieurs contournaient la loi, non pas en s'entendant sur un prix, comme les entrepreneurs, mais en se distribuant les contrats à tour de rôle dans un réseau fermé. On arrosait, dit-il, l'ingénieur Robert Marcil de la Ville de Montréal qui s'occupait des comités qui évaluent les soumissions. À une occasion, Lalonde aurait versé 2 000$ à Marcil, au bénéfice d'un membre d'un comité.
  • la fonction publique nous protège des malhonnêtes. Déjà les Surprenant et Leclerc avaient mis à mal un discours entretenu par les organisations syndicales. La parade des fonctionnaires ripoux n'est peut-être pas terminée.
  • le Directeur général des élections (DGE) veille au grain et nous protège de toutes les combines. Malgré quelques poursuites intentées par le DGE, le système des prête-noms a fleuri et la loi électorale piétinée.

Plusieurs plaident par ailleurs pour que le financement des partis politiques soit entièrement public.

À Montréal, cela existe déjà en bonne partie puisque, toujours selon le boss de Génius, on intégrait aux affaires un coussin de 25% pour payer les activités des partis. Le contribuable était donc prélevé à la source et plumé, bien malgré lui.

On peut toujours se consoler en se disant que la gangrène était limitée au monde municipal ou à la Ville de Montréal, mais la Commission Charbonneau n'a pas touché, encore, au ministère des Transports et aux partis politiques provinciaux.

Après la bavure Martin Dumont, la Commission se retrouve en terrain plus solide et démontre que nous avons été bien naïfs, bien longtemps.

Tony Accurso

La commission Charbonneau en bref

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