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Dans son message inaugural en 2003, le premier ministre Charest avait annoncé qu'il prenait sous son aile le dossier Jeunesse. «Je tiens par ailleurs à dire aux jeunes Québécois que les dossiers jeunesse sont sur le bureau du premier ministre. J'en fais une préoccupation personnelle. Les jeunes ont une conscience des enjeux et des considérations universelles....On a besoin de leurs idéaux», disait-il en juin 2003.
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CP

Peu importe l'issue du conflit étudiant, la crise qu'elle a engendrée a mis à genoux le premier ministre Jean Charest et son gouvernement qui n'a jamais paru si désorienté et impuissant.

Quand les appels au calme se perdent dans la nature, que les étudiants refusent de reprendre leurs cours, que Montréal est synonyme de paralysie, que les directions d'écoles hésitent à ouvrir les portes de leurs établissements, que les injonctions sont défiées, qu'une loi spéciale est tournée en ridicule par une partie de la population qui embrasse la désobéissance civile, que les policiers appliquent cette loi mal foutue à reculons et qu'on a perdu chemin faisant la ministre de l'Éducation, c'est qu'il y a quelque chose de cassé entre le pouvoir et les citoyens.

Dans ce conflit le gouvernement n'a pas tous les torts et on doit reconnaître qu'il a bougé sur le prétexte de départ : la hausse des frais de scolarité. L'intransigeance des associations étudiantes a laissé peu de place à la négociation. Mais, il a très mal lu la grogne ambiante et a été incapable d'imposer son autorité morale depuis 3 mois. Son déficit de crédibilité est abyssal après 9 ans aux affaires de l'État. Pas étonnant dans ce contexte que le premier ministre change son chef de cabinet et appelle à la rescousse son ancien conseiller, Dan Gagnier.

Nous faisons face, par ailleurs, à un conseil des ministres faible qui peut difficilement tenir tête au PM. Au fil des ans, Monique Jérome-Forget, Philippe Couillard, Jacques Dupuis, Nathalie Normandeau, et ...Line Beauchamp, des ministres avec du poids ( non Tomassi ne fait pas partie de cette liste), ont tourné le dos à la politique et laissé un grand vide.

Le sentiment d'impuissance rappelle la crise d'Oka en 1990: de la désobéissance civile, des acteurs incontrôlables. Le premier ministre Robert Bourassa avait été contraint de faire appel à l'armée canadienne et de signer une entente avec des...individus masqués. La population était, toutefois, moins divisée sur le sujet qu'aujourd'hui.

Dans son message inaugural en 2003, le premier ministre Charest avait annoncé qu'il prenait sous son aile le dossier Jeunesse. «Je tiens par ailleurs à dire aux jeunes Québécois que les dossiers jeunesse sont sur le bureau du premier ministre. J'en fais une préoccupation personnelle. Les jeunes ont une conscience des enjeux et des considérations universelles....On a besoin de leurs idéaux», disait-il en juin 2003.

Avec de telles paroles, on aurait cru qu'il se précipiterait à la table pour négocier avec les étudiants.

La crise actuelle laissera de profondes cicatrices. Tous ceux qui connaissent bien Jean Charest assuraient, il y a quelques semaines, qu'il serait de la prochaine bataille électorale, peu importe la saison. J'en suis moins sûr dorénavant. Il devra décider au cours de l'été s'il est toujours l'homme de la situation et, surtout, en convaincre la population du Québec.

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