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Jean-Paul L'Allier, c'est le maire qui a imposé sa vision et fait de la Ville de Québec ce qu'elle est aujourd'hui.
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Jean-Paul L'Allier, c'est le maire qui a imposé sa vision et fait de la Ville de Québec ce qu'elle est aujourd'hui.

Pendant ses 16 ans au pouvoir au municipal, il a traversé des années tumultueuses marquées par des succès (les fusions municipales) et des échecs cuisants (le départ des Nordiques, la candidature pour les Jeux olympiques de 2002).

Originaire de la région de Montréal, L'Allier a débuté sa carrière publique au provincial et a été ministre des Communications et de la Fonction publique dans un gouvernement Bourassa. Il était ministre quand les chefs des grandes centrales syndicales (CSN-CEQ-FTQ) ont été emprisonnées en 1972! Identifié au courant nationaliste du PLQ, il a voté OUI en 1980.

C'est le Rassemblement populaire de Québec qui le ramène à la politique en lui offrant de le diriger aux élections de 1989 contre le maire Jean Pelletier. Le «Raspop», issu des comités de citoyens, est gauchisant et le mariage entre les deux est étonnant.

Jean-Paul L'Allier m'a confié en entrevue, il y a trois ans, qu'il était choqué de constater que le Raspop se serait contenté de l'opposition à l'Hôtel de Ville, au point où il les a menacés de se présenter comme indépendant. Il en fera un parti de pouvoir qui sera élu en 1989, 1993, 1997, 2001.

L'Allier a pris ses proches par surprise en 2001 en sollicitant un quatrième mandat. Sa grande rivale, Andrée P. Boucher, mairesse de Sainte-Foy, a annoncé en effet qu'elle voulait se présenter aux élections pour défaire les fusions. «Elle me trouvera sur son chemin», de lancer L'Allier qui remonte en selle.

Le règne du maire L'Allier est marqué par la revitalisation du quartier central, Saint-Roch, la renaturalisation des berges de la rivière Saint-Charles, des investissements dans des partis et des lieux publics.

Durant ces 16 années, Québec investit dans sa beauté.

Saint-Roch est le symbole du dépérissement des quartiers centraux et L'Allier décide d'y créer un parc à grands frais. Au Soleil, à l'époque, on avait écrit un éditorial virulent intitulé «Plywood city» pour illustrer à quel point le quartier était placardé. Graduellement, le quartier reprendra vie et va attirer des entreprises de la nouvelle économie.

L'administration L'Allier consacre des sommes importantes à la culture (Palais Montcalm notamment), trop selon l'opposition. «Une ville ça ne sert pas juste à faire des trottoirs», se justifiait-il en entrevue, «la culture est un élément fondamental dans une ville».

Homme cultivé, à la parole facile, friand des voyages à l'étranger, L'Allier est caricaturé comme un élitiste dont l"administration est portée sur les dépenses somptuaires.

L'épisode du déménagement des Nordiques va accentuer cette impression. Il est vrai qu"il s'est peu battu pour garder le club de la LNH, pas plus que le gouvernement Parizeau d'ailleurs. Avec du recul, on peut se dire que c'était une cause perdue à l'époque.

«Aux yeux de l'opinion publique, j'ai porté la casquette du gars de la culture qui a chassé les Nordiques», confiera-t-il, avec une pointe d'amertume, en 2013.

Auparavant, il s'est fait le promoteur de la candidature de Québec pour les JO d'hiver de 2002. L'échec humiliant de Québec le persuade de la nécessité d'unifier la région. Il convainc le premier ministre Lucien Bouchard de forcer les fusions municipales. Ce sera un rude combat sur la place publique.

À Québec, la nouvelle Ville est un succès. Québec est passée d'une ville de 185 000 habitants à une cité d'un demi-million de personnes et a mis la main sur des richesses foncières. Surtout, elle parle dorénavant d'une seule voix.

On peut reprocher au duo L'Allier-Louise Harel (la ministre) d'avoir beaucoup donné aux syndicats et d'avoir échoué à faire baisser le compte de taxes mais la Capitale est solide.

En entrevue, l'ex-maire de Québec aura des mots durs à l'endroit de ce qui s'est fait à Montréal avec les défusions. «Montréal c'est comme un homme battu à la sortie d'un bar...la création d'arrondissements avec des maires a laissé Montréal en morceaux....il faudra scrapper ce qui ne marche pas».

De sa vie politique, Jean-Paul L'Allier conclura que le fédéral permet «d'être en contrôle de grands projets» alors qu'au provincial, «tout est enchevêtré et au conseil des ministres chacun défend sa tourtière».

Jean-Paul L'Allier s'inscrit dans une lignée de maires de Québec qui ont du panache; Gilles Lamontagne, Jean Pelletier, Andrée P. Boucher (brièvement), Régis Labeaume.

Saluons le départ d'un visionnaire obstiné.

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